Innovations de défense françaises : vers une industrie civile
Alors que s'ouvre le salon Eurosatory ce 17 juin, focus sur ces petites et moyennes entreprises françaises qui choisissent de mettre un pied dans le secteur de la défense. Un virage stratégique synonyme d'opportunités dans un contexte de hausse des commandes militaires, mais qui nécessite de s'adapter aux exigences spécifiques des armées.
Des innovations civiles au service des militaires
Parmi les plus de 2000 exposants présents au salon Eurosatory, on retrouve bien sûr les géants de l'industrie de défense. Mais aussi des PME et ETI aux profils plus atypiques, issues du monde civil et désireuses de transposer leur savoir-faire au secteur militaire. C'est le cas de Vitabri, spécialiste des tentes événementielles, qui propose désormais des modèles à déploiement semi-automatique d'un nouveau genre :
Il n'existait pas de tentes de grande dimension à déploiement semi-automatique. Il y a eu un réel engouement dans ce secteur que l'on ne connaissait pas.
Emmanuel Musner, président de Vitabri
Déployables en quelques secondes par deux personnes grâce à des vérins à gaz, ces tentes de 25m2 peuvent servir de postes de commandement ou de sécurité. Un modèle déjà adopté par le RAID et de grandes entreprises travaillant pour l'armée française.
L'hydrogène s'invite au combat
Autre exemple d'application militaire d'une technologie civile : le drone Hermione d'H2X Ecosystems. Cette PME bretonne, spécialiste de l'hydrogène, a mis au point un drone terrestre pouvant servir de plateforme énergétique grâce à sa pile à combustible.
Il peut alimenter le matériel des fantassins ainsi que les systèmes de communication et d'optique ou même d'autres drones.
Stéphane Paul, dirigeant d'H2X
Testé par l'armée de Terre, l'engin pourrait aussi trouver des débouchés dans l'agriculture ou la sécurité. Un petit générateur électrique à hydrogène est également en cours de développement.
Du sur-mesure pour les blindés
L'entreprise normande ACGB s'est quant à elle spécialisée dans la fabrication de réservoirs en aluminium adaptés aux véhicules militaires. Une diversification réussie, qui représente aujourd'hui 20% de son activité :
Un véhicule blindé a vocation à être utilisé en tout-terrain. Il y a des accélérations, des chocs. Même rempli il faut que son réservoir ne s'éventre pas.
Sylvain Aury, dirigeant d'ACGB
Le groupe compte une vingtaine de références pour des clients comme Arquus, Nexter ou encore Rheinmetall. Des contrats sur plusieurs années, même si les volumes restent variables.
Conjuguer expertise et adaptabilité
Si les process de fabrication restent souvent proches de ceux du secteur civil, les contraintes sont en revanche bien spécifiques. Technicité, robustesse, production locale... Autant de critères auxquels ces PME et ETI doivent répondre pour séduire les donneurs d'ordre militaires.
Un challenge stimulant pour ces entreprises, qui voient dans la défense un relais de croissance et un moyen de lisser leur activité. Un marché d'avenir aussi, alors que les commandes du ministère des Armées à ses fournisseurs ne cessent d'augmenter, pour atteindre 17,5 milliards d'euros en 2022.
Preuve que l'innovation made in France a de beaux jours devant elle, y compris sous les drapeaux. Et nul doute que le salon Eurosatory sera l'occasion pour ces pépites technologiques de montrer tout leur potentiel.