GRDF adapte son organisation face à la baisse du gaz
Alors que la transition énergétique s'accélère et que la consommation de gaz ne cesse de décliner en France, le principal distributeur GRDF se voit contraint d'adapter son organisation et ses effectifs. Un véritable défi social et industriel dans un contexte de transformation du mix énergétique.
Le spectre d'un vaste plan social chez GRDF
Le syndicat FNME-CGT tire la sonnette d'alarme sur un projet de réorganisation baptisé "Mission décarbonation 2024-2027" chez GRDF, filiale du géant de l'énergie Engie. Selon les représentants du personnel, pas moins de 2200 emplois seraient menacés, soit 15% des 11400 salariés de l'entreprise, dans le cadre d'un plan d'économies de 180 millions d'euros sur 4 ans.
Mais la direction se veut plus mesurée et évoque plutôt 300 postes concernés par des "adaptations", arguant de la nécessité d'optimiser certaines activités pour "maintenir un coût d'accès au réseau compétitif malgré la baisse des volumes de gaz".
Une baisse chronique des volumes de gaz distribués
Car le constat est sans appel : la consommation de gaz naturel poursuit sa décrue en France, chutant de 11,4% en 2023 à 381 TWh contre 430 TWh en 2022. Une tendance de fond liée aux politiques de transition énergétique et de sobriété, qui pèse sur le modèle économique des gestionnaires d'infrastructures gazières.
En effet, GRDF perçoit une part de ses revenus via les taxes d'acheminement indexées sur les quantités de gaz consommées. Mais avec des frais de gestion des réseaux constants, l'équation financière se tend inexorablement.
Des pistes d'adaptation déjà identifiées
Parmi les activités ciblées par le plan d'économies, GRDF mentionne notamment les fonctions support liées à l'acheminement. La fin du déploiement des compteurs communicants Gazpar réduisant les réclamations de facturation, certains plateaux pourraient ainsi fermer, à commencer par les 3 d'Île-de-France.
Moins de 300 personnes pourraient être concernées par cette nouvelle organisation
GRDF
La direction se veut néanmoins rassurante, assurant que le processus se fera progressivement d'ici 2027, en concertation avec les partenaires sociaux, et que des reclassements seront proposés. Mais pas de quoi apaiser les inquiétudes des syndicats pour l'heure.
GRTgaz et Teréga aussi sur le qui-vive
GRDF n'est pas la seule entreprise du secteur gazier à devoir reconsidérer son organisation face à ce nouveau paradigme. Les transporteurs comme GRTgaz et Teréga planchent eux aussi sur une optimisation de leurs activités, même s'ils peuvent davantage miser sur une diversification, en adaptant leurs réseaux à l'hydrogène ou au CO2.
Quoiqu'il en soit, tous s'accordent sur la nécessité de trouver un "optimum" dans ce contexte de transition. Un véritable cas d'école des défis économiques et sociaux posés aux industries historiques de l'énergie par l'urgence climatique.