La Bourse Chahutée par la Crise Politique Française
Alors que le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier semble au bord de la censure, une première depuis 1962 en France, les marchés obligataires s'affolent. La prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir de la dette française plutôt qu'allemande atteint des niveaux records depuis plus de 12 ans.
La chute probable du gouvernement fait flamber les taux français
Sauf surprise de dernière minute, la fragile coalition menée par Michel Barnier devrait être renversée cette semaine par une motion de censure. Un événement rarissime sous la Ve République, qui bloquerait les réformes destinées à réduire le déficit budgétaire français. Face à ces incertitudes politiques, les investisseurs réclament une rémunération supplémentaire pour continuer à financer la France.
Résultat, l'écart de taux (spread) entre les obligations d'État françaises et allemandes à 10 ans, qui mesure cette prime de risque, s'est tendu jusqu'à 90 points de base lundi. Du jamais vu depuis 2012 ! Il s'est légèrement resserré mardi à 86,7 points, mais reste proche de ses plus hauts historiques.
Les Bunds allemands, valeur refuge ultime en zone euro
À l'inverse, les taux allemands à 10 ans ont à peine augmenté mardi (+0,5 point à 2,04%), après une série de 8 séances consécutives de baisse. Un mouvement lié aux sombres perspectives économiques, mais surtout au statut de valeur refuge des Bunds, sur lesquels les investisseurs se replient lorsque le risque monte ailleurs en zone euro.
Les marchés anticipent un taux de dépôt de la BCE d'environ 1,8% en juillet, contre 1,87% estimé vendredi. Les chances d'une baisse de 50 points en juin sont jugées inférieures à 20%.
– Stefano Rebaudo, Reuters
L'Italie dans le viseur, la BCE sur ses gardes
Le spread italien, lui, reste sous surveillance à 121 points de base, avec un taux à 10 ans à 3,26%. Un niveau encore loin des sommets de 2022, mais qui témoigne d'une certaine défiance envers la dette transalpine.
Quant à la Banque centrale européenne, elle joue l'apaisement mais se tient prête à intervenir. Ses taux directeurs sont pour l'instant attendus stables à court terme. Mais les anticipations d'une détente monétaire cet été, si la crise devait s'aggraver, commencent à monter.
La crise politique française pourrait donc avoir des répercussions bien au-delà de l'Hexagone. Elle met en lumière la fragilité de certains pays de la zone euro, et les défis qui attendent la BCE pour maintenir la stabilité sur le marché de la dette souveraine. Une épineuse équation, entre risques économiques et tensions politiques...