Intel se libère de TSMC pour ses futurs processeurs
Dans une annonce surprenante, le géant des semi-conducteurs Intel a dévoilé son intention de réduire drastiquement sa dépendance envers le fondeur taïwanais TSMC pour la production de ses futurs processeurs phares. Pat Gelsinger, directeur général d'Intel, s'est exprimé devant les analystes financiers en marge de la présentation des résultats trimestriels, promettant un rapatriement massif de la production en interne. Ce virage stratégique vise à redonner un avantage compétitif à Intel et à doper ses marges.
D'une intégration verticale à l'outsourcing, puis le retour aux sources
Historiquement, le modèle d'Intel reposait sur une intégration verticale complète, de la conception à la fabrication de ses puces. Mais en 2021, à peine nommé à son poste, Pat Gelsinger avait créé la surprise en annonçant un changement majeur de stratégie, acceptant de sous-traiter une partie de la production à TSMC. Une décision motivée par les importants retards technologiques accumulés par Intel dans les gravures les plus fines, menaçant la compétitivité de ses processeurs sur le marché.
Lunar Lake et Arrow Lake : les derniers CPU produits par TSMC
Les dernières générations de processeurs Intel, Lunar Lake et Arrow Lake, sont ainsi fabriquées par le fondeur taïwanais. Mais Intel compte bien inverser la tendance avec ses prochains CPU : Panther Lake, attendu l'an prochain, puis Nova Lake qui lui succédera un ou deux ans plus tard. Pat Gelsinger a confirmé que plus de 70% de la surface en silicium de Panther Lake sera à nouveau produite en interne.
Le nouveau procédé 18A comme arme technologique
Pour relever ce défi, Intel mise sur une innovation de rupture : un nouveau procédé de gravure baptisé 18A. Cette avancée technologique doit permettre à l'entreprise de rivaliser avec TSMC sur le segment des composants les plus avancés. Preuve de sa détermination, Intel a même renoncé au lancement de son procédé 20A initialement prévu pour Lunar Lake.
Intel Foundry Services : l'autre enjeu stratégique
Au-delà de la production de ses propres puces, Intel espère aussi que son procédé 18A boostera sa nouvelle activité de fonderie, Intel Foundry Services, au cœur du plan de relance de Pat Gelsinger. Mais cette division peine encore à décoller et accumule les pertes. Pour y remédier, Intel a annoncé mi-septembre qu'IFS deviendra une entité indépendante, ouverte à des investisseurs extérieurs pour financer son développement.
Nous appliquons pleinement la stratégie de rapatriement de la production de wafers que nous avons déjà exposée.
– Pat Gelsinger, CEO d'Intel
Ce changement de cap majeur est un pari audacieux pour Intel, qui doit prouver sa capacité à rattraper son retard technologique face à TSMC et répondre aux attentes du marché en termes de performance et de compétitivité. Les prochaines années seront décisives pour le géant américain, qui joue sa place de leader dans l'industrie des semi-conducteurs. Rendez-vous en 2025 pour l'arrivée de Panther Lake, premier jalon de cette reconquête.