
Google Parie sur la Fusion Nucléaire avec CFS
Et si l’énergie des étoiles devenait accessible sur Terre ? La fusion nucléaire, ce rêve scientifique qui alimente le soleil, attire désormais les géants de la technologie. Google, pionnier de l’innovation, vient de franchir un pas audacieux en signant un contrat avec la start-up Commonwealth Fusion Systems (CFS). Cette collaboration pourrait redéfinir notre avenir énergétique avec une source d’énergie propre, quasi-illimitée et respectueuse de l’environnement. Mais quelles sont les promesses et les défis de cette technologie révolutionnaire ?
La Fusion Nucléaire : Une Révolution en Marche
La fusion nucléaire, contrairement à la fission utilisée dans les centrales actuelles, repose sur l’assemblage de noyaux atomiques légers pour libérer une énergie colossale. Ce processus, qui anime les étoiles, promet une énergie décarbonée, avec un impact environnemental minimal et sans production de déchets radioactifs à longue durée de vie. Pourtant, malgré des décennies de recherche, aucun réacteur n’a encore atteint le seuil de rentabilité énergétique, où l’énergie produite dépasse celle consommée.
C’est dans ce contexte que Google, connu pour ses investissements visionnaires, s’associe à CFS, une start-up née au sein du prestigieux MIT. Leur objectif ? Construire un réacteur à fusion capable de produire 400 MW dès le début des années 2030, avec une première livraison de 200 MW à Google. Cette ambition marque un tournant pour une technologie encore perçue comme expérimentale.
Commonwealth Fusion Systems : Une Start-up Visionnaire
Fondée en 2018, Commonwealth Fusion Systems se distingue par son approche innovante du confinement magnétique. Cette méthode utilise des aimants supraconducteurs à haute température pour maintenir un plasma surchauffé, où la fusion peut se produire. CFS mise sur une architecture en forme de donut, appelée tokamak, similaire à celle du projet international Iter en France. Mais ce qui rend CFS unique, c’est sa capacité à miniaturiser et optimiser ces réacteurs grâce à des avancées dans les matériaux supraconducteurs.
« Nos aimants supraconducteurs à haute température sont la clé pour rendre la fusion nucléaire commercialement viable. »
– Bob Mumgaard, PDG de Commonwealth Fusion Systems
En 2021, CFS a levé 1,8 milliard d’euros, un tour de financement auquel Google a participé. Cette injection de capital a permis d’accélérer le développement de leur réacteur, prévu pour être opérationnel en Virginie dans moins d’une décennie. Google, en signant ce contrat d’achat d’électricité, sécurise non seulement une part de cette énergie future, mais pose également une option pour d’autres projets de CFS.
Pourquoi Google Mise sur la Fusion ?
La réponse réside dans les besoins énergétiques croissants des géants technologiques. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, les datacenters consomment des quantités astronomiques d’électricité. En 2023, les émissions de CO2 de Google ont atteint 14,3 millions de tonnes, une hausse de 48 % par rapport à 2019. Pour concilier innovation et transition écologique, la fusion nucléaire apparaît comme une solution idéale : propre, puissante et durable.
Mais Google ne se limite pas à la fusion. En mai 2025, l’entreprise a signé un accord avec Elementl pour développer trois projets nucléaires de 600 MW chacun. Elle s’est également associée à Kairos, une start-up spécialisée dans les petits réacteurs modulaires (SMR) à sels fondus. Cette diversification montre que Google explore toutes les facettes du nucléaire pour répondre à ses ambitions énergétiques.
Les Défis Techniques de la Fusion
Si la fusion nucléaire suscite l’enthousiasme, elle reste un défi technologique majeur. Aucun réacteur n’a encore atteint le seuil de viabilité commerciale, où l’énergie produite dépasse celle nécessaire pour faire fonctionner le système. Les sceptiques pointent du doigt les coûts élevés et les incertitudes scientifiques. Par exemple, maintenir un plasma à des températures de plusieurs millions de degrés nécessite des aimants d’une précision extrême.
CFS, avec son approche basée sur le tokamak, doit relever ces défis tout en concurrençant d’autres start-ups, comme Helion, qui a signé un contrat avec Microsoft en 2023. Helion opte pour une configuration à champ inversé, une approche différente qui promet une mise en service dès 2028. Cette diversité d’approches illustre la vitalité du secteur, mais aussi la complexité de trouver la solution optimale.
Une Course Mondiale à l’Énergie Propre
La fusion nucléaire n’est pas l’apanage des États-Unis. En France, le projet Iter progresse dans le Var, tandis que la start-up grenobloise Renaissance Fusion a levé 32 millions d’euros pour développer son propre réacteur. Thales, de son côté, s’est récemment lancé dans la course avec un projet de réacteur à fusion. Cette effervescence mondiale montre que la fusion pourrait devenir une réalité dans les décennies à venir.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici les principaux avantages de la fusion nucléaire :
- Énergie quasi-illimitée grâce à des combustibles abondants comme l’hydrogène.
- Impact environnemental réduit, sans émissions de CO2 ni déchets radioactifs à longue durée.
- Sécurité accrue, sans risque de fusion du cœur comme dans la fission.
Cependant, les obstacles restent nombreux :
- Coûts de développement élevés, nécessitant des investissements massifs.
- Complexité technologique pour maintenir des conditions extrêmes.
- Calendrier incertain pour une commercialisation à grande échelle.
Le Rôle des Géants Technologiques
Google n’est pas seul dans cette course. Amazon et Meta ont également annoncé des partenariats dans le nucléaire, qu’il s’agisse de fusion ou de technologies plus conventionnelles comme les SMR. Cette implication des big tech reflète une prise de conscience : l’innovation technologique, notamment l’IA, doit s’accompagner d’une révolution énergétique pour limiter l’impact environnemental.
« La fusion nucléaire pourrait être la clé pour alimenter l’IA de demain tout en respectant nos engagements climatiques. »
– Sundar Pichai, PDG de Google
Cette ruée vers le nucléaire s’explique aussi par un contexte politique. Aux États-Unis, l’administration Trump, réélue en 2024, montre une méfiance envers les énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire. Les géants technologiques, en quête de solutions fiables et durables, se tournent donc vers le nucléaire, perçu comme une alternative crédible.
Un Avenir Prometteur, Mais Incertain
La collaboration entre Google et CFS marque une étape importante dans la quête de la fusion nucléaire. Si les promesses de cette technologie se concrétisent, elle pourrait transformer notre rapport à l’énergie, offrant une source propre et abondante pour les générations futures. Mais les défis techniques et financiers restent colossaux, et le chemin vers la commercialisation est encore long.
En attendant, Google et ses pairs continuent d’investir dans des technologies de rupture, tout en diversifiant leurs sources d’énergie. La fusion nucléaire, bien que prometteuse, n’est qu’une pièce du puzzle. Pour répondre aux besoins croissants de l’IA et des datacenters, les géants technologiques devront combiner innovation, pragmatisme et engagement environnemental.
Alors, la fusion nucléaire deviendra-t-elle la réponse ultime à nos besoins énergétiques ? Seul l’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : avec des acteurs comme Google et CFS, la course à l’énergie propre est bel et bien lancée.