La Corée du Sud soutient ses géants des semi-conducteurs
Face à l'intensification de la compétition mondiale dans l'industrie des semi-conducteurs, la Corée du Sud sort l'artillerie lourde. Séoul vient d'annoncer un plan de soutien de près de 10 milliards d'euros pour aider ses champions Samsung et SK Hynix à rester dans la course face à la Chine. Un enjeu stratégique majeur pour ce pays dont l'économie dépend fortement de ce secteur technologique clé.
La Corée du Sud en « guerre totale » pour les puces
« Comme nous le savons tous, les semi-conducteurs sont un domaine où une guerre nationale totale est en cours. Gagner ou perdre dépend de qui peut produire des semi-conducteurs de pointe en premier », a déclaré sans ambages le président sud-coréen Yoon Suk Yeol. Séoul est bien décidé à défendre bec et ongles sa place sur l'échiquier mondial des puces électroniques.
Ce plan de 14 000 milliards de wons (9,5 milliards d'euros) qui sera déployé en 2025 prévoit notamment :
- Des prêts à taux préférentiels pour soutenir les investissements et la R&D
- 1,2 milliard d'euros pour développer les infrastructures électriques du nouveau complexe de Yongin/Pyeongtaek
- Des aides pour renforcer les compétences en conception de puces et fabrication sous contrat
Yongin, futur plus grand cluster de puces au monde
Point névralgique de cette stratégie : le développement accéléré du complexe de fabrication de Yongin/Pyeongtaek, au sud de Séoul. Présenté comme le futur plus grand cluster mondial dédié aux semi-conducteurs avancés, il concentrera tous les maillons de la chaîne de valeur, de la conception à l'assemblage.
L'objectif est de porter la part de la Corée du Sud sur le marché des puces non-mémoire de 2% actuellement à 10% dans les prochaines années.
Ahn Duk-geun, ministre sud-coréen de l'Industrie
La Chine, menace grandissante
Car derrière ce plan d'urgence se cache la crainte d'un déclassement face à la montée en puissance de la Chine. Pékin investit massivement pour développer son industrie des semi-conducteurs, dans le cadre de son plan « Made in China 2025 ».
Samsung a dû récemment revoir à la baisse ses résultats en raison de la pression concurrentielle des fabricants chinois sur les puces mémoires traditionnelles. Une tendance qui pourrait s'accentuer à l'avenir.
Des inquiétudes sur la politique de Trump
Autre source d'incertitude pour la Corée du Sud : l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Sa politique protectionniste et sa volonté de rapatrier la production sur le sol américain font craindre une guerre commerciale.
Dans ce contexte géopolitique tendu, Séoul joue son va-tout pour ne pas se laisser distancer. Les semi-conducteurs représentent 20% de ses exportations. Samsung et SK Hynix trustent 70% du marché mondial des puces mémoires (DRAM, NAND). Une position dominante mais fragile que la Corée du Sud est prête à défendre coûte que coûte. La partie s'annonce serrée.