La chimie française en crise : un avenir incertain

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octobre 21, 2024

La chimie française en crise : un avenir incertain

Sombre tableau pour l'industrie chimique française. Depuis plusieurs mois, le secteur enchaîne les mauvaises nouvelles avec un taux d'utilisation des usines au plus bas et des restructurations à la clé. Selon France Chimie, ce sont près de 15 000 emplois qui pourraient être supprimés d'ici 3 ans si la tendance ne s'inverse pas. Les causes de ce marasme sont multiples, entre crise de la demande, flambée des prix de l'énergie et concurrence internationale exacerbée.

Un taux d'utilisation des usines en berne

Premier symptôme de la crise traversée par la chimie française : la sous-utilisation des capacités de production. Depuis deux ans, le taux moyen d'utilisation des usines peine à dépasser les 75%. Un niveau particulièrement bas pour un secteur très capitalistique où la rentabilité n'est souvent atteinte qu'au-delà de 80%.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre avec une vague de restructurations touchant de nombreux sites. Rien que depuis début 2024, les plans sociaux se sont multipliés, de Solvay dans le Gard à WeylChem-Lamotte dans l'Oise en passant par le géant américain ExxonMobil en Seine-Maritime. Au total, plus d'un millier d'emplois ont déjà été supprimés cette année.

Conjoncture morose et prix de l'énergie

Cette crise s'explique d'abord par des facteurs conjoncturels, au premier rang desquels la faiblesse persistante de la demande dans la plupart des secteurs clients. De l'automobile à la construction en passant par l'aéronautique, rares sont les marchés épargnés par le ralentissement économique. Un coup dur pour les entreprises chimiques dont les carnets de commandes peinent à se remplir.

Autre handicap de taille : la flambée des prix de l'énergie, en particulier du gaz et de l'électricité dont la chimie est très gourmande. Malgré les boucliers tarifaires mis en place par le gouvernement, de nombreux industriels peinent à répercuter ces surcoûts et voient leurs marges s'effriter dangereusement. Une situation aggravée par le manque d'accès à une énergie décarbonée compétitive, pourtant cruciale pour la transition énergétique du secteur.

La menace venue d'Asie et des États-Unis

Au-delà de ces vents contraires, l'industrie chimique française souffre aussi de handicaps plus structurels face à la concurrence internationale. La menace vient notamment de Chine, qui a massivement investi dans de nouvelles capacités ces dernières années, créant des surcapacités sur certains segments. Résultat, les importations asiatiques grignotent des parts de marché, y compris sur des produits historiquement fabriqués en Europe comme le PVC.

La pression concurrentielle s'exerce aussi du côté des États-Unis, qui profitent de coûts énergétiques nettement plus faibles grâce au gaz de schiste. Un avantage compétitif difficilement soutenable pour les acteurs européens, comme l'illustre la multiplication des dossiers anti-dumping déposés à Bruxelles. Sur les 132 procédures en cours, 30 concernent ainsi le secteur de la chimie !

Un plan d'urgence pour la filière

Face à ce cocktail de difficultés, France Chimie tire la sonnette d'alarme et réclame des mesures de soutien urgentes. Au cœur des revendications : la question énergétique, avec des demandes de visibilité sur les prix de l'électricité après 2025 pour les secteurs électro-intensifs. Autres priorités : la simplification réglementaire et un meilleur accompagnement des projets de décarbonation.

Des doléances relayées au niveau européen où de nombreuses fédérations plaident pour des outils de protection renforcée face aux importations déloyales. L'idée d'un « Buy European Act » sur le modèle américain fait notamment son chemin pour soutenir l'industrie communautaire. Reste à voir si ces appels seront entendus alors que la chimie française joue son avenir à court terme. Une chose est sûre : sans réponse rapide et d'envergure, le risque est grand de voir la filière tricolore décrocher durablement.

En France, selon notre dernier baromètre interne, 30% de nos sondés déclarent un taux d'utilisation sous les 70% !

– Magali Smets, directrice générale de France Chimie.
  • Depuis deux ans, le taux d'utilisation moyen des usines chimiques peine à dépasser 75% en France.
  • France Chimie alerte sur le risque de perdre 15 000 emplois d'ici fin 2027 si la tendance ne s'inverse pas.
  • Faible demande, coûts énergétiques élevés et concurrence internationale pèsent sur la compétitivité de la filière.
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