
La constellation Iris2 : L’Europe contre-attaque face à Starlink
Alors que les méga-constellations de satellites comme Starlink de SpaceX ou Kuiper d'Amazon se déploient à grande vitesse, l'Europe s'apprête à riposter avec sa propre infrastructure spatiale de télécommunications sécurisées : Iris2. Ce projet ambitieux, réunissant institutions européennes et acteurs privés, vise à garantir une connectivité souveraine et résiliente pour le Vieux Continent face à la concurrence américaine. Une nouvelle étape majeure vient d'être franchie avec la signature du contrat de concession entre la Commission européenne et le consortium SpaceRise.
Iris2 : Une constellation multi-orbites innovante
Contrairement à ses rivales Starlink et Kuiper qui misent sur le déploiement massif de milliers de satellites en orbite basse, Iris2 se distingue par son architecture originale :
- Une dizaine de satellites en très basse orbite (400-750 km)
- 264 satellites en orbite basse haute (1200 km)
- 18 satellites en orbite moyenne (8000 km)
Cette répartition savamment étudiée sur différentes couches orbitales permettra d'offrir des performances équivalentes à une méga-constellation, tout en limitant le nombre de satellites nécessaires. Un choix judicieux pour maîtriser les coûts tout en assurant une couverture optimale.
Des satellites interconnectés à très haut débit
Les 290 satellites d'Iris2 communiqueront entre eux via des liaisons optiques ultra-rapides à 100 Gbit/s. Les données seront collectées au sol dans trois centres de contrôle basés en France, en Italie et au Luxembourg. De quoi offrir aux utilisateurs un réseau performant et réactif.
Le système comprendra un mécanisme cryptographique avancé, ainsi que des solutions de résilience face aux menaces cybernétiques et radiofréquences.
Un expert de l'ESA
Sécurité et souveraineté sont en effet au cœur du projet Iris2. Des dispositifs de réduction des débris spatiaux, des solutions anticollision ainsi que des mesures pour limiter la pollution lumineuse font aussi partie intégrante de la constellation. Une approche responsable saluée par la communauté.
Un déploiement prévu dès 2029
Le consortium SpaceRise, composé d'opérateurs comme SES, Eutelsat et Hispasat ainsi que d'industriels tels Thales Alenia Space, Airbus ou Orange, est maintenant dans les starting-blocks. Après une phase de conception en 2025 et plusieurs années de développement, les lancements des satellites débuteront fin 2029 avec pas moins de 13 tirs d'Ariane 6 prévus.
Financé à hauteur de 6,6 milliards d'euros par l'Union Européenne et l'ESA, complété par 4,1 milliards d'investissements privés, le projet global est estimé à près de 11 milliards. Un budget conséquent mais à la hauteur des enjeux pour l'Europe, qui souhaite fournir à ses États, institutions, armées et partenaires privés une infrastructure spatiale de télécommunications sécurisée et performante.
Des services attendus dès 2030
Avec ses premiers services espérés pour fin 2030, Iris2 offrira de nombreuses applications civiles et militaires :
- Connectivité haut débit dans les zones reculées ou sinistrées
- Liaisons sécurisées pour la gestion de crise
- Communications cryptées pour les forces armées
- Services commerciaux pour les entreprises
Le champ des possibles est vaste et l'Europe entend bien se positionner en leader de la connectivité spatiale souveraine. Des discussions sont même déjà en cours avec des pays hors UE comme la Norvège, le Japon ou l'Australie. Iris2 pourrait ainsi rayonner bien au-delà des frontières européennes.
Alors que la course à l'Internet spatial s'intensifie, avec Starlink et Kuiper qui comptent leurs satellites par milliers, l'Europe mise sur un modèle différent. Avec sa constellation raisonnée et ultra-sécurisée Iris2, elle entend proposer une alternative crédible combinant performance, résilience et responsabilité. Les prochaines années seront décisives pour transformer cette ambition en réalité et permettre au Vieux Continent de reprendre la main sur ses télécommunications spatiales. Un enjeu stratégique majeur à l'heure de la transformation numérique.