Haropa Port : 200 millions d’investissements en 2025
Qui a dit que le secteur portuaire était en panne sèche ? Certainement pas Haropa Port. L'établissement public qui gère les grands ports maritimes du Havre, de Rouen et de Paris affiche une santé éclatante en 2024. Son chiffre d'affaires a crû de 3,6% pour atteindre 437 millions d'euros. Le trafic maritime global progresse lui aussi de 2,4% pour s'établir à 83,2 millions de tonnes. De quoi voir l'avenir avec optimisme et ambition.
Cap sur les conteneurs et la transition énergétique
Si la croissance est au rendez-vous, c'est avant tout grâce au dynamisme de la filière conteneurs. Avec 3,1 millions d'EVP (Équivalent Vingt Pieds) manutentionnés en 2024, le trafic de boîtes métalliques bondit de 18,7% et passe pour la première fois la barre symbolique des 3 millions d'unités. Un record historique !
Les autres filières ont en revanche souffert d'un contexte moins porteur. Le trafic de vracs solides recule de 7,5%, pénalisé par la chute du transport d'agrégats (-28,4%) consécutive à l'achèvement de plusieurs grands chantiers en région parisienne. Quant aux vracs liquides, leur repli de 5,1% s'explique principalement par des incidents techniques survenus dans les raffineries locales.
Mais ces contre-performances conjoncturelles n'entament en rien la confiance d'Haropa Port. L'établissement public compte bien surfer sur la vague de la transition énergétique pour tirer son épingle du jeu. Illustration avec les projets menés en 2024 pour accueillir les industriels Livista (production de lithium), Air Products (gaz industriels) et Qair (hydrogène et méthanol verts).
200 millions pour muscler l'outil portuaire
Pour accompagner sa dynamique de croissance et accélérer sa transition écologique, Haropa Port va mettre la main au portefeuille en 2025. L'établissement prévoit en effet d'investir pas moins de 200 millions d'euros, soit une augmentation de 37% par rapport à 2024 !
La moitié du budget sera consacrée à des projets structurants comme le chantier du Port Seine-Métropole Ouest à Achères (122 M€), la poursuite de la construction de la digue «la Chatière» au Havre (liaison directe entre Port 2000 et la Seine) ou encore le renforcement du raccordement électrique des navires dans ce même port, qui a accueilli plus d'un demi-million de croisiéristes en 2024.
Logistique + industries vertes = la recette gagnante
Mais Haropa Port ne mise pas uniquement sur la logistique pour assurer son avenir. Le deuxième pilier de sa stratégie consiste à séduire les industries vertes, comme l'explique Chris Danaradjou, directeur général adjoint Développement :
Haropa Port a inscrit la possibilité d'aménager 456 hectares en Normandie et 30 en Île-de-France pour accueillir des projets d'envergure. En réutilisant aussi les terrains artificialisés, nous pourrions commercialiser entre 700 et 800 hectares à l'horizon 2030.
– Chris Danaradjou, DGA Développement d'Haropa Port
Cette stratégie de couplage entre logistique et écologie illustre la volonté d'Haropa Port de se positionner comme un acteur majeur de la transition énergétique. Elle lui permet aussi de diversifier ses sources de revenus, aujourd'hui concentrées à 60% sur les activités foncières. L'équation est donc simple : plus d'industries vertes = plus de marchandises et de vracs à manutentionner.
Un modèle duplicable pour les autres ports français ?
Le pari d'Haropa Port est ambitieux mais il semble en passe d'être gagné au vu des investissements et résultats de l'année 2024. Certains grands ports maritimes français comme Marseille ou Dunkerque suivent d'ailleurs une trajectoire similaire, en misant à la fois sur :
- Le développement de nouvelles infrastructures logistiques.
- L'accueil d'industries bas-carbone sur leur domaine.
- Des investissements massifs pour verdir leur outil de travail.
Une chose est sûre : face au défi climatique et à la concurrence internationale, les ports français ont tout intérêt à accélérer leur mue éco-responsable. Et sur ce terrain, Haropa Port a clairement une longueur d'avance. Réussira-t-il son pari de devenir le premier port européen de l'économie verte en 2030 ? Rendez-vous dans 5 ans pour faire le bilan de son ambitieuse feuille de route !