Investissements en capital-risque canadien : signes de fragilité en 2023
Alors que l'industrie du capital-risque au Canada tente de retrouver un équilibre après une année record en 2021, un récent rapport de BDC Capital révèle que 2023 a été une nouvelle année de recalibrage, présentant à la fois des signes de résilience et de fragilité pour le marché.
Une baisse des investissements et des rendements
Selon le rapport, les investissements en capital-risque au Canada ont chuté de 34% en 2023 par rapport à l'année précédente, totalisant 6,9 milliards de dollars canadiens répartis sur 660 transactions. Cette tendance reflète un retour progressif aux niveaux d'avant 2020.
En parallèle, les rendements des fonds de capital-risque canadiens ont également fléchi. Le taux de rendement interne (TRI) sur 10 ans est passé à 11,7% en 2023, suivant une trajectoire similaire à celle des États-Unis. Le TRI sur 1 an a même plongé en territoire négatif, perdant plus de 11%, principalement en raison des corrections de valorisation faisant suite à l'exubérance de 2021.
Hausse des "down rounds" et raccourcissement des runways
Un autre indicateur préoccupant est la proportion croissante de down rounds, ces tours de financement réalisés à une valorisation inférieure au tour précédent. Ils sont passés de 7% en 2022 à 31% en 2023. En outre, la durée médiane des runways de trésorerie s'est raccourcie et les financements relais ont diminué.
Sciences de la vie et technologies propres : des secteurs porteurs
Malgré ce contexte difficile, certains secteurs ont fait preuve d'une relative vigueur en 2023, notamment les sciences de la vie et les technologies propres. Bien que les technologies de l'information et de la communication (TIC) captent toujours la part du lion, on observe un léger rééquilibrage et un regain d'intérêt des investisseurs pour ces deux domaines porteurs.
Les sciences de la vie et les technologies propres ont attiré une plus grande part du total des dollars investis en capital-risque l'an dernier qu'en 2022.
– Rapport de BDC Capital
L'attrait des investisseurs étrangers pour le marché canadien
Un point positif soulevé par le rapport est le maintien de l'intérêt des investisseurs étrangers pour le capital-risque canadien. Pour la deuxième année consécutive, plus de la moitié des transactions comprenaient une participation étrangère, principalement américaine. Cela suggère que malgré les défis actuels, le Canada reste une destination attrayante.
Des réserves de "dry powder" significatives
Autre signe encourageant, BDC estime que les fonds de capital-risque basés au Canada disposent de 10,4 milliards de dollars de "dry powder", c'est-à-dire du capital engagé mais non encore alloué. Aux États-Unis, ce montant atteindrait même un record de 421 milliards selon PitchBook. De quoi potentiellement soutenir l'activité dans les mois à venir.
Perspectives 2024 : un optimisme prudent de mise
Pour 2024, BDC entrevoit la possibilité d'un optimisme mesuré, tout en reconnaissant la persistance de certains défis. Les entreprises technologiques et les gestionnaires de fonds devront faire preuve d'une rentabilité durable pour attirer de nouveaux investissements. Une baisse prolongée des rendements pourrait inciter certains investisseurs institutionnels à réallouer leurs capitaux vers d'autres classes d'actifs.
Néanmoins, si les taux d'intérêt baissent comme prévu, cela pourrait stimuler les fusions-acquisitions et aider à maintenir l'activité de capital-risque à son niveau actuel. L'espoir est que le marché retrouve un rythme de croissance soutenable après les turbulences récentes.
En somme, le rapport de BDC Capital dresse un portrait nuancé du capital-risque canadien en 2023, entre résilience et vulnérabilité. Si les défis persistent, certains signaux positifs laissent entrevoir des perspectives encourageantes pour les startups et l'écosystème d'innovation du pays. L'avenir nous dira si cet optimisme prudent était justifié.
