HSBC : La Responsable Du Développement Durable Quitte Le Navire
Quand une figure de proue du développement durable quitte le navire, les questions fusent. C'est le cas chez HSBC, où Celine Herweijer, architecte de la politique climatique du groupe, a annoncé son départ. Une décision qui intervient quelques semaines seulement après son éviction surprise du comité exécutif. De quoi s'interroger sur la trajectoire verte de la banque britannique.
Un départ qui fait des vagues
Celine Herweijer n'était pas une simple responsable RSE parmi d'autres. Véritable cheville ouvrière de la stratégie climatique d'HSBC, elle avait su imposer des engagements ambitieux et crédibles. Son travail avait contribué à positionner la banque comme un acteur majeur de la finance durable. Mais voilà qu'en octobre dernier, la direction décide de supprimer son poste du comité exécutif. Un premier accroc qui laissait présager des remous.
Aujourd'hui, c'est la douche froide. Celine Herweijer jette l'éponge, officiellement "pour saisir de nouvelles opportunités". Mais difficile de ne pas y voir un lien avec la réorganisation qui l'a éloignée des arcanes du pouvoir. Sa mise sur la touche ne pouvait que compliquer sa mission et fragiliser son action. HSBC perd ainsi un atout de poids dans sa mue écologique.
HSBC reste flou sur ses ambitions vertes
Face aux inquiétudes suscitées par ce départ, la banque se veut rassurante. "Soutenir la transition vers le net zéro reste une priorité et l'un des quatre piliers de notre stratégie d'entreprise", martèle-t-elle dans un communiqué. Mais entre les lignes, on comprend que la politique environnementale pourrait être infléchie, voire édulcorée. L'arrivée d'une nouvelle direction et le déclassement de la fonction développement durable sont autant de signaux préoccupants.
La finance a un rôle crucial à jouer dans la transition écologique. Les banques doivent être exemplaires et ne pas relâcher leurs efforts.
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie
Pourtant, le moment serait mal choisi pour un revirement. Alors que l'urgence climatique s'intensifie, les attentes sont immenses envers le secteur financier. Investisseurs, régulateurs et société civile attendent des banques qu'elles soient aux avant-postes de la transition bas-carbone. En jouant les girouettes, HSBC risquerait de se mettre à contre-courant et de ternir sa réputation.
Les engagements climat, variables d'ajustements ?
Plus largement, ce feuilleton pose la question de la solidité des engagements climatiques de la finance. Trop souvent perçus comme des effets de communication, ils peinent à convaincre sur la durée. Les changements de dirigeants ou les revirements stratégiques suffisent à les renvoyer aux oubliettes. Un manque de constance qui sape la confiance et entretient le soupçon d'écoblanchiment.
Pour crédibiliser la finance verte, il est temps de passer des paroles aux actes. Cela implique d'ancrer les enjeux climatiques au plus haut niveau, via une gouvernance robuste et des moyens pérennes. Les responsables du développement durable doivent avoir voix au chapitre et ne pas être les variables d'ajustement des directions. C'est à ce prix que les banques pourront devenir de vrais moteurs de la transition écologique.
Le départ de Celine Herweijer doit sonner comme un avertissement. La finance n'a plus le droit au grand écart entre le verdissement de façade et la réalité des actes. HSBC, comme ses pairs, va devoir clarifier ses ambitions climatiques. Faute de quoi, c'est sa crédibilité verte qui risque de partir en fumée.
En bref
- Départ de la responsable développement durable d'HSBC quelques semaines après son éviction du comité exécutif
- Des interrogations sur la solidité de la politique climatique de la banque britannique
- Un signal préoccupant alors que la finance est attendue au tournant sur la transition écologique
- Nécessité pour les banques d'ancrer les enjeux climatiques dans leur gouvernance