
Grève Chez Valeo Mondeville Contre Vente Chinoise
Imaginez un site industriel florissant, niché aux portes de Caen, où des capteurs automobiles high-tech sortent des chaînes de production jour après jour. Soudain, une annonce bouleverse tout : la vente à un fonds étranger. C'est exactement ce qui se passe à Mondeville, où les salariés de Valeo ont déclenché une grève reconductible dès le 8 septembre 2025. Cette mobilisation n'est pas anodine ; elle cristallise les peurs d'une délocalisation déguisée et les frustrations face à un géant qui semble lâcher prise sur ses racines françaises.
Les Racines d'une Colère Syndicale
Dans le paysage industriel normand, l'usine Valeo de Mondeville représente un pilier pour l'emploi local. Avec 194 collaborateurs, elle produit des capteurs essentiels pour les moteurs thermiques – angles morts, températures, consommation de carburant. Ces composants équipent les véhicules de géants comme Stellantis, Renault ou Volkswagen. Pourtant, derrière ces chiffres, se cache une réalité humaine : des ouvriers qui se sentent trahis par une décision stratégique prise en haut lieu.
La rumeur de la vente circulait depuis fin 2024, mais c'est au printemps 2025 que le repreneur s'est révélé : un fonds d'investissement lié à l'équipementier chinois Sinotech. Pour les salariés, c'est un choc. Denis Bréant, élu CGT au CSE, exprime cette amertume : « On se sent abandonnés ». Valeo, qui réalise pourtant 80 millions d'euros de chiffre d'affaires sur ce site en 2024, choisit de céder une ligne de produits répartie sur trois continents – France, Chine, Mexique – générant au total 150 millions d'euros.
Cette cession n'est pas isolée dans l'industrie automobile française, marquée par des restructurations incessantes. Mais à Mondeville, elle touche au cœur. Les grévistes bloquent les entrées, pancartes en main, sous le regard de l'usine voisine Bosch, elle aussi menacée de fermeture en 2026. Ce voisinage amplifie le sentiment d'abandon régional.
Il y a beaucoup de méfiance car dans ce genre de cas, on a vu des usines rachetées pour être démantelées plus tard.
– Denis Bréant, élu CGT au CSE de Valeo Mondeville
Un Site Rentable, Pourtant Sacrifié
Pourquoi vendre un site qui performe ? Les syndicalistes soulignent des records de production récents. « Nous avons de gros volumes et atteignons nos meilleurs résultats », confie un représentant. Le carnet de commandes est plein jusqu'en 2028, avec des clients fidèles. Pourtant, Valeo invoque des « raisons stratégiques ». En clair, le groupe recentre ses activités sur l'électrique et l'autonome, délaissant le thermique en déclin progressif.
Cette stratégie globale n'apaise pas les craintes locales. Sans investissements futurs de Valeo, l'usine risquait l'obsolescence. Mais confier son destin à un fonds chinois ? C'est un pari risqué. Sinotech, équipementier auto asiatique, vise l'Europe. Positionnée idéalement, Mondeville pourrait bénéficier d'une expansion. À condition que le repreneur tienne ses promesses d'investissements.
Les échos initiaux rassurent sur l'emploi : pas de suppressions immédiates annoncées. Mais l'histoire industrielle regorge d'exemples inverses. Des usines rachetées par des fonds, optimisées à court terme, puis fermées une fois les actifs exploités. Ici, le fonds parle d'un projet industriel, mais sans détails concrets. Les salariés attendent des preuves tangibles.
- Chiffre d'affaires 2024 : 80 millions d'euros pour Mondeville.
- Ligne de produits globale : environ 150 millions d'euros.
- Clients majeurs : Stellantis, Renault, Volkswagen.
Les Exigences des Grévistes au-delà de l'Emploi
Au-delà de l'avenir à long terme, la grève porte sur des revendications immédiates. Les salariés réclament une prime plus généreuse de Valeo pour accompagner la transition. La proposition initiale ? 2000 euros par tête, jugée dérisoire par la CGT. Dans un contexte de rachat, ces compensations symbolisent la reconnaissance des efforts fournis.
Cette prime n'est pas qu'une question d'argent ; elle reflète le sentiment d'injustice. Valeo, valorisé à des milliards, se sépare d'un actif rentable sans explications approfondies. Les grévistes veulent négocier, forcer le dialogue. La direction, sollicitée, reste silencieuse publiquement. La vente pourrait s.finaliser d'ici fin 2025, accentuant l'urgence.
Sur le terrain, l'ambiance est tendue mais déterminée. Les piquets de grève tournent en continu, reconductibles jour après jour. Les salariés espèrent une « belle histoire » avec Sinotech : volumes accrus, nouveaux marchés. Mais pour l'instant, c'est l'inconnu qui domine.
Valeo avait tout pour nous garder. On a eu peu d'explications, juste que c'était stratégique.
– Un syndicaliste anonyme du site
Contexte Plus Large de l'Industrie Automobile Française
Cette affaire s'inscrit dans une vague de restructurations chez les équipementiers. Valeo lui-même a annoncé la fermeture d'un autre site à La Suze-sur-Sarthe, supprimant 868 emplois en France. Bosch, voisin de Mondeville, fermera en 2026. Ces fermetures illustrent la pression sur le thermique, face à l'essor de l'électrique imposé par l'Europe.
La France, berceau de l'auto, lutte pour sa souveraineté industrielle. Des rapports sénatoriaux plaident pour des droits de douane protecteurs et un soutien à l'électrique local. Stellantis investit massivement aux USA, délaissant parfois l'Europe. Renault conditionne son virage défense. Dans ce tumulte, les rachats par des fonds chinois soulèvent des questions géopolitiques.
Les investisseurs asiatiques convoitent l'expertise européenne en capteurs et composants. Sinotech pourrait relocaliser une partie de sa R&D en Normandie. Mais les risques de transfert technologique effraient. L'État français, via Bercy, surveille-t-il ces opérations ? Les syndicats appellent à une vigilance accrue.
Historiquement, des rachats chinois en France ont eu des sorts mitigés. Certains sites prospèrent, d'autres périclitent. À Mondeville, l'enjeu est de transformer cette vente en opportunité. Maintenir les compétences locales, attirer de nouveaux clients européens fuyant les coûts asiatiques.
Impacts Sociaux et Économiques Locaux
Mondeville et Caen absorbent mal ces chocs. 194 familles directement impactées, plus l'écosystème de sous-traitants. La région Normandie, déjà touchée par Bosch, craint un effet domino. Le chômage local pourrait grimper, affectant commerces et services.
Les salariés, souvent qualifiés, possèdent un savoir-faire unique en capteurs. Perdre cela serait une hémorragie de talents. Sinotech promet des investissements, mais quels montants ? Quels emplois créés ? Les grévistes exigent un plan social clair, avec formations si besoin.
Sur le plan social, cette grève met en lumière le fossé entre directions multinationales et bases ouvrières. Valeo, coté en bourse, priorise les actionnaires. Les employés veulent leur part du gâteau avant départ. Cette mobilisation pourrait inspirer d'autres sites Valeo en Europe.
- Emplois directs : 194 à Mondeville.
- Carnet de commandes : sécurisé jusqu'en 2028.
- Prime demandée : bien au-delà des 2000 euros proposés.
- Produits phares : capteurs pour moteurs thermiques.
Perspectives pour Sinotech et le Marché Européen
Sinotech, peu connu en Europe, est un acteur montant en équipements auto chinois. Adossé à un fonds, il cherche à s'implanter durablement. L'usine de Mondeville offre une porte d'entrée : certifications européennes, proximité clients. Avec la transition écologique, les capteurs évoluent vers l'électrique – opportunité de diversification.
Mais intégrer le marché UE n'est pas simple. Normes strictes, concurrence féroce de Bosch ou Continental. Sinotech doit investir en R&D locale pour innover. Les salariés espèrent cela : « Des volumes et des marchés nouveaux ». Sinon, risque de délocalisation vers la Chine ou le Mexique existants.
Globalement, cette acquisition reflète la montée en puissance chinoise dans l'auto. Batteries, composants : Pékin domine. L'Europe répond par des aides, comme pour ACC ou Verkor. Pour Mondeville, c'est un test : peut-on conjuguer capitaux étrangers et préservation sociale ?
Les experts prédisent plus de consolidations. Fonds d'investissement rafflent les actifs non-stratégiques. Valeo pourrait céder d'autres sites. Les grévistes, en luttant, défendent un modèle industriel français menacé.
Réactions Politiques et Syndicales Nationales
La CGT nationale suit l'affaire de près. Appel à solidarité avec d'autres secteurs. Politiquement, des voix s'élèvent contre les ventes à foreign investors sans safeguards. Le Sénat recommande contenu local et protections douanières pour sauver l'auto française.
Friedrich Merz, en Allemagne, s'oppose même à la fin des thermiques en 2035. En France, similaire débat. Cette grève pourrait alimenter les discours sur relocalisation et souveraineté. Emmanuel Macron pousse le Made in France, mais les faits contredisent parfois.
Localement, élus normands interviennent-ils ? Le Calvados, région industrielle, a besoin de signaux forts. Sans intervention, Mondeville pourrait devenir symbole d'une désindustrialisation accélérée.
Le repreneur a parlé d'investissements mais ce ne sont que des paroles. Nous n'avons pas vu de projet industriel.
– Denis Bréant
Leçons pour l'Avenir des Équipementiers
Cette crise enseigne beaucoup. D'abord, communication : Valeo a péché par opacité. Ensuite, transition : accompagner les salariés vers l'électrique. Enfin, géopolitique : réguler les rachats étrangers pour protéger emplois.
Pour les salariés, c'est une bataille pour dignité. Si Sinotech réussit, modèle de coopération franco-chinoise. Sinon, échec cuisant. L'issue dépend des négociations en cours.
En attendant, la grève continue. Les capteurs ne tournent plus, clients impactés. Valeo doit réagir. Mondeville attend son destin, entre peur et espoir.
Pour approfondir, regardons les chiffres du secteur. L'auto française représente des millions d'emplois indirects. Une usine comme celle-ci irrigue l'économie locale. Perdre en compétitivité face à la Chine coûte cher.
Des alternatives existent : reconversion en capteurs pour VE. Sinotech pourrait accélérer cela. Investir en formation, innovation. Les salariés sont prêts, si on leur donne moyens.
Cette histoire illustre les mutations globales. Climat, tech, géopolitique bousculent l'industrie. Les acteurs comme Valeo naviguent en eaux troubles. Les ouvriers, eux, paient le prix fort.
En conclusion élargie, cette grève interpelle sur le capitalisme responsable. Fonds vs humains : quel équilibre ? L'Europe doit protéger son industrie sans fermer les portes. Mondeville pourrait être un cas d'école.
Suivons l'évolution. Peut-être une issue positive émergera. Pour l'instant, solidarité avec les grévistes. Leur combat est celui de toute une profession en mutation.
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