La capture directe du carbone dans l’océan, une nouvelle frontière
Imaginez un monde où l'on pourrait capter le dioxyde de carbone directement dans les vastes étendues océaniques et produire simultanément de l'hydrogène vert. C'est le pari audacieux de la startup néerlandaise Brineworks, qui développe une technologie innovante d'électrolyse de l'eau de mer. Une approche qui pourrait bien révolutionner la lutte contre le changement climatique.
La capture directe dans l'océan, un potentiel inexploité
Alors que les méthodes de capture directe du carbone dans l'air font l'objet de nombreuses recherches, l'océan reste un terrain largement inexploité. Pourtant, avec une concentration en CO2 environ 150 fois supérieure à celle de l'atmosphère, l'eau de mer offre un potentiel considérable. Brineworks entend bien en tirer parti grâce à sa technologie unique d'électrolyse de l'eau de mer.
Un procédé économe en énergie et rentable
Le principal défi de la capture directe du carbone réside dans les coûts élevés, qui oscillent entre 210 et 570 euros par tonne de CO2 pour les méthodes traditionnelles. L'approche de Brineworks se démarque par son efficacité énergétique :
La densité supérieure de l'océan implique une énergie requise proportionnellement bien moindre par rapport à la capture dans l'air, pour une même quantité de CO2 extraite.
Gudfinnur Sveinsson, PDG de Brineworks
Résultat : la startup table sur un coût inférieur à 100 dollars par tonne de CO2 à grande échelle. Un niveau de rentabilité inédit qui pourrait accélérer massivement l'adoption de ces technologies.
L'hydrogène vert, un atout supplémentaire
L'électrolyseur d'eau de mer mis au point par Brineworks ne se contente pas d'extraire le CO2. Il produit également de l'hydrogène vert lors du processus, créant ainsi un flux de revenus additionnel. Cet hydrogène propre et renouvelable, obtenu grâce à l'énergie solaire ou éolienne, ouvre de nombreuses perspectives :
- Stockage d'énergie verte intermittente
- Carburant zéro émission pour le transport
- Matière première pour l'industrie chimique
La possibilité de déployer cette technologie de façon autonome, grâce au stockage de l'hydrogène produit, renforce encore son attrait. Comme le souligne Hampus Jakobsson, partenaire chez Pale Blue Dot, le fonds nordique ayant mené un tour de financement de 2 millions d'euros pour Brineworks :
Et si n'importe quelle nation pouvait produire du pétrole durable à partir uniquement d'électricité renouvelable et d'eau de mer ? Nous pensons que Brineworks a trouvé la clé.
Un premier pilote prometteur aux Canaries
Pour démontrer le potentiel de sa technologie, Brineworks lance un premier projet pilote sur les îles Canaries. L'objectif est de capturer une tonne métrique de carbone par semaine. Si les résultats sont concluants, la startup compte déployer sa solution à plus grande échelle.
Brineworks n'est pas seule sur ce créneau porteur. D'autres startups comme Calcarea ou Captura développent également des technologies de capture du CO2 en mer. Mais avec son approche combinant décarbonation et production d'hydrogène vert, la pépite néerlandaise pourrait bien tirer son épingle du jeu.
Vers un avenir décarbonné grâce aux océans ?
Alors que la lutte contre le réchauffement climatique s'intensifie, avec des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, il est urgent d'explorer toutes les pistes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. La capture directe du carbone dans l'océan pourrait bien être une arme de choix dans cet arsenal, aux côtés d'autres solutions comme les énergies renouvelables ou l'amélioration de l'efficacité énergétique.
Si les promesses de Brineworks se concrétisent, on peut imaginer à terme un réseau d'installations offshore captant le CO2 dissous dans l'eau de mer à grande échelle, tout en alimentant l'économie en hydrogène vert. Une perspective enthousiasmante pour notre planète bleue, qui mérite qu'on lui accorde toute notre attention dans les années à venir.