La Boucle beauté expérimente le réemploi d’emballages cosmétiques
Et si vos flacons de crème et de parfum pouvaient avoir plusieurs vies ? C'est le pari de la coalition La Boucle beauté, qui expérimente actuellement la collecte et le réemploi d'emballages cosmétiques dans une sélection de magasins Sephora et Nocibé. Une initiative inédite portée par cinq grandes marques du secteur, pour réduire l'impact environnemental de ces produits souvent synonymes de luxe et de déchet.
La Boucle beauté, une coalition engagée pour le réemploi
Lancée en janvier 2025, La Boucle beauté réunit cinq marques phares du secteur cosmétique : Chanel, Clarins, Lancôme, Clinique et Sephora collection. Accompagnées par les distributeurs Sephora et Nocibé, elles se sont engagées dans un projet ambitieux : tester un dispositif de collecte et de réemploi des emballages cosmétiques en point de vente.
Concrètement, les clientes sont invitées à rapporter leurs flacons vides dans les magasins participants. Après un tri pour évaluer leur état, les emballages en bon état seront lavés par Coveco, un spécialiste de l'hygiène des contenants cosmétiques, puis reconditionnés pour être remis en rayon.
Des objectifs multiples pour construire un modèle viable
Au-delà de la dimension écologique, cette expérimentation vise plusieurs objectifs selon Marie-Caroline Berthier, consultante chez Circul'R qui accompagne le projet :
- Tester l'appétence des consommateurs pour le réemploi en magasin
- Identifier les freins et motivations du personnel en point de vente
- Gagner en expertise sur le lavage des contenants cosmétiques
- Vérifier la performance de la logistique inversée
- Développer des convictions sur les plans économique et environnemental
Nous réalisons des tests avec le laveur pour identifier les emballages les plus adaptés au réemploi. Nous sommes dans une phase exploratoire pour tirer des enseignements
explique Marie-Caroline Berthier.
Un apprentissage progressif pour lever les freins
Malgré l'engouement croissant pour des cosmétiques plus durables, le réemploi reste un concept émergent qui doit convaincre. Parmi les principaux défis : sensibiliser les clientes à la différence avec le recyclage, former les conseillères en magasin, assurer une expérience fluide en point de vente...
La Boucle beauté mise sur une approche progressive, en se concentrant dans un premier temps sur des références faciles à laver et qui se vendent bien. Le verre est privilégié par rapport au plastique qui pose encore des défis techniques et économiques.
L'packaging a aussi son importance, avec des éléments de signalétique clairs, des informations accessibles via QR code et une communication par email auprès des clients. Un moyen d'éduquer en douceur à ces nouveaux gestes.
Vers un déploiement progressif dans le secteur du luxe
Si les résultats sont concluants, La Boucle beauté pourrait préfigurer une transformation plus large des modes de consommation cosmétiques. D'autres initiatives sont déjà en projet, comme une boucle dédiée aux flacons de parfum qui devrait voir le jour d'ici fin 2025.
À terme, il s'agit de construire des modèles économiques pérennes autour du réemploi, en s'appuyant sur l'image de marque des enseignes de luxe. Un cercle vertueux qui pourrait réconcilier esthétique, plaisir et responsabilité environnementale.
Pour qu'il soit viable, le réemploi nécessite d'importants volumes et un nombre conséquent de rotations. C'est tout l'enjeu de ces expérimentations : massifier progressivement pour faire changer d'échelle.
conclut Marie-Caroline Berthier.
Un pari audacieux et nécessaire, pour faire de la beauté une source de valorisation des ressources plutôt que de gaspillage. Une belle façon de boucler la boucle.
