Investisseurs Innovants : Le Pari Gagnant des Universités
Imaginez que vous êtes un brillant chercheur, tout juste sorti d'un doctorat. Vous avez une idée révolutionnaire pour lutter contre le changement climatique, fruit de longues années de recherche acharnée. Mais pour passer de la paillasse au marché, le chemin est semé d'embûches. C'est là qu'interviennent des investisseurs visionnaires, qui ont fait le pari d'accompagner ces talents universitaires dès le stade embryonnaire de leur projet entrepreneurial.
Breakthrough Energy part en quête des pépites sur les campus
Parmi ces investisseurs engagés, on retrouve Breakthrough Energy, l'organisation fondée par Bill Gates dédiée aux innovations climatiques. Via son programme Discovery, elle identifie de jeunes talents prometteurs, souvent tout juste sortis d'un master ou d'un post-doctorat. En plus d'une bourse pouvant aller jusqu'à 500 000 $, les élus bénéficient de multiples ressources : mentoring, mise en réseau, accès à des conférences...
Comme l'explique Ashley Grosh, vice-présidente de Breakthrough Energy Discovery, l'objectif est de combler un vide dans le financement de l'innovation verte :
Les programmes gouvernementaux peuvent financer la science, mais ils ne sont pas vraiment positionnés pour repérer les futurs gagnants et miser dessus.
- Ashley Grosh, VP Breakthrough Energy Discovery
Du garage de Stanford au réacteur haute technologie
L'histoire de Molten Industries illustre parfaitement la démarche. Ses fondateurs, Caleb Boyd et Kevin Bush, ont démarré leur projet dans le garage d'un professeur de Stanford. Objectif : casser la molécule de méthane pour en extraire l'hydrogène, sans émettre de CO2. Breakthrough Energy les a repérés à ce stade ultra précoce, leur donnant un coup de pouce décisif :
On branchait notre réacteur de pyrolyse sur la prise de recharge de sa voiture électrique, et on le chauffait à 1000°C pour craquer le méthane. Le soutien de Breakthrough Energy nous a permis de passer à l'étape supérieure.
- Caleb Boyd, co-fondateur de Molten Industries
Azolla Ventures mise sur des "proto-entreprises" à fort potentiel
Comme Breakthrough, le fonds Azolla Ventures se positionne très en amont. Sa managing partner Johanna Wolfson parle de "proto-entreprises" :
Ce n'est pas encore une entreprise, mais si on plisse les yeux, on peut voir comment ça pourrait le devenir.
- Johanna Wolfson, Managing Partner d'Azolla Ventures
Pour dénicher ces pépites, Azolla s'appuie notamment sur des "fellowships" avec des doctorants, qui font office d'éclaireurs. L'objectif : aller là où les autres investisseurs ne vont pas, comme le Georgia Tech, un vivier sous-estimé.
Un accompagnement au-delà du chèque
Au-delà du financement, ces investisseurs early-stage apportent un précieux soutien "non financier" aux founders universitaires :
- Mentoring avec des entrepreneurs et experts chevronnés
- Mise en réseau avec l'écosystème des startups climate tech
- Aide sur des sujets pointus : stratégie PI, développement produit, business development...
Selon Boyd, de Molten Industries, cet accompagnement a été déterminant, notamment au moment de pivoter son modèle. Au départ focalisée sur l'hydrogène, la startup a décidé de se diversifier en valorisant le carbone issu de son procédé, pour produire du graphite pour batteries. Un virage stratégique sur lequel l'équipe de Breakthrough a beaucoup aidé.
Les universités, terreau fertile des futures licornes climate tech ?
En pariant sur les startups universitaires au stade le plus précoce, ces investisseurs visionnaires prennent un risque, certes. Mais le jeu en vaut la chandelle. Car derrière ces "proto-entreprises" en devenir, se cachent potentiellement les futures licornes de la tech climatique.
Aider ces pépites à passer du labo au marché, c'est accélérer le déploiement de solutions climatiques innovantes, à un moment où nous en avons cruellement besoin. Alors oui, toutes ne deviendront pas des Tesla ou des Beyond Meat. Mais quelques success stories suffiront à prouver que le pari en valait la peine. La planète, elle, n'attend pas.
