JustiGuide Révolutionne l’Immigration USA avec l’IA
Imaginez-vous fraîchement diplômé aux États-Unis, plein d’ambition, mais face à un mur administratif de plusieurs milliers de pages, des formulaires incompréhensibles et des frais d’avocat qui dépassent parfois 15 000 dollars. C’est le parcours du combattant que vivent des centaines de milliers d’immigrants chaque année. Et si une intelligence artificielle pouvait transformer ce cauchemar en simple conversation ?
JustiGuide : quand l’IA s’attaque au labyrinthe de l’immigration américaine
C’est l’histoire de Bisi Obateru, un Nigérian arrivé aux États-Unis pour ses études. Après avoir obtenu son diplôme, il a dû affronter seul le parcours du visa H1-B puis de la green card. Des mois d’angoisse, des nuits blanches à décrypter des textes de loi, et une facture salée. De cette expérience est née JustiGuide, une plateforme qui promet de rendre l’immigration plus humaine, plus rapide et surtout beaucoup moins chère.
En novembre 2025, la startup a fait parler d’elle en remportant le prix du meilleur pitch dans la catégorie « Policy + Protection » lors du célèbre TechCrunch Disrupt. Un signe que le projet ne laisse personne indifférent.
Dolores, l’IA qui parle 12 langues et connaît 40 000 décisions de justice
Au cœur de JustiGuide trône Dolores – clin d’œil assumé à la série Westworld ? – une intelligence artificielle spécialisée dans le droit de l’immigration américaine. Formée sur plus de 40 000 décisions de justice rendues publiques par le Free Law Project, elle est capable de répondre en temps réel, dans la langue maternelle de l’utilisateur.
« Les immigrants peuvent venir et parler dans leur langue natale pour comprendre quel pourrait être leur parcours migratoire »
– Bisi Obateru, fondateur de JustiGuide
Espagnol, mandarin, hindi, arabe, français, portugais, russe… Dolores traduit instantanément et explique les options de visa avec une précision qui fait parfois pâlir les avocats généralistes.
Trois piliers pour révolutionner l’accès au droit
La plateforme repose sur trois fonctionnalités majeures :
- Un assistant juridique IA disponible 24h/24 capable d’évaluer l’éligibilité à différents visas (H1-B, O-1, EB-2, asile, etc.)
- Un système de mise en relation intelligente entre immigrants et avocats spécialisés, avec des devis transparents
- Un outil d’automatisation de formulaires qui remplace des heures de travail de paralegal et réduit drastiquement les erreurs
Le modèle économique ? Les utilisateurs paient soit un abonnement modéré pour l’IA seule, soit des frais réduits lorsqu’ils passent par un avocat partenaire. L’idée : utiliser l’avocat uniquement pour la relecture finale, pas pour tout le travail de base.
47 000 utilisateurs et des clients inattendus
En quelques mois seulement, JustiGuide revendique déjà 47 000 utilisateurs. Parmi eux, on trouve :
- Des étudiants internationaux qui envisagent de créer leur startup (et découvrent l’option EB-2 NIW)
- Des détenteurs de H1-B coincés dans la loterie qui explorent des alternatives
- Des fondateurs de startups tech qui veulent recruter les meilleurs talents mondiaux sans se ruiner en frais juridiques
- Et même… des cabinets d’avocats qui utilisent la plateforme pour accélérer leurs dossiers !
Bisi Obateru le reconnaît sans détour : certains avocats voient JustiGuide comme une menace. D’autres y voient l’opportunité de traiter plus de dossiers à moindre coût et de se concentrer sur la stratégie plutôt que sur la paperasse.
La question qui fâche : l’IA peut-elle vraiment remplacer un avocat ?
Non, répond clairement le fondateur. Mais elle peut rendre l’accès au droit infiniment plus démocratique. Aujourd’hui, une consultation initiale avec un avocat en immigration coûte entre 300 et 800 dollars l’heure. Dolores, elle, répond gratuitement ou pour quelques dizaines de dollars par mois.
Le pari de JustiGuide : 80 % du travail d’un dossier d’immigration est répétitif et peut être automatisé. Les 20 % restants – stratégie complexe, représentation devant un juge – nécessitent toujours un humain.
« Plus nous rendons la technologie accessible, plus les gens seront capables de remplir eux-mêmes leurs formulaires et de n’utiliser les avocats que pour la relecture »
– Bisi Obateru
Une stratégie… surprenante sur les réseaux sociaux
Au lancement, l’équipe a adopté une méthode pour le moins originale : Dolores scannait automatiquement Reddit, Facebook, Instagram et LinkedIn à la recherche de questions sur l’immigration (« Comment passer de F-1 à green card ? », « Mon H1-B a été refusé, que faire ? ») et répondait directement aux utilisateurs.
Une technique de growth hacking qui a permis d’acquérir les premiers milliers d’utilisateurs… mais qui pose aujourd’hui des questions éthiques évidentes. La pratique a depuis été arrêtée.
Confidentialité : la grande promesse
Dans un domaine aussi sensible que l’immigration, la protection des données est cruciale. JustiGuide assure que :
- Toutes les données sont stockées on-premise (pas dans le cloud public)
- Les conversations sont chiffrées de bout en bout
- Aucune information personnelle n’est partagée avec un avocat sans consentement explicite
- Une partie des données est anonymisée dès le départ
La startup est d’ailleurs en train de s’enregistrer comme cabinet d’avocats afin de pouvoir proposer directement ses propres avocats partenaires.
Et demain ?
Si JustiGuide commence par les États-Unis – le marché le plus complexe et le plus lucratif –, l’ambition est mondiale. Le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et l’Europe sont dans le viseur.
Plus audacieux encore : Bisi Obateru rêve qu’un jour, des institutions gouvernementales elles-mêmes licencient la technologie pour améliorer leurs propres services. Difficile d’imaginer l’USCIS adopter une IA privée… mais qui sait ?
Une chose est sûre : JustiGuide fait partie de ces startups qui ne se contentent pas de créer un produit. Elles s’attaquent à un problème de société profond : l’inégalité d’accès au droit dans un monde où les frontières physiques s’effacent mais où les frontières administratives restent impitoyables.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Une IA peut-elle rendre la justice plus équitable ? Ou risque-t-on de voir apparaître de nouvelles formes d’erreurs, voire de discrimination algorithmique dans un domaine aussi sensible ?
L’histoire de JustiGuide ne fait que commencer. Mais une chose est déjà certaine : l’immigration ne sera plus jamais tout à fait comme avant.