HeadSpin vendue à prix bradé, son fondateur emprisonné pour fraude
Le monde des startups technologiques est sous le choc. HeadSpin, pépite valorisée plus d'un milliard de dollars il y a peu, vient d'être vendue pour une fraction de ce montant au fonds PartnerOne. Une vente précipitée sur fond de scandale, son fondateur Manish Lachwani ayant été condamné à 18 mois de prison pour fraude. Une douche froide pour les employés dont les stock-options ont été purement et simplement annulées.
Le rêve brisé de HeadSpin
Fondée en 2015, HeadSpin avait tous les atouts d'une licorne en devenir. Spécialisée dans le test et le monitoring d'applications mobiles, la startup avait levé 117 millions de dollars auprès d'investisseurs de renom comme Google Ventures, Dell Technologies ou Tiger Global. Sa dernière valorisation en date : 1,1 milliard de dollars en 2020.
Mais en coulisses, son PDG Manish Lachwani falsifiait les métriques financières présentées aux investisseurs. Revenus multipliés par quatre, fausses factures... La supercherie a volé en éclat. Lachwani a plaidé coupable de fraude et a écopé de 18 mois derrière les barreaux. Mais le mal était fait pour HeadSpin.
Une vente au rabais et des employés floués
Pour éviter la faillite, la startup a dû se résoudre à une vente express à vil prix. C'est le fonds canadien PartnerOne qui a raflé la mise pour un montant estimé entre 20 et 40 millions de dollars seulement, selon des sources proches du dossier. Bien loin du milliard de valorisation...
Mais le pire reste à venir pour les salariés. Dans un courriel laconique, ils ont appris l'annulation pure et simple de leurs stock-options, ces actions censées les récompenser de leurs efforts. Des années de travail acharné parties en fumée. Seuls les dirigeants auraient touché des indemnités, laissant les petites mains sur le carreau.
PartnerOne veut tourner la page
De son côté, PartnerOne affirme vouloir offrir un nouveau départ à HeadSpin en assurant que la fraude n'était le fait que d'un seul homme. Le fonds indique avoir pris le contrôle de la startup à sa juste valeur après un processus de vente compétitif. Il promet d'importants investissements pour relancer la machine.
HeadSpin est une entreprise extraordinaire qui a malheureusement été la victime des actes de son ancien PDG. Cette période est révolue.
- Jonathan Dionne, PartnerOne
Reste à voir si la startup parviendra à se relever de ce désastre et à regagner la confiance des investisseurs comme des employés. Un défi de taille alors que ce scandale vient rappeler la fragilité de l'écosystème Tech où l'hypercroissance et la course à la licorne peuvent parfois pousser aux pires dérives.
Les leçons à tirer
Au-delà du cas HeadSpin, cette affaire soulève de nombreuses questions :
- Comment mieux contrôler les métriques financières auto-déclarées par les startups ?
- Faut-il revoir les mécanismes de stock-options pour mieux protéger les employés ?
- La course à la licorne ne pousse-t-elle pas à prendre trop de risques ?
Une prise de conscience semble nécessaire pour assainir un secteur qui a besoin de retrouver ses fondamentaux : créer de l'innovation au service de tous, dans la transparence et l'éthique. La chute de HeadSpin doit servir d'électrochoc. L'avenir de la Tech en dépend.