GM Arrête Cruise, Son Programme de Robotaxis
Imaginez : vous travaillez d'arrache-pied depuis des années sur une technologie révolutionnaire. Votre but ? Changer la face des transports urbains avec des taxis 100% autonomes. Et puis un jour, brutalement, votre maison-mère décide de tout arrêter. C'est le choc qu'ont vécu cette semaine les employés de Cruise, la pépite des véhicules autonomes rachetée en 2016 par le géant automobile General Motors (GM).
Mardi après-midi, un message Slack du PDG Marc Whitten a fait l'effet d'une bombe. Accompagné d'un communiqué de presse au titre évocateur - "GM va recentrer le développement de la conduite autonome sur les véhicules personnels" - il annonçait la fin pure et simple du financement de Cruise par GM. En quelques phrases, c'était l'arrêt de mort d'une mission sur laquelle planchaient des centaines d'ingénieurs depuis des années : développer un service de robotaxis fiable et rentable.
Des employés "surpris" et "pris de court"
Lors d'une réunion générale quelques minutes plus tard, les salariés en ont appris un peu plus, sans que cela ne dissipe leur désarroi. Cruise allait être absorbée par GM et fusionner avec les équipes travaillant sur les aides à la conduite et le véhicule autonome personnel. Mais pour les employés, une question brûlante restait en suspens : auraient-ils toujours un travail demain ?
Selon des témoignages internes recueillis par TechCrunch, la pilule a du mal à passer. "Surpris", "pris de court", les qualificatifs ne manquent pas pour décrire l'état d'esprit des troupes. "On a appris la nouvelle en même temps que les médias", déplore une source. Un coup d'autant plus dur que Cruise suivait une feuille de route pour lancer son service à Houston dès 2025.
Cruise, un parcours semé d'embûches
Pourtant, les signaux avant-coureurs étaient là. Malgré le soutien initial de GM, qui voyait Cruise générer 50 milliards de dollars de revenus d'ici 2030 grâce à des dizaines de milliers de robotaxis, la startup a enchaîné les déconvenues. Retards sur son calendrier de lancement, incident grave à San Francisco en octobre 2023, perte de ses précieux permis, démission de son charismatique cofondateur Kyle Vogt… Les nuages s'amoncelaient.
GM avait bien tenté de remettre Cruise sur les rails, avec une rallonge de 850 millions de dollars en juin pour relancer les tests à Phoenix, Dallas et Houston. Un partenariat avait même été signé avec Uber pour mettre les robotaxis sur la plateforme en 2025. Mais en coulisses, GM commençait à douter. Un premier signe : l'abandon en juin 2024 de l'Origin, ce robotaxi sur-mesure sans volant ni pédales dévoilé en grande pompe début 2020.
Quel avenir pour la technologie autonome de Cruise ?
Si la stupeur domine chez Cruise, l'inquiétude pointe aussi. Car au-delà des probables suppressions de postes, notamment dans les fonctions support, c'est le devenir de toute la technologie autonome de Cruise qui est en question. GM assure qu'elle "va perdurer" en étant réorientée vers les véhicules particuliers. Mais dans quelle mesure ? Avec quelles équipes et quels moyens ? Le flou demeure.
Une chose est sûre : en mettant fin à Cruise, GM tourne une page majeure de sa stratégie de mobilité autonome. Et envoie un signal fort sur les défis immenses qui restent à relever avant de voir des robotaxis sillonner nos villes en masse. La route est encore longue… si elle n'arrive pas à un cul-de-sac.