International Paper : Un Avenir Incertain pour sa Fibre Cellulose
L'annonce a fait l'effet d'une petite bombe dans l'univers de la pâte à papier. International Paper, mastodonte américain de l'emballage en carton, vient de lancer une revue stratégique de son activité de production de fibre de cellulose. Dans le même temps, le groupe a décidé de fermer son usine de Georgetown en Caroline du Sud, d'une capacité de 300 000 tonnes. Quelles seront les conséquences de ces décisions sur ce marché très spécifique ? Éléments de réponse.
Un marché de niche remis en question
Si le papier et le carton représentent l'essentiel de l'activité d'International Paper, la fibre de cellulose constitue un marché de niche à part. Cette fibre est notamment utilisée dans les produits d'hygiène jetables comme les couches, serviettes ou tampons, mais aussi dans certains textiles ou matériaux de construction. Avec 8 usines dédiées en Amérique du Nord et en Europe, International Paper fait partie des leaders mondiaux du secteur.
Mais visiblement, cette activité ne semble plus aussi stratégique qu'avant pour le groupe. « Cette décision est cohérente avec notre stratégie de nous concentrer sur des solutions d'emballage durable », a sobrement commenté International Paper. Traduction : la fibre de cellulose n'est plus une priorité, et toutes les options sont sur la table, y compris une vente.
Un marché en perte de vitesse
Il faut dire que le marché de la fibre de cellulose n'est plus aussi porteur qu'il y a quelques années. Après avoir connu une croissance à deux chiffres dans les années 2000 et début 2010, portée par l'essor des produits d'hygiène jetables dans les pays émergents, la demande s'est tassée. La concurrence des fibres synthétiques et des produits alternatifs réutilisables a fait son œuvre.
Résultat, la production mondiale de fibre de cellulose a reculé de 2,5% par an en moyenne depuis 2017, pour tomber à 6,2 millions de tonnes en 2022 selon les données de la société d'études Numera Analytics. Et les prévisions ne sont guère optimistes pour les années à venir, tablant sur une poursuite de l'érosion des volumes.
Fermeture de l'usine de Georgetown
Dans ce contexte morose, International Paper a donc décidé de rééquilibrer son dispositif industriel mondial. Premier acte concret : la fermeture d'ici fin 2024 de son usine de Georgetown en Caroline du Sud. Ce site de 300 000 tonnes produisait de la pâte destinée principalement aux couches pour bébé. Sa production sera transférée vers d'autres usines du groupe.
Les 674 salariés du site, dont 148 cols blancs, sont évidemment les premières victimes de cette décision. « Ils bénéficieront d'indemnités de départ, de services de reclassement et d'un accès à des ressources en santé mentale », a précisé International Paper. Une maigre consolation...
Plusieurs scénarios pour la suite
Au-delà de cette fermeture, c'est donc l'avenir de toute l'activité cellulose d'International Paper qui est en suspens. Le groupe dit étudier « plusieurs options pour maximiser la valeur pour nos actionnaires ». Parmi les scénarios envisagés, une vente pure et simple de cette branche semble tenir la corde.
Plusieurs acquéreurs potentiels sont déjà cités, à commencer par le suédois Essity, numéro un mondial des produits d'hygiène, ou le brésilien Suzano. Mais une scission sous forme d'entité distincte introduite en bourse n'est pas non plus à exclure. Quoi qu'il en soit, International Paper devra faire vite. Car son grand rival américain Georgia-Pacific (filiale du conglomérat Koch Industries) a déjà annoncé son intention de se renforcer dans la fibre de cellulose, voyant là des opportunités de consolidation à saisir.
Une chose est sûre : le marché mondial de la fibre cellulose devrait connaître un nouveau round de concentration dans les mois qui viennent. Avec à la clé des fermetures d'usines et des réductions d'effectifs probables, mais aussi l'émergence de nouveaux champions de taille mondiale. La partie ne fait que commencer...