Kaspersky : retrait du marché américain après l’interdiction
L'éditeur russe de solutions de cybersécurité Kaspersky a annoncé le 15 juillet son retrait progressif du marché américain, près de 20 ans après son implantation outre-Atlantique. Une décision qui intervient moins d'un mois après l'interdiction par le gouvernement US de la vente de ses logiciels antivirus dans tout le pays, sur fond de tensions géopolitiques exacerbées entre Washington et Moscou.
Kaspersky persona non grata aux États-Unis
Le 25 juin dernier, le département américain du Commerce a officiellement banni la vente et l'utilisation des logiciels Kaspersky sur le territoire, les accusant de servir d'outils d'espionnage et de collecte de données pour le compte du Kremlin. Selon la secrétaire au Commerce Gina Raimondo :
Kaspersky entretient des liens étroits avec Moscou, qui l'utiliserait pour collecter et utiliser comme armes les données personnelles des Américains.
Une accusation réfutée par l'entreprise russe, qui dénonce une décision "prise sur la base du climat géopolitique actuel et de craintes théoriques". Kaspersky a toujours nié toute proximité avec les autorités russes.
Interdiction de vente et sanctions
En conséquence de cette interdiction, qui prendra effet le 20 juillet pour la vente de nouveaux logiciels :
- Kaspersky pourra encore fournir des mises à jour logicielles et de sécurité jusqu'au 29 septembre.
- Les sociétés Kaspersky Lab et Kaspersky Group (Russie), ainsi que Kaspersky Labs Limited (Royaume-Uni) ont été placées sur la liste noire américaine.
- Toute entreprise américaine a désormais l'interdiction de nouer des relations commerciales avec elles.
Par ailleurs, le Trésor américain a gelé les avoirs de 12 dirigeants de Kaspersky Lab le lendemain de cette annonce. La FCC avait déjà classé les produits de l'éditeur comme "menace pour la sécurité nationale" en mars.
Un retrait du marché progressif
Face à ces sanctions, Kaspersky a annoncé la fermeture progressive de ses opérations américaines à partir du 20 juillet, et le licenciement de ses salariés basés aux États-Unis.
L'entreprise a soigneusement examiné et évalué l'impact des exigences légales américaines et a pris cette décision triste et difficile car les opportunités commerciales dans le pays ne sont plus viables.
Communiqué de Kaspersky
Le départ de Kaspersky marque un tournant dans les relations russo-américaines sur le front de la cybersécurité. Dès 2017, l'administration Trump avait interdit aux agences fédérales d'utiliser les solutions de l'éditeur, soupçonné d'aider les services de renseignement russes.
Plus récemment, le Canada a également banni les outils Kaspersky des téléphones professionnels de ses fonctionnaires en novembre dernier. Un isolement croissant qui pousse désormais l'entreprise à se retirer du marché nord-américain, malgré deux décennies de présence.
Le départ de ce géant de la cybersécurité témoigne de l'impact grandissant des tensions géopolitiques sur le secteur technologique. Reste à voir comment Kaspersky réorientera sa stratégie, et si d'autres acteurs russo-américains du numérique seront touchés par ce climat de défiance.