La Chine Menace l’Europe de Représailles dans l’Automobile
Un vent de fronde souffle sur l'industrie automobile chinoise. Agacés par la décision de l'Union Européenne d'imposer des droits de douane pouvant aller jusqu'à 38,1% sur les véhicules électriques made in China, les constructeurs du géant asiatique réclament des représailles. Selon eux, Pékin devrait riposter en taxant lourdement les voitures à essence exportées par l'Europe, et notamment les berlines allemandes haut de gamme. Une menace qui fait craindre une escalade des tensions commerciales entre les deux puissances.
L'Europe s'inquiète de la concurrence chinoise
Derrière ce bras de fer se cachent les craintes européennes face à la montée en puissance de l'industrie automobile chinoise, en particulier sur le segment des véhicules électriques. Portés par une demande locale en plein boom et des coûts de production ultra-compétitifs, des géants comme BYD ou SAIC pourraient déferler sur le Vieux Continent et mettre en péril des pans entiers de la filière.
Les Vingt-Sept craignent que le modèle chinois, basé sur la production et l'endettement, n'inonde le bloc de produits bon marché, y compris de véhicules électriques.
– Citation de l'article Reuters
Pour se protéger, Bruxelles a donc décidé de dégainer l'arme des droits de douane provisoires, comme l'ont fait avant elle les États-Unis. Une décision qui a déclenché l'ire de Pékin et des industriels chinois, bien décidés à ne pas se laisser faire.
La Chine prête à en découdre
Réunis mardi à huis clos avec des représentants du ministère du Commerce, les constructeurs automobiles chinois ont demandé au gouvernement d'adopter des "contre-mesures fermes" en augmentant les droits de douane sur les véhicules thermiques européens, rapporte le Global Times. Dans le viseur : les imposantes berlines allemandes équipées de gros moteurs, qui pourraient voir leurs taxes douanières passer de 15% à 25%.
Un coup dur potentiel pour des marques comme BMW, Mercedes ou Audi, qui réalisent une part importante de leurs ventes en Chine. Selon les données de la CPCA, environ 196 000 de ces véhicules ont été exportés vers l'empire du Milieu en 2023, un chiffre en hausse de 11%. L'Allemagne, première nation automobile européenne, serait de loin la plus pénalisée par ces mesures de rétorsion.
Vers un apaisement des tensions ?
Malgré leurs divergences, l'Europe et la Chine ont intérêt à trouver un terrain d'entente pour éviter l'engrenage d'une guerre commerciale dévastatrice. Des deux côtés, des voix s'élèvent pour renouer le dialogue et trouver un compromis.
La Commission européenne a déclaré mercredi qu'elle examinait la situation "en vue de discuter de la possibilité de trouver une solution mutuellement acceptable".
Côté chinois aussi, certains experts jugent contre-productive l'escalade des tensions. Zhang Yansheng, chercheur au Centre chinois des échanges économiques internationaux (CCIEE), estime ainsi "injuste d'entamer une guerre tarifaire" sur la seule base des surcapacités de production chinoises.
Les prochaines semaines seront donc décisives pour savoir si l'Europe et la Chine parviendront à s'entendre ou si leurs relations commerciales vont durablement s'envenimer. Une chose est sûre : dans ce bras de fer, c'est toute l'industrie automobile mondiale qui retient son souffle.
