Intégrer les énergies renouvelables au réseau électrique
La transition énergétique est en marche en Europe, avec une part grandissante des énergies renouvelables dans le mix électrique. Mais cette croissance s'accompagne d'un nouveau défi : celui de l'intégration de ces énergies intermittentes au réseau. Un signal fort a été envoyé par les marchés au second trimestre 2024, avec une multiplication par trois du nombre d'heures à prix négatifs par rapport à 2023. Un phénomène qui touche même la France, pourtant moins concernée jusqu'à présent.
Prix négatifs : le symptôme d'un manque de flexibilité
Les prix négatifs sur les marchés de l'électricité ne sont pas un dysfonctionnement en soi, mais plutôt le signe qu'il manque encore des mécanismes de flexibilité sur les réseaux pour absorber la production croissante d'électricité renouvelable. Ils surviennent lorsque l'offre dépasse la demande, souvent en milieu de journée quand la production solaire est à son maximum alors que la consommation est plus faible.
Pour les éviter, plusieurs leviers existent, aussi bien du côté de la demande que de l'offre. Tour d'horizon des pistes explorées pour apporter plus de souplesse au système électrique.
Décaler les heures creuses en journée
Un premier levier consiste à décaler les heures creuses, historiquement concentrées la nuit, vers le milieu de la journée. C'est ce qu'a proposé la Commission de régulation de l'énergie (CRE) en mai dernier. L'idée : inciter les consommateurs, via des tarifs attractifs, à utiliser l'électricité quand la production solaire est abondante, notamment pour recharger les véhicules électriques qui se développent.
Arrêter les renouvelables quand les prix sont négatifs
Côté production, la CRE souhaite faire évoluer les mécanismes de soutien aux énergies renouvelables. Aujourd'hui, les producteurs bénéficiant de contrats d'obligation d'achat n'ont aucune incitation à interrompre leur production quand les prix de marché sont négatifs. La CRE propose d'introduire cette possibilité dans les contrats, ainsi que dans les compléments de rémunération.
Développer le stockage pour découpler production et consommation
Une autre solution pour donner de la flexibilité : le stockage de l'électricité. En France, quelques acteurs comme TotalEnergies ou ZE Energy investissent dans des batteries lithium-ion adossées à des centrales renouvelables. Cela permet de stocker l'énergie quand les prix sont bas pour la réinjecter aux heures de pointe. Mais pour accélérer, un cadre réglementaire et des mécanismes de soutien sont attendus.
Mieux interconnecter les réseaux européens
Enfin, le renforcement des interconnexions entre pays est un levier clé. Cela permet en effet de mieux répartir géographiquement la production renouvelable et de lisser les écarts entre l'offre et la demande. Un enjeu d'autant plus crucial qu'à l'horizon 2050, les renouvelables pourraient représenter 85% du mix électrique européen.
Pour intégrer ces renouvelables, les capacités de flexibilité sur les réseaux d'énergie européens devront être multipliées par 4,5.
– Engie
Tous ces leviers - pilotage de la demande, évolution des mécanismes de soutien, stockage, interconnexions - seront indispensables pour intégrer des parts croissantes d'énergies renouvelables, ressources clés de la transition énergétique. Un défi technique et économique, mais aussi une formidable opportunité d'innovation et de transformation du système électrique.