Hopper Restructure Suite Au Renouvellement Du Partenariat Avec Expedia
Dans l'univers en perpétuel mouvement des startups technologiques, les montagnes russes sont monnaie courante. Hopper, la pépite montréalaise spécialisée dans la réservation de voyages, n'échappe pas à la règle. Un peu plus d'un an après une douloureuse restructuration qui a vu partir 250 employés, soit 30% de ses effectifs, l'entreprise remet ça. Selon le site Skift, environ 60 à 65 postes supplémentaires ont été supprimés en novembre, dont une vingtaine au sein de l'équipe dédiée aux hôtels en direct.
Fondée en 2007 par Frederic Lalonde et Joost Ouwerkerk, Hopper s'est d'abord fait connaître avec son application mobile permettant de dénicher les meilleurs prix pour les vols et séjours. Mais depuis quelques années, la société mise de plus en plus sur son offre BtoB de technologie de voyage et de fintech embarquée, en nouant des partenariats avec des géants comme Capital One, Uber ou Air Canada. Une stratégie payante puisque cette activité représente désormais les deux tiers du chiffre d'affaires de Hopper, selon Dakota Smith, le président de l'entreprise.
Le grand écart entre B2C et B2B
Ce virage vers le B2B n'est cependant pas sans créer quelques turbulences en interne. Dakota Smith reconnaît lui-même que cette transition s'accompagne de « douleurs de croissance ». Les derniers licenciements en date illustrent la nécessité pour Hopper de réajuster en permanence ses équipes et priorités.
Le cas de l'équipe hôtels est emblématique. Lorsqu'en juillet 2023, Expedia a décidé du jour au lendemain de ne plus fournir d'inventaire hôtelier à Hopper, lui reprochant des pratiques commerciales trompeuses, la startup a dû en catastrophe étoffer ses propres partenariats directs avec les hôteliers. Mais le mois dernier, coup de théâtre : Expedia et Hopper renouent leur collaboration. Du coup, l'équipe hôtels de Hopper se retrouve surdimensionnée…
Cap sur la rentabilité
Au-delà de ces ajustements à court terme, l'objectif de Hopper est clair : atteindre la rentabilité d'ici deux ans, avec un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars en ligne de mire. Pas question pour autant d'entrer en Bourse dans l'immédiat. Comme l'explique Sophie Forest, managing partner chez Brightspark Ventures et membre du board de Hopper :
Hopper aurait pu s'introduire en Bourse il y a trois ans, car ils étaient plus gros que certaines des introductions en bourse au Canada, mais ils se sont toujours concentrés sur la réussite. Ils veulent attendre le bon moment pour le faire et la bonne raison.
– Sophie Forest, Brightspark Ventures
Le chemin vers la profitabilité passera par un savant équilibre entre la croissance, portée par les solutions B2B, et une gestion serrée des coûts, quitte à tailler dans les effectifs. Après les 30% de postes supprimés fin 2023, cette nouvelle restructuration touche environ 10% des employés. La startup conserve malgré tout plus de 650 salariés à ce jour.
Les avantages d'une licorne qui reste discrète
Si Hopper peut se permettre de procéder à ces ajustements douloureux en toute discrétion, c'est aussi parce que la société n'est pas cotée en Bourse. Comme le souligne Dakota Smith :
Nous avons en fait beaucoup de chance de ne pas être une société cotée en bourse, car les analystes ne font pas preuve de beaucoup de tolérance envers les sociétés cotées en bourse qui modifient aussi profondément leurs modèles d'affaires.
– Dakota Smith, président de Hopper
Cette liberté a un prix : Hopper doit financer sa croissance et ses virages stratégiques sur ses fonds propres ou auprès d'investisseurs privés. Mais c'est aussi ce qui lui permet d'être agile et de s'adapter rapidement à un écosystème du voyage en pleine mutation post-covid. Les géants du secteur l'ont bien compris, à l'image d'Expedia qui vient de renouer son partenariat avec ce trublion montréalais décidément plein de ressources.
Alors, prochaine étape pour Hopper, la côte Ouest ? Pas si sûr. Dakota Smith écarte pour l'instant toute velléité de délocalisation : « Nous sommes une entreprise très fière d'être basée à Montréal ». Malgré les turbulences, Hopper entend bien rester fidèle à ses racines québécoises.
