Ineos Automotive : Un Démarrage Difficile Pour Le Grenadier
Rien ne va plus pour le constructeur automobile britannique Ineos Automotive. Son usine française d'Hambach en Moselle, rachetée à Daimler en 2021, traverse une passe difficile. La production de son 4x4 Grenadier, clone du défunt Land Rover Defender, y est à l'arrêt depuis fin septembre 2024. En cause : une rupture d'approvisionnement critique en sièges, suite à la faillite du fournisseur allemand Recaro Automotive.
Malgré l'annonce d'une reprise de la production début janvier 2025 avec un nouveau fournisseur, le tableau est loin d'être idyllique sur le site mosellan. Car le vrai problème semble ailleurs : les ventes du Grenadier ne décollent pas. Selon les syndicats, à peine 15 000 véhicules auront été produits en 2024, loin de l'objectif initial de 26 000 unités. Les stocks s'accumulent, plombés notamment par le malus écologique dissuasif de 60 000€ qui frappe ces 4x4 très polluants.
Un avenir incertain pour l'ex-Smartville
Face à ces difficultés, l'inquiétude monte chez les 1100 salariés de l'usine, malgré la fin de contrat de la plupart des 800 intérimaires pendant l'arrêt de production. Selon les calculs de la CFE-CGC, ce sont près de 300 emplois qui pourraient être menacés dès 2025, et 150 autres en 2026.
Les syndicats dénoncent le manque de transparence de la direction sur les chiffres de vente et l'avenir du site. Une expertise indépendante sur les finances d'Ineos Automotive a été lancée, avec des conclusions attendues fin janvier. D'ici là, les salariés restent dans le flou.
Un contrat social en question
La reprise de "Smartville" par Ineos en 2021 s'était pourtant faite sous de bons auspices. Le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, fondateur d'Ineos, promettait un nouveau souffle industriel pour ce site lorrain symbolique. Las, le projet Grenadier semble déjà vaciller, victime de ventes poussives et d'une stratégie produit discutable.
Si on avait voulu supprimer des emplois, on aurait profité de l'arrêt de production pendant trois mois. On ne l'a pas fait.
Un porte-parole d'Ineos Automotive
Du côté d'Ineos, on veut croire que l'ouverture de "nouveaux marchés très prometteurs" comme le Mexique et la Chine va permettre d'écouler les Grenadier en nombre. Mais en interne, beaucoup doutent de la viabilité à long terme du projet. Arrêt du développement d'une version électrique, cadences de production revues à la baisse... Les signaux négatifs s'accumulent.
Quel avenir pour l'automobile en France ?
Au-delà du cas Ineos, ces difficultés posent la question de l'avenir de la production automobile en France, dans un contexte de transition électrique forcée et de désindustrialisation rampante. Malgré les aides publiques et les grands discours sur la réindustrialisation, force est de constater que l'industrie automobile tricolore ne se porte pas au mieux.
Entre délocalisations, fermetures de sites et plans sociaux à répétition, le secteur vit une crise profonde dont il aura du mal à se relever. L'échec du projet Ineos à Hambach en est le dernier symptôme en date. Un coup dur pour l'emploi et l'économie en Moselle-Est, déjà durement touchés par le déclin industriel.
- La reprise s'annonce poussive à Hambach malgré l'annonce d'un nouveau fournisseur de sièges
- Des ventes très en-deçà des attentes plombent les perspectives du site
- La viabilité à long terme de l'aventure Ineos Automotive en France semble compromise
Les prochains mois seront cruciaux pour l'avenir du site d'Hambach et de ses salariés. Si Ineos ne parvient pas à redresser la barre rapidement, c'est tout un bassin d'emploi qui risque de sombrer avec ce projet industriel raté. Le feuilleton Ineos n'a sans doute pas fini de faire parler de lui.