IA générative en procès : l’avenir incertain des startups innovantes
Alors que l'intelligence artificielle générative suscite un engouement sans précédent, son avenir semble aujourd'hui suspendu aux décisions des tribunaux. Deux startups prometteuses, Udio et Suno, se retrouvent dans l'œil du cyclone, poursuivies pour violation de droits d'auteur par les géants de l'industrie musicale. L'issue de ces procès pourrait bien déterminer le futur de l'innovation dans ce domaine.
Udio et Suno dans la tourmente judiciaire
Les startups Udio et Suno, spécialisées dans la génération de chansons par IA, sont accusées par les labels Sony Music, Universal Music et Warner Records d'avoir entraîné leurs modèles sur des œuvres protégées sans autorisation ni compensation. La RIAA, puissante association de l'industrie musicale américaine, réclame 150 000 dollars par infraction.
Selon les plaignants, les contenus générés par ces IA risquent d'inonder le marché et de concurrencer directement les artistes, dévaluant ainsi leur travail. Un argument qui fait écho aux craintes exprimées par de nombreux créatifs face à l'essor de ces technologies.
L'épineuse question du droit d'auteur
Au cœur du litige se trouve la notion de fair use ou usage raisonnable. Les startups arguent que les données utilisées pour entraîner leurs modèles sont publiques et que les œuvres générées sont transformatives, ne portant donc pas atteinte au droit d'auteur. Une défense qui s'appuie sur le précédent créé par Google Books il y a une dizaine d'années.
La Cour pourrait décider que l'IA générative a un "objectif transformatif hautement convaincant", comme elle l'a fait pour Google Books.
- Alex Reisner, The Atlantic
Mais les ayants droit comptent bien démontrer que ces IA reproduisent parfois presque à l'identique des passages d'œuvres protégées. Si les juges leur donnent raison, c'est tout l'écosystème des startups d'IA générative qui pourrait en pâtir.
Vers une jurisprudence au cas par cas ?
Certains experts estiment cependant peu probable qu'une décision unique tranche définitivement la question. Les juges pourraient adopter une approche au cas par cas, évaluant chaque modèle, voire chaque œuvre générée, pour déterminer s'il y a ou non violation de droits.
Une telle jurisprudence, si elle offrirait une certaine souplesse, risquerait aussi de freiner l'innovation en créant une insécurité juridique pour les startups. Difficile dans ces conditions d'attirer des investisseurs prêts à parier sur cette technologie pleine de promesses mais au futur incertain.
L'avenir de l'IA générative en question
Au-delà du seul champ musical, c'est toute l'industrie de l'IA générative qui retient son souffle. Des géants comme OpenAI, Google ou Meta sont eux aussi dans le viseur pour leurs modèles de langage, d'images ou de vidéos entraînés sur des contenus protégés.
Si les tribunaux venaient à donner systématiquement raison aux ayants droit, exigeant une autorisation et une rémunération pour chaque œuvre utilisée, le modèle économique des startups d'IA générative s'en trouverait fortement fragilisé. À l'inverse, une jurisprudence plus favorable au fair use pourrait libérer leur potentiel d'innovation.
Une chose est sûre : les procès en cours contre Udio et Suno seront scrutés de près par tout l'écosystème. Leur issue pourrait bien déterminer si l'IA générative est une révolution en marche... ou une bulle sur le point d'éclater.