Google reconnu coupable de pratiques monopolistiques
Le verdict tant attendu est enfin tombé. Après 10 semaines d'un procès hors norme, le juge fédéral Amit Mehta a rendu sa décision dans la nuit du 5 au 6 août : Google est reconnu coupable d'avoir enfreint les lois antitrust des États-Unis. Le géant de la Silicon Valley a abusé de sa position ultra dominante dans la recherche sur Internet et la publicité en ligne pour étouffer toute concurrence. Un jugement historique qui pourrait bien changer la face du web.
Google, un monopole tentaculaire bâti en 20 ans
Retour sur l'irrésistible ascension de Google. Fondé en 1998 par Larry Page et Sergey Brin, le moteur de recherche va rapidement s'imposer face à ses rivaux de l'époque comme Yahoo ou Altavista. Dès 2004, Google dépasse les 50% de parts de marché. Cinq ans plus tard, la barre symbolique des 80% est franchie.
Cette domination écrasante va encore s'accentuer avec le rachat en 2007 de la régie publicitaire DoubleClick pour 3,1 milliards de dollars. Une acquisition qui avait fait tiquer les autorités antitrust, mais qui sera finalement approuvée. Google dispose alors d'un écosystème publicitaire complet et ultra performant qui va lui assurer des revenus colossaux.
Android et YouTube, les autres piliers de l'empire
Pour verrouiller encore un peu plus le marché, Google va miser sur la diversification avec deux coups de maître : le rachat de YouTube en 2006 et le lancement du système d'exploitation mobile Android en 2008. Autant de services additionnels pour capter l'attention des internautes et récolter toujours plus de données pour sa régie pub.
Résultat, Google pèse aujourd'hui près de 40% du marché mondial de la publicité en ligne, loin devant son dauphin Facebook (Meta) et ses 20%. Sur la recherche en ligne, c'est un quasi monopole avec plus de 90% de parts de marché !
L'accord avec Apple, la goutte d'eau
Mais c'est finalement sur un autre terrain que Google a été rattrapé par la patrouille. Depuis des années, Google noue des accords exclusifs avec les constructeurs de smartphones pour s'assurer que son moteur de recherche soit celui par défaut sur les appareils. Des contrats juteux, à l'image de celui avec Apple qui lui rapporte à lui seul plus de 20 milliards de dollars par an !
Pour le juge Mehta, ces accords ont fini de verrouiller le marché en décourageant toute velléité de concurrence, même chez les plus grandes entreprises américaines :
«Aucune somme offerte par Microsoft ne pourrait convaincre Apple de choisir Bing par défaut»
– a déclaré Eddy Sue, dirigeant d'Apple en charge des services
Et maintenant ? Démantèlement en vue pour Google ?
Si Google a été reconnu coupable, les sanctions n'ont pas encore été prononcées. Elles le seront lors d'une prochaine audience. Mais une chose est sûre, elles devraient faire très mal. Dans le pire des scénarios pour Google, la justice pourrait l'obliger à se séparer d'une partie de ses activités, notamment la publicité en ligne qui représente près de 80% de ses revenus !
Google va évidemment faire appel de cette décision. Mais ce jugement marque déjà un tournant. Il est le symbole d'une Amérique qui n'hésite plus à s'attaquer frontalement aux Big Tech et à leurs dérives monopolistiques. Meta, Apple, Amazon... tous sont dans le viseur des autorités. La fin d'une époque pour la Silicon Valley.