La Corée du Sud au cœur des négociations sur la pollution plastique

Alors que la Corée du Sud s'apprête à accueillir le dernier round de négociations autour d'un traité international sur la pollution plastique, l'ONG Greenpeace pointe du doigt le rôle paradoxal de ce pays, quatrième producteur mondial de plastique. Une étude publiée le 19 novembre met en lumière l'ampleur de cette industrie en Corée du Sud et appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités.

La Corée du Sud, géant de la production plastique

Avec une capacité de production de 19,92 millions de tonnes par an, soit 5% du total mondial, la Corée du Sud se classe au quatrième rang des plus gros producteurs de plastique, derrière la Chine, les États-Unis et l'Arabie saoudite. Le rapport de Greenpeace souligne également le rôle de Taïwan et du Japon, dont les capacités cumulées avec la Corée du Sud atteignent 41,99 millions de tonnes annuelles, soit 11% de la production mondiale.

Parmi les dix plus grandes entreprises productrices de plastique en volume sur ces trois marchés, sept sont basées en Corée du Sud. Les groupes Lotte et Formosa Plastics figurent en tête, représentant chacun environ 10% de la production totale.

Un paradoxe pour le pays hôte des négociations

C'est donc dans ce contexte que la Corée du Sud s'apprête à accueillir, à partir du 25 novembre, le cinquième Comité intergouvernemental de négociation (INC-5) en vue d'un futur traité international sur la pollution plastique. Pour Daniel Read, auteur de l'étude de Greenpeace :

En tant que président de l'INC-5, le gouvernement coréen a l'obligation de montrer l'exemple.

– Daniel Read, Greenpeace

L'ONG appelle ainsi Séoul à mettre en place des objectifs légalement contraignants pour l'industrie pétrochimique afin d'être en phase avec son rôle de pays hôte de ces négociations cruciales.

Vers un traité ambitieux ?

Les enjeux de l'INC-5 sont importants puisqu'il s'agit de la dernière session de négociations avant la conférence de l'ONU prévue en 2025 pour finaliser et adopter ce traité. Les ONG environnementales espèrent un accord ambitieux et contraignant, à la hauteur de l'urgence de la situation. La pollution plastique a en effet des impacts dévastateurs :

• Elle menace la biodiversité marine et contamine les chaînes alimentaires.
• Sa production et son incinération génèrent des émissions de CO2 et de polluants toxiques.
• Seuls 9% des déchets plastiques sont recyclés au niveau mondial.

Face à ces défis, le futur traité devra fixer des objectifs ambitieux de réduction de la production et de la consommation de plastique, mais aussi favoriser une économie circulaire basée sur le réemploi et le recyclage. Il devra également prévoir des mécanismes de financement et de transfert de technologies pour aider les pays en développement.

Un test pour la coopération internationale

Au-delà de son importance pour lutter contre la pollution, ce traité représente aussi un test pour la coopération internationale face aux défis environnementaux. Après l'échec des négociations sur la biodiversité (COP15) et les résultats mitigés de la COP26 sur le climat, il est crucial de montrer que la communauté internationale est capable de s'unir et d'agir face à l'urgence écologique.

Les négociations qui s'ouvrent en Corée du Sud seront donc scrutées de près. Le pays hôte, de par son rôle majeur dans l'industrie plastique, aura une responsabilité particulière pour faire avancer un accord à la hauteur des enjeux. Les ONG comme Greenpeace entendent maintenir la pression pour que ce traité ne soit pas une coquille vide mais marque un véritable tournant dans la lutte contre la pollution plastique.