HeadSpin vendu pour 28M$ à PartnerOne: chute d’une licorne
L'histoire de la startup HeadSpin, spécialisée dans le test d'applications mobiles, est celle d'une ascension fulgurante suivie d'une chute brutale. Valorisée plus d'un milliard de dollars en 2020 après des levées de fonds auprès d'investisseurs prestigieux comme Dell Technologies Capital et ICONIQ Capital, la licorne semblait promise à un bel avenir. Mais tout a basculé quand une fraude massive orchestrée par son fondateur Manish Lachwani a été révélée.
De licorne à entreprise en difficulté
En quelques années, HeadSpin était devenue l'une des pépites de la Silicon Valley grâce à sa plateforme de test et de monitoring pour apps mobiles et objets connectés. Avec des clients comme Uber, Tik Tok ou Airbnb, la croissance était au rendez-vous. Les levées de fonds s'enchaînaient, propulsant sa valorisation au-delà du milliard de dollars en février 2020 lors d'un tour de table de série C.
Mais quelques mois plus tard, c'est la douche froide. Le conseil d'administration découvre que le fondateur et CEO Manish Lachwani a largement surestimé les revenus, les gonflant artificiellement de près de quatre fois. Il est poussé à la démission en août. S'en suivent des mois de turbulences pour tenter de redresser la barre, avec un management de transition et une réévaluation à la baisse, autour de 300 millions de dollars.
Une tentative de refinancement avortée
Fin 2022, HeadSpin tente de lever des fonds, en dette ou en equity, pour assainir sa situation financière et relancer sa croissance. Mais aucun nouvel investisseur ne souhaite s'engager. La startup se rabat sur une convertible note de 11,4 millions de dollars apportée par ses actionnaires historiques. Insuffisant pour sortir la tête de l'eau, malgré un chiffre d'affaires 2023 de 21 millions de dollars. Il faut se résoudre à une vente.
Nous avons exploré plusieurs options de financement en dette et en capital, mais compte tenu des vents contraires du marché, nous n'avons pas pu obtenir de nouveaux engagements.
Un porte-parole de HeadSpin
Un rachat à prix cassé par PartnerOne
Après un processus compétitif mené par la banque Shea & Company, c'est finalement le fonds canadien PartnerOne qui est choisi pour reprendre HeadSpin. Pour un montant dérisoire de 28 millions de dollars, soit 1,4 fois son revenu et une décote de plus de 97% par rapport au pic de valorisation !
Un épilogue amer pour les employés,dont les stocks-options partent en fumée, et pour des investisseurs comme Google Ventures, Dell Technologies Capital ou Tiger Global qui enregistrent des pertes significatives. Quant au fondateur Manish Lachwani, il a plaidé coupable de fraude et a été condamné à 18 mois de prison.
Les leçons d'un fiasco
Au-delà du cas individuel d'un entrepreneur ayant franchi la ligne rouge, l'histoire d'HeadSpin illustre aussi certaines dérives de l'écosystème tech :
- La course effrénée à la croissance et au statut de licorne, quitte à brûler les étapes
- La valorisation excessive de jeunes pousses pas toujours matures
- Le manque de contrôle de certains investisseurs plus séduits par la hype que par les fondamentaux
Espérons que ce fiasco serve de piqûre de rappel pour privilégier un développement plus raisonné et durable des startups. Car pour une success story, combien de déconvenues passées sous les radars ? Le capital-risque demeure un métier... risqué !