François Bayrou interpellé pour sauver la papeterie Chapelle-Darblay
L'avenir de la papeterie normande de Chapelle-Darblay est plus que jamais suspendu à un fil. Alors que l'entreprise Fibre Excellence porte un ambitieux projet de relance du site pour produire 425 000 tonnes de papiers pour ondulés à partir de papiers et cartons recyclés, le montage financier reste encore à boucler. Et le temps presse, car sans engagement ferme de l'État pour un soutien de 27 millions d'euros d'ici au 20 décembre, c'est tout le projet qui pourrait capoter.
Une mobilisation de tous les instants pour faire plier l'État
Face à cet enjeu crucial pour l'emploi et le tissu industriel local, une large coalition se mobilise pour mettre la pression sur le gouvernement. Dans un courrier commun adressé le 17 décembre au nouveau Premier ministre François Bayrou, les maires de Rouen et de Grand-Couronne, Nicolas Mayer-Rossignol et Julie Lesage, ainsi que la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet tirent la sonnette d'alarme :
Sans signal positif de l'État d'ici au 20 décembre, le président de Fibre Excellence renoncera à ce projet de réindustrialisation. L'ensemble des forces politiques et syndicales déjà mobilisées se tiennent à votre disposition pour échanger dans les jours qui viennent sur ce dossier. Nous devons faire au plus vite !
Un message on ne peut plus clair, pour un projet qui représenterait la création de 185 emplois directs. Les élus et syndicalistes rappellent par ailleurs que le montant du soutien public nécessaire a été revu à la baisse, de 43 à 27 millions d'euros, grâce à un montage astucieux de séparation des actifs « énergie » et « papetiers » du site.
Un projet au cœur des enjeux de souveraineté et d'économie circulaire
Au-delà de son impact en termes d'emplois, le projet de relance de Chapelle-Darblay revêt aussi une dimension stratégique. En produisant du papier d'emballage 100% recyclé grâce à un partenariat avec Veolia pour l'approvisionnement en vieux papiers, il s'inscrit pleinement dans les objectifs de développement de l'économie circulaire. Un enjeu d'autant plus crucial que la France est très déficitaire dans le secteur et doit importer massivement ce type de produits.
Une décision politique attendue dans un contexte industriel difficile
Malgré les atouts et la pertinence du projet, son sort est aujourd'hui entre les mains du gouvernement. Les récents remaniements et l'arrivée d'un nouveau Premier ministre viennent compliquer la donne, avec une décision qui se fait attendre. Pourtant, les porteurs du projet comme les élus locaux espèrent que François Bayrou saura prendre la mesure des enjeux et confirmer rapidement l'engagement de l'État.
Alors que les plans de licenciements se multiplient et que notre industrie est à la peine, nous avons besoin de bonnes nouvelles pour montrer que la désindustrialisation n'est pas une fatalité.
- Les signataires du courrier à François Bayrou
D'autant que le projet de Chapelle-Darblay n'est pas un cas isolé. Partout en France, des projets de relance ou de reconversion industrielle sont dans les tuyaux, mais ont besoin d'un accompagnement des pouvoirs publics pour voir le jour. Le gouvernement se dit à l'écoute et conscient des enjeux, à l'image du cabinet du ministre de l'Industrie qui se veut rassurant en évoquant une "issue positive". Mais il faudra plus que des paroles pour concrétiser ces ambitions et regagner la confiance des industriels et des territoires.
Les prochains jours décisifs
La mobilisation ne faiblit pas pour sauver l'usine Chapelle-Darblay et son projet 100% circulaire. Après les courriers aux ministres et à Matignon, c'est désormais au sein de l'État que les discussions se poursuivent, avec une réunion de travail au ministère de l'Industrie ce 17 décembre. L'objectif est clair : si un accord rapide sur le financement semble difficile au vu du contexte politique instable, il faut a minima obtenir un report des échéances pour laisser une chance au projet. Les jours qui viennent seront décisifs.
Car au-delà du sort de Chapelle-Darblay, c'est bien un signal qui est attendu par tous les acteurs engagés dans la réindustrialisation verte et solidaire du pays. Les intentions ont été maintes fois exprimées au plus haut niveau de l'État, place désormais aux actes. Et le temps presse, car pour sauver et développer notre industrie, c'est maintenant qu'il faut se mobiliser. Le dossier de la papeterie normande est emblématique de ces enjeux, espérons que le gouvernement saura prendre ses responsabilités. L'emploi, l'écologie et la souveraineté économique en dépendent.