La Californie met fin aux flux addictifs pour les mineurs
Imaginez un monde où les réseaux sociaux sont conçus pour vous garder scotché à votre écran, sans vous laisser le choix. C'est ce que vivent de nombreux adolescents, happés par des flux de contenu savamment calibrés pour créer une dépendance. Mais la Californie a décidé de dire stop à ces pratiques, avec une loi inédite.
La Californie passe à l'action contre les flux addictifs
Le mardi 31 décembre 2024, un juge fédéral a rejeté la contestation du groupe de pression technologique NetChoice concernant la loi californienne SB 976, qui interdit aux entreprises de proposer des "flux addictifs" aux mineurs. Concrètement, à partir du mercredi 1er janvier 2025, les entreprises n'auront plus le droit de servir un flux addictif à un utilisateur californien mineur, sauf avec le consentement explicite des parents.
La loi définit un flux addictif comme "un algorithme qui sélectionne et recommande du contenu aux utilisateurs en fonction de leur comportement, et non de leurs préférences explicites". Une définition large qui englobe bon nombre de réseaux sociaux et plateformes de streaming.
Des garde-fous pour protéger les plus jeunes
À partir de janvier 2027, les entreprises devront utiliser des "techniques d'assurance de l'âge", comme des modèles d'estimation de l'âge, pour déterminer si un utilisateur est mineur et ajuster son flux en conséquence. Une mesure forte pour responsabiliser les plateformes.
Les enfants et les adolescents méritent de grandir sans être manipulés par des algorithmes conçus pour les rendre accros aux écrans.
- Gavin Newsom, gouverneur de Californie
Une opposition farouche des géants de la tech
Sans surprise, l'association NetChoice, qui compte parmi ses membres Meta, Google et X (ex-Twitter), a attaqué en justice la loi SB 976, arguant qu'elle violait le premier amendement sur la liberté d'expression. Mais le juge n'a pas été convaincu et a autorisé l'entrée en vigueur de l'interdiction des flux addictifs, tout en bloquant d'autres éléments comme la restriction des notifications nocturnes pour les mineurs.
Les géants de la tech craignent un effet domino si d'autres États emboîtent le pas à la Californie. D'ailleurs, New York a adopté une législation similaire en juin dernier. La pression monte pour réguler un secteur longtemps roi.
Vers une prise de conscience collective
Au-delà des aspects légaux, cette décision marque un tournant dans la perception des réseaux sociaux et de leurs effets sur les plus jeunes. Pendant trop longtemps, le sujet a été balayé d'un revers de main, au nom de l'innovation et de la liberté des plateformes. Mais les preuves des dégâts de l'addiction numérique sur la santé mentale, les relations sociales et même les capacités cognitives des ados s'accumulent.
Il est temps de repenser notre rapport au numérique, et surtout celui de nos enfants. La régulation a un rôle clé à jouer, mais elle ne suffira pas sans une prise de conscience collective. Parents, éducateurs, professionnels de santé... Nous sommes tous concernés et devons agir, chacun à notre niveau.
- Instaurer des règles claires sur le temps d'écran à la maison
- Éduquer les jeunes aux enjeux du numérique et aux techniques de manipulation
- Proposer des activités alternatives, ancrées dans la vie réelle
- Être des modèles en utilisant nous-mêmes le numérique de façon raisonnée
Les réseaux sociaux ne sont pas une fatalité. Nous pouvons façonner un avenir numérique plus éthique et respectueux du développement de nos enfants. La Californie nous montre la voie, à nous de suivre le mouvement pour offrir aux générations futures un monde connecté plus sain.