Innovation allemande : quand les services ralentissent
Alors que l'industrie manufacturière allemande peine à retrouver son dynamisme d'antan, c'est le secteur des services qui maintient l'économie à flot. Malgré un léger ralentissement en juin selon le dernier indice PMI de S&P Global, l'activité tertiaire outre-Rhin continue de croître à un rythme soutenu, portée par des entreprises innovantes et agiles.
Des services résilients grâce à l'innovation
Comment expliquer cette bonne tenue des services allemands dans un contexte économique morose ? Les entreprises du secteur misent plus que jamais sur l'innovation pour se démarquer et capter de nouveaux marchés. Qu'il s'agisse de digitaliser leurs processus, de proposer de nouvelles offres ou d'améliorer l'expérience client, les sociétés de services redoublent de créativité pour s'adapter aux mutations accélérées par la crise sanitaire.
Le secteur des services maintient l'économie allemande à flot. Malgré une légère perte de vitesse, l'activité dans les services continue de croître à un rythme soutenu.
Cyrus de la Rubia, économiste en chef à la Hamburg Commercial Bank
Start-up et scale-up dynamisent le tertiaire
Cette volonté d'innover se traduit par un boom des start-up dans le secteur des services en Allemagne. Berlin mais aussi Munich, Hambourg ou Cologne voient éclore des pépites technologiques qui bousculent les acteurs établis. Beaucoup misent sur l'IA, le cloud ou la data pour proposer des services BtoB plus performants. D'autres surfent sur les nouvelles attentes des consommateurs en matière d'économie du partage, de services à la personne ou de loisirs.
Les scale-up en forte croissance jouent aussi un rôle moteur pour tirer la croissance du secteur et stimuler les grands groupes. Des licornes comme Celonis (optimisation de processus), Personio (RH) ou Mambu (services bancaires) incarnent cette nouvelle génération d'entreprises de services qui s'appuient sur le numérique pour grandir à vitesse accélérée.
L'Euro 2024 comme coup de boost
Pour doper leurs ventes, les entreprises de services allemandes ont aussi pu compter sur un évènement sportif majeur en juin : le coup d'envoi de l'Euro de football 2024, organisé en Allemagne. Hôtellerie, restauration, transports... de nombreux secteurs bénéficient des retombées de la compétition en termes de consommation des ménages et de tourisme.
Mais attention, cet effet "Euro" risque d'être de courte durée selon les économistes. Beaucoup d'entreprises anticipent d'ailleurs une baisse d'activité après la compétition, ce qui explique un certain pessimisme dans les perspectives à 12 mois, au plus bas depuis 5 mois.
Défis et incertitudes pour la suite
Car au-delà du football, les services allemands restent pénalisés par la morosité ambiante liée à la guerre en Ukraine, l'inflation élevée et les défaillances persistantes de l'industrie. L'indice PMI composite, qui agrège services et secteur manufacturier, est d'ailleurs retombé à 50,4 en juin, proche de la stagnation.
Autres points de vigilance : la hausse des coûts, notamment salariaux, qui comprime les marges des entreprises de services. Même si la progression des prix ralentit, elle reste élevée en comparaison historique. De quoi fragiliser les acteurs les moins innovants et productifs.
Malgré ces défis, le secteur des services reste le meilleur atout de l'économie allemande pour éviter la récession. À condition de miser encore plus sur la modernisation, le numérique et la formation pour renforcer sa compétitivité. Un enjeu crucial alors que la démographie déclinante va accentuer les tensions sur le marché de l'emploi. L'innovation sous toutes ses formes sera plus que jamais la clé pour rester dans la course.
