Guerre Commerciale : Les Start-ups Canadiennes Résistent
Imaginez-vous à la tête d’une jeune entreprise, jonglant entre innovation et croissance, lorsque soudain, une guerre commerciale vient bouleverser vos plans. C’est la réalité que vivent aujourd’hui de nombreuses start-ups canadiennes, prises dans l’étau des tensions entre le Canada et les États-Unis. Alors que le président américain Donald Trump a une fois de plus repoussé certaines taxes douanières jusqu’au 2 avril 2025, l’incertitude continue de peser lourd sur ces entrepreneurs qui tentent de naviguer dans un climat économique imprévisible.
Une trêve fragile dans un conflit économique
Le dernier épisode de ce feuilleton économique a débuté lorsque le président Trump a décidé de suspendre temporairement les tarifs sur certains produits canadiens couverts par l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique, connu sous le nom de **CUSMA**. Cette décision, annoncée début mars 2025, concerne environ 36 % des importations canadiennes vers les États-Unis, selon des données relayées par CNN. Mais ce répit reste partiel et ne calme pas les inquiétudes des acteurs économiques des deux côtés de la frontière.
Un va-et-vient épuisant pour les entreprises
Depuis le début de cette guerre commerciale, les annonces et revirements se succèdent à un rythme effréné. Initialement prévues pour février, les taxes américaines ont été repoussées une première fois d’un mois pour les automobiles, avant qu’une trêve de 30 jours ne soit négociée. Mais à peine cette pause terminée, le Canada a riposté avec des tarifs sur 30 milliards de dollars de biens américains, menaçant d’atteindre 155 milliards si aucune solution durable n’émergeait. Face à ce nouveau report, le ministre des Finances canadien, Dominic LeBlanc, a confirmé sur X que la seconde vague de représailles était suspendue, mais l’épuisement est palpable.
« Mon dieu, c’est épuisant ! »
– John Ruffolo, fondateur de Maverix Private Equity
Cette exclamation de John Ruffolo résume parfaitement le sentiment des entrepreneurs. Pour eux, chaque annonce est une nouvelle épreuve, rendant la planification à long terme quasi impossible. Les start-ups, souvent plus vulnérables que les grandes entreprises, ressentent ces secousses de plein fouet.
Les start-ups canadiennes en première ligne
Si les grandes industries comme l’automobile ou l’énergie attirent souvent l’attention dans ce conflit, les jeunes pousses technologiques ne sont pas épargnées. Prenons l’exemple de **Healthybud**, une start-up montréalaise spécialisée dans l’alimentation canine. Son PDG, Kyle Feigenbaum, confie que ses produits figuraient sur la liste des biens visés par les tarifs réciproques, aujourd’hui en suspens. « Cette menace constante rend toute stratégie future incertaine », déplore-t-il. Un sentiment partagé par nombre de ses pairs.
Pourtant, certaines entreprises tirent leur épingle du jeu. **truLOCAL**, un service d’abonnement de viande et de fruits de mer exclusivement canadien, a enregistré son meilleur mois d’abonnements depuis près de cinq ans. Cette vague de patriotisme économique, encouragée par des campagnes comme « Achetez canadien », montre que la crise peut aussi être une opportunité pour les acteurs locaux.
Des mesures provinciales qui marquent les esprits
Face à l’escalade, les provinces canadiennes ne restent pas les bras croisés. En Ontario, le premier ministre Doug Ford a pris des décisions radicales : annulation d’un contrat de 100 millions de dollars avec **Starlink**, l’entreprise d’Elon Musk, interdiction des sociétés américaines dans les appels d’offres provinciaux, et une surtaxe de 25 % sur l’électricité exportée vers les États-Unis à partir du 10 mars. Des mesures qui, selon Ford, resteront en place tant que les tariffs américains ne seront pas totalement levés.
Cette fermeté a surpris, mais elle reflète une volonté de protéger l’économie locale. L’annulation du contrat avec Starlink, en particulier, est définitive, même en cas de désescalade, signe d’une rupture symbolique avec les intérêts américains.
Comment les start-ups s’adaptent-elles ?
Dans ce contexte chaotique, les entrepreneurs canadiens rivalisent d’ingéniosité. Katherine Homuth, PDG de **SRTX**, une entreprise de vêtements, a vu Costco Canada augmenter ses commandes pour compenser les pertes potentielles aux États-Unis. Une bouée de sauvetage bienvenue, mais qui ne résout pas le problème de fond : l’instabilité.
John Ruffolo, figure influente du capital-risque, prodigue un conseil précieux aux jeunes pousses : « Concentrez-vous sur ce que vous pouvez maîtriser. » Pour lui, renforcer son ancrage au Canada reste la meilleure stratégie face à l’incertitude venue de Washington.
Un élan de solidarité dans l’écosystème tech
Si cette guerre commerciale divise les nations, elle unit paradoxalement la communauté tech canadienne. Michelle McBane, directrice générale de StandUp Ventures, insiste sur l’importance de la collaboration : « Plus que jamais, nous devons nous serrer les coudes. » De nouvelles initiatives émergent, portées par cet esprit de résilience, pour soutenir les start-ups face à la crise.
Cette solidarité se traduit aussi par des chiffres encourageants. Les entreprises qui misent sur des fournisseurs locaux, comme truLOCAL, bénéficient d’un regain d’intérêt. Un mouvement qui pourrait redessiner les chaînes d’approvisionnement à long terme.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Pour l’instant, le report des tarifs jusqu’en avril offre un sursis, mais pas une solution. Le premier ministre Justin Trudeau a prévenu que cette bataille commerciale pourrait durer. L’objectif reste clair : obtenir la suppression totale des taxes américaines. En attendant, les start-ups doivent jongler entre adaptation et anticipation.
Les prochains mois seront décisifs. Si les tensions persistent, les entreprises pourraient accélérer leur diversification vers d’autres marchés, comme l’Europe ou l’Asie. Une chose est sûre : la résilience des start-ups canadiennes est mise à rude épreuve, mais leur créativité pourrait bien faire la différence.
Pour résumer, voici les impacts majeurs de cette crise sur les jeunes pousses :
- Incertitude dans la planification stratégique.
- Hausse des coûts pour les entreprises exportatrices.
- Élan de solidarité et soutien aux produits locaux.
En définitive, cette guerre commerciale est un test grandeur nature pour l’écosystème entrepreneurial canadien. Entre défis et opportunités, les start-ups prouvent qu’elles savent s’adapter, même dans la tempête.