Industrie chinoise : un décembre en demi-teinte
Alors que l'économie chinoise semblait repartir de plus belle après des mois difficiles, les derniers chiffres de l'industrie manufacturière viennent tempérer cet optimisme. Si l'activité a bien progressé en décembre, c'est à un rythme nettement inférieur aux attentes. Décryptage de ce tableau en clair-obscur pour le géant asiatique.
Un PMI manufacturier en deçà des prévisions
Publié par le cabinet Caixin en collaboration avec S&P Global, l'indice PMI manufacturier s'est établi à 50,5 en décembre. S'il dépasse le seuil critique des 50 points, synonyme d'expansion de l'activité, il déçoit les analystes qui tablaient sur 51,7. Il s'agit du plus faible niveau de croissance depuis 3 mois.
Ce coup de frein intervient après plusieurs mois de reprise. En novembre, le PMI Caixin avait bondi à 51,5 contre 50,6 en octobre. Les entreprises semblaient alors avoir digéré le choc des confinements à répétition liés au zero-Covid. Las, un nouvel obstacle est venu freiner cette dynamique.
Commandes étrangères en berne
Principale explication de ce ralentissement inattendu : le fort repli des commandes en provenance de l'étranger. La demande internationale marque en effet le pas, sur fond de tensions commerciales persistantes entre Pékin et Washington.
L'élection de Donald Trump et ses menaces de guerre commerciale inquiètent en effet les acheteurs internationaux. Le futur locataire de la Maison Blanche a promis des taxes douanières élevées sur les produits chinois s'il était élu. De quoi refroidir l'ardeur des importateurs.
Des mesures de relance attendues
Face à ces vents contraires, les économistes appellent Pékin à dégainer de nouvelles mesures de soutien. "Le ralentissement de la croissance des exportations montre la nécessité d'un surcroît de mesures de relance budgétaire et monétaire si la Chine veut atteindre son objectif de croissance", souligne Yang Zhao, économiste de Nomura.
La Banque populaire de Chine a déjà assoupli sa politique monétaire ces derniers mois. Mais beaucoup jugent son action insuffisante au regard des défis. D'autant que la transition écologique, autre priorité de Pékin, pourrait aussi affecter la compétitivité de pans entiers de l'industrie.
L'épineuse équation chinoise
Entre nécessité de stimuler son économie et volonté de verdir son modèle, la Chine marche sur un fil. Un défi de taille, comme le résume Larry Hu, de Macquarie :
Pékin doit trouver un juste équilibre entre soutien de court terme et réformes de long terme. Trop de stimulus risquerait d'aggraver les déséquilibres, mais une politique trop prudente pourrait casser la reprise.
Larry Hu, économiste chez Macquarie
Si l'ampleur du ralentissement de décembre a surpris, il ne remet pas en cause le scénario d'une croissance chinoise solide en 2025. La plupart des prévisionnistes continuent de tabler sur une progression du PIB de l'ordre de 5% après 3% en 2024, portée par la consommation des ménages. Mais gare aux vents contraires...
