
Google et Meta visés par une enquête européenne
Les géants de la tech Google et Meta (maison-mère de Facebook) sont une nouvelle fois dans le collimateur des autorités européennes. Selon des révélations du Financial Times, la Commission européenne a lancé une enquête sur un partenariat publicitaire entre les deux mastodontes américains. L'objet du délit ? Avoir permis le ciblage publicitaire d'utilisateurs mineurs, une pratique pourtant strictement encadrée et soumise à interdiction dans l'UE.
Un "programme pilote" entre YouTube et Instagram épinglé
D'après les informations obtenues par le quotidien économique britannique, Google et Meta se seraient entendus pour mener des campagnes publicitaires visant à promouvoir Instagram, propriété de Meta, auprès des adolescents sur YouTube, la plateforme vidéo de Google. Ce partenariat aurait notamment donné lieu à un "programme pilote" au Canada en début d'année.
Le dispositif exploitait une faille dans le ciblage publicitaire de YouTube, qui dispose d'une catégorie d'audience étiquetée comme "inconnue" mais composée en réalité principalement d'utilisateurs âgés de 13 à 17 ans. Un test a ensuite été conduit aux États-Unis avec l'ambition de l'étendre à d'autres marchés au vu de résultats jugés concluants par les deux parties.
Bruxelles réclame des comptes à Google
Ce partenariat pour le moins opaque et éthiquement douteux n'a pas échappé à l'œil attentif de la Commission européenne. Selon le Financial Times, celle-ci a demandé à Google de lui fournir de nombreux documents internes relatifs à cet accord : emails, compte-rendus de réunions, présentations... De quoi reconstituer la genèse et les modalités exactes de cette collaboration.
Les services de Bruxelles étudient actuellement ces pièces pour déterminer les suites à donner. La prochaine étape pourrait être le lancement d'une procédure formelle à l'encontre de Google et Meta si des manquements au droit européen étaient avérés.
Le ciblage publicitaire des mineurs dans le viseur
Car au-delà du cas d'espèce, c'est bien la question épineuse du ciblage publicitaire des mineurs en ligne qui est posée. Une pratique qui soulève de vives inquiétudes chez les défenseurs des droits numériques et de la protection de l'enfance, qui y voient une forme d'exploitation des plus jeunes à des fins commerciales.
Face aux critiques, les géants du web assurent prendre des mesures, à l'instar de Google qui interdit en théorie le ciblage publicitaire des moins de 18 ans dans ses conditions d'utilisation. Mais force est de constater que les contrôles restent insuffisants et les abus récurrents. D'où la nécessité d'un meilleur encadrement réglementaire.
L'Europe durcit sa législation
C'est tout l'enjeu du Digital Services Act (DSA), le nouveau règlement européen sur les services numériques entré en vigueur l'an dernier. Parmi les nombreuses dispositions de ce texte ambitieux, figure justement l'interdiction pure et simple du ciblage publicitaire des mineurs. Une mesure forte pour mieux protéger les plus vulnérables.
Reste à s'assurer de sa bonne application par les acteurs concernés. D'où l'importance de l'enquête ouverte par la Commission européenne, qui doit permettre de faire la lumière sur les pratiques réelles des géants de la tech en la matière. Et le cas échéant, de sanctionner les manquements constatés.
Avec le DSA, nous disposons désormais d'outils puissants pour responsabiliser les grandes plateformes et faire respecter nos valeurs et nos droits dans l'espace numérique.
Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur
Un enjeu crucial pour bâtir un environnement numérique plus sûr et éthique, en particulier pour les plus jeunes. Car au-delà des mots, c'est bien un changement de culture et de pratiques qui est attendu de la part des géants du web. Sous le regard attentif des régulateurs européens, bien décidés à ne rien laisser passer.