IBM envisage l’acquisition de HashiCorp pour conquérir le cloud
Le géant de la technologie IBM prévoit une acquisition majeure qui pourrait bouleverser le paysage du cloud computing et de l'intelligence artificielle. Le mastodonte américain a annoncé en avril son intention de racheter HashiCorp, un fournisseur de logiciels d'infrastructure cloud, pour la somme astronomique de 6,4 milliards de dollars. Une opération stratégique qui suscite déjà l'intérêt des autorités de régulation.
IBM mise gros sur le cloud et l'IA
Avec cette acquisition, IBM entend bien accélérer sa mutation vers le cloud et l'intelligence artificielle, deux marchés en plein essor et cruciaux pour son avenir. HashiCorp apporterait dans la corbeille une expertise pointue dans la gestion des infrastructures cloud et de la sécurité, ainsi qu'un portefeuille de quelque 4 400 clients.
Cette acquisition s'inscrit dans notre stratégie visant à combiner des capacités logicielles avec notre expertise du cloud hybride et de l'IA pour répondre aux principaux défis de nos clients.
– Arvind Krishna, PDG d'IBM
Un deal sous la loupe des autorités antitrust
Mais avant de conclure cette méga-fusion, IBM va devoir passer sous les fourches caudines des gendarmes de la concurrence. Au Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority (CMA) a ouvert une enquête pour évaluer si ce rachat pourrait nuire à la concurrence. Elle invite les parties intéressées à soumettre leurs observations d'ici mi-janvier, avant de rendre sa décision fin février sur un examen approfondi ou non de l'opération.
Outre-Atlantique, c'est la Federal Trade Commission (FTC) américaine qui a décidé de se pencher sur ce dossier sensible. Rien d'étonnant au vu de la méfiance croissante des régulateurs envers les grandes manœuvres des géants de la tech, soupçonnés de vouloir verrouiller le marché et étouffer la concurrence.
Le cloud, un marché ultra-concurrentiel et stratégique
Car l'enjeu est de taille sur le marché bouillonnant du cloud, évalué à près de 500 milliards de dollars à l'horizon 2028 selon Grand View Research. Dans cette course effrénée, IBM est pour l'instant distancé par les leaders Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud. Le rachat de HashiCorp lui permettrait donc de se renforcer face à ces rivaux, tout en mettant la main sur des technologies d'avenir.
Spécialisé dans les logiciels open source pour le «cloud computing», HashiCorp propose une suite d'outils très prisés pour déployer et gérer les applications dans des environnements cloud complexes et multi-fournisseurs :
- Terraform : solution d'«Infrastructure as Code» pour provisionner les ressources cloud
- Vault : outil de gestion des accès et secrets pour sécuriser les applications cloud
- Consul : plateforme pour connecter et sécuriser les services dans des architectures distribuées
- Nomad : orchestrateur pour déployer et gérer facilement les charges de travail
Autant d'atouts qui viendront enrichir le portefeuille cloud d'IBM et sa plateforme maison Red Hat OpenShift. De quoi lui permettre de mieux répondre aux besoins des entreprises en matière de modernisation informatique, de cloud hybride et de déploiement d'applications conteneurisées.
Au-delà du cloud, les promesses de l'IA
Mais IBM lorgne également du côté de l'IA, son autre cheval de bataille. Là aussi, la concurrence fait rage avec des acteurs comme Amazon, Microsoft, Google ou les français Dataiku et Shift Technology. En mettant la main sur HashiCorp et sa base clients, Big Blue compte bien booster ses offres d'intelligence artificielle et de machine learning accessibles via le cloud.
Un cocktail cloud + IA qui doit permettre à IBM de se positionner comme un acteur incontournable pour accompagner les entreprises dans leur transformation digitale et l'exploitation de leurs données. Le tout en apportant son savoir-faire en matière de sécurité, de confidentialité et d'éthique, des sujets ô combien sensibles quand on parle d'IA.
Reste à savoir si ce pari à 6,4 milliards de dollars portera ses fruits et passera l'examen des autorités de la concurrence. Réponse attendue d'ici le premier semestre 2025, si le deal est finalement autorisé. Une acquisition qui pourrait bien rebattre les cartes sur l'échiquier mondial du cloud et de l'IA.