Future Summit 2025 à Calgary
Imaginez une salle fermée au cœur de Calgary, sans téléphone, sans script préalable. Des dirigeants de NVIDIA discutent à bâtons rompus avec le premier ministre de l'Alberta. À quelques mètres, un fondateur de startup partage son café avec le patron d'AWS Canada. Ce n'est pas une fiction : c'est le Future Summit 2025, qui se tiendra du 18 au 20 novembre prochain.
Un sommet pensé pour les décisions, pas pour les selfies
Dans un écosystème tech canadien souvent critiqué pour son manque de coordination entre géants mondiaux, gouvernements et entrepreneurs locaux, le Future Summit 2025 propose une approche radicale : la rareté. Seulement quelques centaines de participants triés sur le volet. Pas de pré-briefing pour les panels. La plupart des sessions en off the record. L'objectif ? Créer les conditions d'une conversation authentique qui débouche sur des actions concrètes.
Josh Rainbow, fondateur de l'événement, l'explique sans détour. Il a conçu ce sommet comme un antidote aux grandes messes technologiques où l'on recycle les mêmes discours marketing.
La vraie histoire du secteur tech canadien commence quand les décideurs descendent de scène et entrent dans des pièces conçues pour un dialogue réel.
– Josh Rainbow, fondateur du Future Summit
18 novembre : la soirée qui lance les hostilités
Le coup d'envoi sera donné lors d'une réception VIP ultra-sélective. Une quarantaine de leaders de l'IA et de l'énergie se retrouveront autour d'un dîner confidentiel. Quatre tables thématiques : énergie, intelligence artificielle, infrastructures numériques, et avenir économique de l'Alberta.
Parmi les convives confirmés : des investisseurs globaux, des responsables gouvernementaux de haut niveau, et des opérateurs d'infrastructures nationales. Le tout dans un lieu tenu secret jusqu'au dernier moment, au centre-ville de Calgary.
Cette soirée pose les bases d'une dynamique particulière : ici, on ne vient pas pour network sur LinkedIn, mais pour construire des partenariats qui changeront la donne pour le Canada tech.
19 novembre : quand les data centers deviennent stratégiques
Le lendemain, le Data Centre Round Table réunira les opérateurs majeurs du cloud, de l'IA et de l'énergie. L'enjeu ? Repenser la pile computationnelle canadienne dans un contexte où la demande en calcul explose avec l'IA générative.
Pas de téléphone autorisé. Pas de compte-rendu public. Juste des échanges brut entre ceux qui construisent les infrastructures et ceux qui les utilisent. Une rareté dans un secteur où la transparence est souvent de façade.
Eric Gales, directeur général d'AWS Canada, sera présent. Il échangera avec des représentants de NVIDIA, OpenAI, Google et Microsoft. L'objectif affiché : identifier les blocages structurels qui freinent le développement de l'IA souveraine au Canada.
Quand vous mettez dans une même pièce les gens qui écrivent les politiques, signent les chèques et construisent les entreprises, les conversations se transforment naturellement en résultats.
– Josh Rainbow
Le dîner des fondateurs et investisseurs : 50 places, zéro bullshit
Le même soir, le Founders and Funders Dinner réunira 50 fondateurs de startups post-revenue avec des investisseurs de premier plan. Le lieu ? Une salle cachée en plein centre de Calgary. Les sponsors ? AWS, 1Password, Couchbase, PREDICTif Solutions, Boast, Legal Sneakers et Impact Applications.
Ici, pas de pitch deck. Pas de timer. Juste des conversations entre pairs qui ont déjà prouvé leur capacité à scaler. Kevin Kliman, qui vient de mener Humi à une acquisition par Employment Hero, sera de la partie. Tout comme Olivier Blais, cofondateur de Moov.AI et membre du groupe de travail national sur l'IA.
Ces échanges informels ont déjà porté leurs fruits lors de l'édition pilote l'an dernier. Plusieurs partenariats stratégiques y sont nés, loin des projecteurs.
Construire la prochaine licorne : conseils de ceux qui l'ont fait
Au BMO Centre, une session feu de camp intitulée "Building the Next Unicorn" connectera directement 20 fondateurs avec des opérateurs expérimentés. Kelly Schmitt, CEO de Headversity, et Darcy Tuer, CEO de Zayzoon, partageront leur expérience du passage à l'échelle.
Pas de théorie. Juste des retours d'expérience concrets sur les pièges à éviter quand on passe de 10 à 100 millions de revenus annuels. Une masterclass informelle pour les entrepreneurs les plus ambitieux du Canada.
La politique au cœur de l'innovation
Le Future Summit ne serait pas complet sans une forte présence gouvernementale. La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, soutiendra l'événement. Nate Glubish, ministre de la Technologie et de l'Innovation, et Sean Murphy, premier directeur de l'IA de la province, participeront activement aux discussions.
Au niveau fédéral, le ministre de l'IA Evan Solomon a déjà manifesté son appui. Arvind Gupta, professeur à l'Université de Toronto et membre du groupe de travail national sur l'IA, apportera une perspective académique et politique.
Cette convergence entre politique et industrie est cruciale. L'Alberta mise gros sur l'IA et les infrastructures numériques pour diversifier son économie au-delà du pétrole. Le Future Summit devient ainsi un laboratoire d'idées pour aligner politiques publiques et besoins des entreprises.
L'énergie : le parent pauvre devenu stratégique
Si l'IA domine les conversations tech, l'énergie reste le talon d'Achille du secteur. Les data centers gourmands en électricité posent des défis majeurs aux réseaux électriques. L'Alberta, avec son mix énergétique unique, se positionne comme un acteur clé.
Jim Kinnear de Kinnear Financial et Ian MacGregor de North West Digital Power, deux légendes du secteur énergétique canadien, participeront aux discussions. Leur présence illustre la convergence croissante entre tech et énergie.
Comment alimenter les data centers de demain ? Quelles synergies entre gaz naturel, renouvelables et calcul intensif ? Ces questions stratégiques seront au cœur des échanges off-the-record.
Future Builders : la relève déjà dans la place
Contrairement à la plupart des conférences tech réservées aux seniors, le Future Summit intègre la prochaine génération via son programme Future Builders. En partenariat avec The Knowledge Society, Big Brothers Big Sisters et les institutions post-secondaires de Calgary, une poignée d'étudiants exceptionnels participeront aux mêmes discussions que les décideurs.
Shaliza Samir Khoja, étudiante-chercheuse à l'intersection de la neuroscience, de l'IA et de la biotechnologie, incarne cette nouvelle vague. Elle voit dans le sommet une opportunité unique.
Pour moi, le Future Summit est la prochaine étape de mon parcours pour reconstruire des systèmes qui protègent le potentiel humain, amplifient l'innovation et transforment les idées en solutions qui comptent.
– Shaliza Samir Khoja, Future Builder
Cette initiative vise à créer des ponts intergénérationnels. Les étudiants repartent avec un réseau exceptionnel. Les décideurs, eux, découvrent les talents qui façonneront le Canada tech de demain.
Pourquoi Calgary ? La nouvelle frontière tech du Canada
Longtemps éclipsée par Toronto, Montréal et Vancouver, Calgary émerge comme un hub tech inattendu. Coûts d'énergie compétitifs. Accès à des talents en ingénierie. Proximité avec les géants de l'énergie. La ville a tous les atouts pour devenir le Silicon Valley de l'IA énergétique.
Le Future Summit capitalise sur cette dynamique. En choisissant Calgary, Josh Rainbow envoie un message clair : l'innovation canadienne ne se limite pas aux grands centres traditionnels.
Les infrastructures numériques de l'Alberta attirent déjà l'attention des hyperscalers. AWS a récemment annoncé des investissements majeurs dans la région. Microsoft et Google suivent de près. Le sommet arrive au moment parfait pour accélérer cette tendance.
Ce qui différencie vraiment le Future Summit
Beaucoup d'événements tech promettent des "conversations authentiques". Peu tiennent leurs promesses. Le Future Summit se distingue par plusieurs choix radicaux :
- Taille limitée : quelques centaines de participants maximum, contre des milliers pour les grandes conférences.
- Off the record : la majorité des sessions ne donnent lieu à aucun compte-rendu public.
- Pas de pré-briefing : les intervenants découvrent les questions en même temps que le public.
- Curation extrême : chaque participant est sélectionné pour sa capacité à contribuer concrètement.
- Mix unique : géants tech, gouvernements, startups, énergie, academia dans une même pièce.
Cette recette a fait ses preuves lors de l'édition pilote l'an dernier. Wish Bakshi, fondatrice de Quant AiQ, y retourne cette année avec enthousiasme.
Les enjeux stratégiques pour le Canada tech
Au-delà des networking et des discussions, le Future Summit aborde des questions cruciales pour l'avenir du Canada dans la course mondiale à l'IA :
Souveraineté numérique : comment développer des infrastructures de calcul indépendantes des géants américains ?
Transition énergétique : comment concilier explosion de la demande électrique avec objectifs climatiques ?
Talents : comment retenir les meilleurs ingénieurs face à la concurrence de la Silicon Valley ?
Régulation : comment créer un cadre qui stimule l'innovation sans compromettre la sécurité ?
Ces débats ne resteront pas théoriques. Les participants s'engagent à transformer les idées en projets concrets dans les mois suivant le sommet.
Comment participer ?
Les places sont limitées et la sélection rigoureuse. Les organisateurs privilégient les décideurs capables d'impacter concrètement l'écosystème. Si vous pensez correspondre au profil, la candidature se fait directement sur le site du Future Summit.
Pour les étudiants, le programme Future Builders offre une opportunité exceptionnelle. Les partenariats avec les institutions académiques de Calgary facilitent l'accès aux profils les plus prometteurs.
Une chose est sûre : ceux qui seront présents du 18 au 20 novembre 2025 à Calgary repartiront avec bien plus que des cartes de visite. Ils feront partie d'un réseau restreint mais puissant, en train de redessiner l'avenir tech du Canada.
Vers un modèle reproductible ?
Le succès du format "petit comité, grandes ambitions" pourrait inspirer d'autres régions. Josh Rainbow n'exclut pas d'exporter le concept dans d'autres provinces. Mais pour l'instant, Calgary reste le laboratoire privilégié de cette nouvelle approche des conférences tech.
Dans un monde où l'attention est la ressource la plus rare, le Future Summit fait le pari inverse : moins de participants, plus d'impact. Un pari risqué, mais qui semble déjà payer.
Le Canada tech a besoin de moments comme celui-ci. Des moments où l'on passe des discours aux décisions. Des moments où l'on construit l'avenir ensemble, loin des caméras. Le Future Summit 2025 pourrait bien être le catalyseur dont l'écosystème avait besoin.