GV, le bras armé de Google Ventures dans le monde des startups
Dans le monde compétitif du capital-risque, il est un acteur qui se démarque par son ampleur : GV, anciennement Google Ventures. Filiale d'investissement d'Alphabet, la maison mère de Google, GV dispose d'un budget annuel colossal d'un milliard de dollars pour miser sur les startups les plus prometteuses. Une puissance de frappe qui lui permet de jouer dans la cour des grands, avec toutefois quelques restrictions notables.
800 startups financées en 5 ans, 10 milliards investis en 15 ans
Lors d'une récente conférence TechCrunch à San Francisco, David Krane, CEO de GV, a révélé l'ampleur des investissements réalisés par son équipe d'une centaine de personnes. Sur les 5 dernières années seulement, GV a misé sur pas moins de 800 startups ! Et depuis sa création il y a 15 ans, c'est plus de 10 milliards de dollars qui ont été injectés dans l'écosystème tech.
Des tickets pouvant dépasser les 100 millions
Si GV répartit ses investissements sur de nombreuses startups, elle n'hésite pas non plus à sortir le chéquier pour les pépites les plus prometteuses. Le plus gros ticket unitaire à ce jour reste celui d'Uber, qui avait levé 258 millions de dollars auprès de GV seul lors de sa Series C en 2013. Plus récemment, GV a aussi misé 140 millions sur la startup d'infrastructure data Cribl, dans le cadre d'une Series E de 319 millions en août dernier.
Une liberté d'investir pour le ROI
La force de GV réside dans son indépendance. Bien qu'appartenant à Alphabet, le fonds investit avec pour seul objectif le retour sur investissement, sans chercher de synergies avec Google. Cela lui donne une grande latitude pour cibler les meilleures opportunités, que ce soit en termes de secteurs, de géographies ou de stades de maturité.
Nous investissons uniquement pour le retour financier.
David Krane, CEO de GV
Santé et "digital" à parts égales
Le portefeuille de GV est aujourd'hui équitablement réparti entre deux grandes catégories : la santé au sens large (biotech, medtech, recherche...) et le "digital", qui englobe tout le reste des technologies, du SaaS au hardware. Géographiquement, si les États-Unis restent le terrain de chasse privilégié, l'Europe a tout de même bénéficié d'un demi-milliard de dollars d'investissements.
Pas de concurrence avec CapitalG
On aurait pu craindre une certaine concurrence entre GV et CapitalG, l'autre fonds d'Alphabet dédié aux startups plus matures et aux "growth equity". Il n'en est rien selon David Krane, les deux entités communiquant en bonne intelligence pour se répartir les dossiers. Elles ont d'ailleurs plusieurs participations communes comme Stripe ou Cribl.
L'interdiction de débaucher chez Google
La seule réelle restriction imposée à GV concerne le recrutement au sein de Google pour créer des startups. Il est exclu d'aller activement débaucher des talents chez la maison mère avec l'intention de les financer ensuite via GV. En revanche, si des employés quittent Google de leur propre chef pour se lancer dans l'aventure entrepreneuriale, GV peut les accompagner. C'est ce qui s'est récemment produit avec une équipe provenant de l'outil NotebookLM, comme l'a révélé TechCrunch.
Focus sur le financement, pas l'incubation
Contrairement à d'autres géants de la tech ayant leur Corporate Venture Capital, comme Intel Capital ou le défunt M12 de Microsoft, GV n'a pas vocation à incuber ou accélérer des startups pour créer des synergies business avec Google. Son rôle est purement financier et vise à générer des profits et à prendre des parts dans les futures licornes, sans interférer avec leurs choix stratégiques ou technologiques.
L'autonomie, clé du succès
C'est finalement cette indépendance envers Google qui fait la force de GV dans le paysage du capital-risque selon son patron :
Nos décisions d'investissement sont uniquement guidées par la qualité des équipes et le potentiel de disruption et de croissance des startups. Nous jouons collectif avec CapitalG quand c'est pertinent, mais en conservant notre autonomie. C'est ce qui explique la performance de notre portefeuille.
David Krane, CEO de GV
Avec un tel track record et des moyens quasi-illimités, gageons que GV continuera à faire frémir la concurrence dans le capital-risque. Et à faire émerger les futures pépites de la tech, avec la bienveillance distante de Google.