Hynaero : un Canadair made in France en préparation
En ces temps de réchauffement climatique et de multiplication des incendies de forêt ravageurs, les avions bombardiers d'eau comme les mythiques Canadair n'ont jamais été aussi précieux. Mais la flotte française montre des signes inquiétants de vieillissement avec ses 25 ans d'âge moyen. Qui pour prendre la relève ? Hynaero, une jeune pousse girondine, s'est lancée il y a un an dans un projet ambitieux : développer un hydravion bombardier d'eau nouvelle génération, baptisé Frégate-F100.
Un programme en ordre de marche
L'aventure initiée en 2023 a rapidement gagné en maturité et crédibilité. Plusieurs partenariats industriels ont été noués pour avancer sur la conception de l'appareil. La société Aresia, fournisseur clé du Rafale, planchera sur des éléments de structures et sous-ensembles. Le sous-traitant BT2i l'épaulera dans cette tâche.
Mais l'alliance la plus marquante est celle scellée en juin 2023 avec le prestigieux centre français de recherche aérospatiale, l'Onera. Ce passage obligé de tous les programmes aéronautiques tricolores assistera Hynaero dans la réalisation des essais de soufflerie et en bassin de carènes. Des rapprochements internationaux sont également à l'étude avec la Turquie et le Maroc.
De l'argent frais pour alimenter la pompe
De quoi crédibiliser le projet, dont les fondateurs ont aussi prouvé leur capacité à lever des fonds. Près de 800 000 € ont été réunis auprès de la région Nouvelle-Aquitaine, des fondateurs eux-mêmes et d'investisseurs séduits par le programme. De quoi financer une première phase de travaux pour valider la faisabilité du concept d'ici début 2025.
Une deuxième levée de fonds de 15 millions d'euros est en préparation pour financer la phase de conception courant du printemps 2025 au printemps 2026. Au total, c'est un investissement d'environ 1 milliard d'euros qui sera nécessaire pour mener à bien ce programme, dont la mise en service est espérée pour l'été 2031.
Doter la France d'un fleuron anti-incendie
Sur le plan des performances, Hynaero vise haut avec son Frégate-F100. Sa capacité d'emport d'eau de 10 tonnes et sa vitesse de 460 km/h lui permettront de surclasser les Canadair CL-415 qui plafonnent respectivement à 6 tonnes et 340 km/h.
L'ambition est claire : doter la France d'un fleuron industriel capable de répondre au défi grandissant des méga-feux, tout en valorisant le savoir-faire aéronautique national.
Pour David Pincet, co-fondateur d'Hynaero et ancien directeur du groupement des avions de la sécurité civile, la question posée à l'État est simple : "Compte tenu du budget de renouvellement de la flotte des bombardiers d'eau, l'État français envisage-t-il de s'appuyer sur un programme de souveraineté industrielle ou d'acheter des avions étrangers sur étagère ?" Réponse attendue dans les prochains mois...
L'usine du futur se profile à Mérignac
En attendant, Hynaero consolide ses racines en Nouvelle-Aquitaine. Un protocole d'accord a été signé fin 2023 avec l'aéroport de Bordeaux-Mérignac pour y implanter la future chaîne d'assemblage sur 25 000 m2. Au total, le site devrait occuper 40 000 m2.
Selon les dirigeants de la start-up, cette usine nouvelle génération devrait générer entre 450 et 500 emplois directs et près de 2000 emplois indirects chez les sous-traitants. Une vision ambitieuse à l'image de l'appareil dont le marché mondial est estimé à 300 exemplaires entre 2030 et 2050. Hynaero espère en capter la moitié et livrer jusqu'à 10 Frégate-F100 par an à l'horizon 2035. Pour que les Canadair tricolores aient une relève digne de ce nom.