Kaspersky Défend le Remplacement Forcé de Son Antivirus Sans Consentement

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Kaspersky Défend le Remplacement Forcé de Son Antivirus Sans Consentement Innovationsfr
septembre 27, 2024

Kaspersky Défend le Remplacement Forcé de Son Antivirus Sans Consentement

L'antivirus russe Kaspersky se retrouve sous le feu des critiques après avoir remplacé son logiciel par un concurrent américain, UltraAV, chez près d'un million de clients aux États-Unis sans leur consentement explicite. Cette migration forcée fait suite à l'interdiction sans précédent des autorités américaines visant tous les produits Kaspersky dans le pays.

Alors que certains utilisateurs dénoncent une atteinte à leur vie privée, la société de cybersécurité se défend en invoquant la nécessité d'assurer une protection sans interruption pour ses clients Windows suite à son retrait du marché américain. Explications sur cette polémique qui soulève des questions sur la confiance et la transparence dans le monde des antivirus.

Une migration automatique contestée

Début septembre, environ un million d'utilisateurs américains de Kaspersky ont eu la surprise de voir leur antivirus disparaître de leurs machines pour être remplacé par UltraAV, un logiciel appartenant à la société américaine Pango. Concrètement, Kaspersky s'est désinstallé automatiquement et UltraAV s'est installé à la place, sans aucune interaction de l'utilisateur.

C'est justement ce manque d'interaction et de demande de consentement qui a dérouté et préoccupé certains clients. Le porte-parole de Pango a défendu cette migration automatique en expliquant qu'elle visait à éviter toute interruption de protection pour les utilisateurs Windows suite à l'interdiction de Kaspersky aux États-Unis.

L'ancien directeur de la NSA pointe les risques

Rob Joyce, l'ancien directeur de la cybersécurité à la NSA (Agence de sécurité nationale américaine), a souligné dans une série de messages sur X (ex-Twitter) que cette migration automatique montrait pourquoi accorder un accès privilégié à Kaspersky sur les ordinateurs était un "risque énorme". "Ils avaient un contrôle total sur votre machine", a-t-il écrit.

Fondamentalement, si vous installez un logiciel, il peut se mettre à jour pour devenir quelque chose d'entièrement nouveau, changer de marque et/ou de propriétaire.

– Martijn Grooten, consultant en cybersécurité et ancien rédacteur en chef de Virus Bulletin

Une communication insuffisante selon les experts

Si les experts en sécurité reconnaissent que la migration était légale d'un point de vue technique, beaucoup estiment que Kaspersky aurait dû mieux informer ses utilisateurs, étant donné que la confiance est essentielle en matière de logiciels de sécurité. Francesco Tius, porte-parole de Kaspersky, assure que les clients concernés ont été informés par e-mail et via des messages intégrés à l'application.

Mais certains utilisateurs affirment n'avoir reçu aucune communication préalable. Kaspersky explique que ceux n'ayant pas d'adresse e-mail enregistrée n'ont été avertis que via un message dans l'application. Une communication jugée insuffisante par les spécialistes au vu de l'ampleur du changement.

UltraAV, un nouvel antivirus sans historique

Au-delà du mode opératoire contesté, c'est aussi le choix d'UltraAV qui suscite des interrogations. Il s'agit en effet d'un antivirus flambant neuf, sans aucun historique ni audit de sécurité publié à ce jour. De quoi nourrir les inquiétudes des clients Kaspersky qui se retrouvent équipés d'un logiciel inconnu du jour au lendemain.

La société Pango, propriétaire d'UltraAV, se veut rassurante en mettant en avant son expertise dans la cybersécurité. Mais pour beaucoup d'utilisateurs, la pilule reste difficile à avaler. Ils auraient préféré avoir le choix de leur nouvelle solution de sécurité plutôt que de se voir imposer un logiciel sans leur consentement.

Les enjeux de confiance et de vie privée

Au-delà de Kaspersky et UltraAV, cette affaire soulève des questions plus larges sur la confiance que les utilisateurs accordent aux éditeurs de solutions de sécurité. En acceptant d'installer un antivirus, les clients lui donnent des accès étendus à leur machine et à leurs données. Un niveau de contrôle qui doit s'accompagner d'une totale transparence.

La polémique met aussi en lumière les enjeux de souveraineté numérique et de protection des données personnelles. En interdisant Kaspersky, les autorités américaines ont voulu écarter tout risque d'espionnage ou d'intrusion russe. Mais cette décision unilatérale a eu des conséquences directes sur la vie privée de nombreux citoyens, contraints de changer de logiciel sans leur accord.

Enfin, cette affaire est symptomatique de la complexité croissante de l'écosystème de la cybersécurité, où les frontières entre éditeurs et nations sont de plus en plus floues. Dans ce contexte, il est crucial pour les utilisateurs de garder le contrôle sur leurs données et leurs outils de protection. Car derrière chaque antivirus se cachent des enjeux stratégiques et politiques qui dépassent souvent le simple choix d'un logiciel.

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