La chute d’Hardbacon : quand Google fait trembler les startups
L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans l'écosystème des startups montréalaises : Hardbacon, pépite de la FinTech qui proposait une application de gestion budgétaire gratuite, a annoncé mi-août sa mise en faillite imminente. En cause : les récents changements d'algorithme de Google, qui ont fait s'effondrer le trafic du site web de la startup, crucial pour son modèle économique basé sur l'affiliation.
97% de trafic en moins, le coup de grâce pour Hardbacon
Fondée en 2017 par Julien Brault, ancien journaliste, Hardbacon avait levé environ 3 millions de dollars canadiens auprès de 2000 investisseurs individuels. Son application comptait 50 000 utilisateurs enregistrés, mais seulement 2000 actifs selon son fondateur, en raison des difficultés à connecter les comptes bancaires des utilisateurs.
Le modèle de Hardbacon reposait principalement sur la génération de leads et l'affiliation pour des produits financiers comme des cartes de crédit ou des assurances. Un modèle fortement dépendant du trafic apporté par Google, qui s'est effondré à partir de septembre 2023 après une série de mises à jour visant à favoriser les contenus originaux et déprioriser ceux conçus pour le référencement.
Nous avons perdu 97% de notre trafic venant de Google. J'imagine qu'aux yeux de Google, nous ressemblions à un site de spam.
– Julien Brault, CEO d'Hardbacon
Une spirale fatale malgré les efforts
Malgré des mois d'efforts pour tenter d'améliorer son référencement, réduire ses coûts et licencier une grande partie de son équipe, Hardbacon n'a pas réussi à inverser la tendance. Les dernières mises à jour de Google en août 2024 ont permis un léger rebond du trafic, mais trop tard selon Julien Brault :
Pendant 11 mois, nous avons creusé un énorme trou financier. La dernière mise à jour arrive trop tard pour nous sauver.
– Julien Brault
Google, juge et bourreau des startups du web ?
Au-delà du cas d'Hardbacon, cette faillite remet en lumière le pouvoir immense qu'exerce Google sur le destin des entreprises dépendant du trafic organique. Avec plus de 80% de parts de marché sur la recherche, une mise à jour d'algorithme peut faire basculer en quelques jours la trajectoire d'une startup.
Un pouvoir contesté, comme l'illustre la récente décision d'un juge américain estimant que Google agit illégalement pour préserver son monopole. Mais une maigre consolation pour Hardbacon, qui espère malgré tout voir sa technologie et ses contenus trouver preneur.
Les leçons à tirer pour les entrepreneurs
Julien Brault le concède : face aux aléas des mises à jour de Google, miser l'essentiel de son acquisition sur le référencement naturel s'est avéré un pari risqué. Une diversification des canaux marketing aurait peut-être changé la donne.
Si cela peut rappeler aux entrepreneurs de diversifier leurs canaux d'acquisition, c'est une bonne chose.
– Julien Brault
Le parcours d'Hardbacon illustre la difficulté de bâtir un modèle pérenne dans l'ombre des GAFAM. Un défi de taille pour les startups, condamnées à innover sans cesse pour se démarquer, fidéliser leurs utilisateurs et multiplier leurs sources de trafic. La route est encore longue vers un écosystème web plus équilibré et diversifié.
