La Croissance à Tout Prix Ruine Internet : Une Chance pour les Startups
Et si le web que nous aimions tant était en train de s’effondrer sous nos yeux ? Chaque jour, naviguer en ligne ressemble un peu plus à un parcours du combattant : publicités intrusives, algorithmes oppressants et services qui semblent nous mépriser. Pourtant, dans ce chaos numérique, une voix s’élève pour y voir une lueur d’espoir. Ed Zitron, expert en relations publiques et animateur du podcast *Better Offline*, affirme que cette dérive, qu’il nomme l’économie de la pourriture, ouvre grand la porte aux startups prêtes à réinventer l’expérience utilisateur.
Quand la Croissance Devient Toxique
Il fut un temps où internet était synonyme de liberté et de simplicité. Aujourd’hui, les géants technologiques, obsédés par des chiffres toujours plus grands, ont transformé cet espace en une machine à extraire de la valeur, souvent au détriment des utilisateurs. Zitron ne mâche pas ses mots : pour lui, cette obsession de la croissance à court terme a conduit à des produits médiocres et à une expérience en ligne qui frustre plus qu’elle ne satisfait.
Une expérience utilisateur sacrifiée
Ouvrez n’importe quel site populaire : une avalanche de pop-ups vous accueille, les vidéos se lancent sans votre consentement et les scripts de suivi vous pistent sans relâche. Sur les réseaux sociaux, les algorithmes privilégient les contenus qui attisent la colère plutôt que ceux qui vous intéressent vraiment. Zitron résume cette dérive en une phrase cinglante :
« L’industrie tech est devenue si obsédée par la croissance que vous, le client, êtes une gêne à gérer, pas un partenaire dans un échange de valeur. »
– Ed Zitron, CEO de EZPR
Ce constat est partagé par beaucoup. Les applications de rencontre cachent les meilleurs profils derrière des abonnements coûteux, les imprimantes exigent des souscriptions mensuelles absurdes, et annuler un service en ligne devient un véritable casse-tête. Le message est clair : l’utilisateur n’est plus au centre des priorités.
Les géants s’enlisent dans leur confort
Pour Zitron, les grandes entreprises technologiques, les fameuses Big Tech, se reposent trop sur leurs acquis. « Elles sont devenues grosses, paresseuses et arrogantes », explique-t-il. Leur modèle repose sur une idée simple mais cynique : vous resterez avec elles par commodité, même si leurs produits sont moches, chers ou mal conçus. Cette inertie, selon lui, est une aubaine pour les nouveaux venus.
Prenons l’exemple des réseaux sociaux. Sur Instagram, trouver ce que vous voulez voir relève du défi face à l’avalanche de contenu imposé par Meta. Facebook, quant à lui, semble encore pire, noyé sous les publications sponsorisées et les algorithmes oppressants. Résultat ? Les utilisateurs se tournent vers des alternatives comme Bluesky ou Mastodon, qui promettent une expérience plus humaine et décentralisée.
Les secteurs prêts à être bousculés
Zitron ne se contente pas de critiquer : il pointe du doigt les domaines où les startups peuvent frapper fort. Et la liste est longue ! Réseaux sociaux, logiciels d’entreprise, moteurs de recherche, messageries électroniques… partout où l’expérience est médiocre, une opportunité se profile.
Réseaux sociaux : la révolte des utilisateurs
Les plateformes comme X, Instagram ou TikTok dominent encore, mais leur emprise vacille. Les utilisateurs, fatigués des manipulations algorithmiques et des expériences dégradées, explorent des options alternatives. Dans l’univers décentralisé, Bluesky prépare une application de partage de photos nommée Flashes, tandis que Pixelfed attire déjà les amateurs de visuels. RedNote, quant à lui, séduit les fans de TikTok en quête de nouveauté.
Ces initiatives montrent une tendance claire : les gens veulent reprendre le contrôle. Le web décentralisé, avec ses serveurs indépendants et ses promesses de confidentialité, pourrait bien redéfinir les règles du jeu.
Logiciels d’entreprise : la fin des dinosaures ?
Dans le monde professionnel, les suites comme Microsoft 365 ou Google Workspace règnent en maîtres. Mais Zitron n’est pas impressionné : « Microsoft ne fait plus de bons produits depuis longtemps », lâche-t-il, tout en concédant un faible pour la division Xbox. Quant à Google Docs, autrefois apprécié pour sa simplicité, il est aujourd’hui envahi par des fonctionnalités d’IA imposées, comme Gemini, qui agacent plus qu’elles n’aident.
Adobe, selon lui, est encore plus vulnérable. « C’est l’entreprise la plus faible du secteur en ce moment », affirme-t-il, la qualifiant de « désespérée ». Des concurrents comme Figma, Affinity ou Blender commencent à grignoter ses parts de marché, offrant des alternatives plus fluides et moins oppressantes.
Voici quelques pistes où les startups pourraient briller :
- Remplacer les suites bureautiques lourdes par des outils légers et intuitifs.
- Proposer des logiciels créatifs sans abonnements abusifs.
- Offrir des solutions qui respectent les utilisateurs, sans gadgets inutiles.
Moteurs de recherche : Google sous pression
Google Search, longtemps roi incontesté, perd de sa superbe. « La recherche Google est mauvaise maintenant », tranche Zitron. Les résultats sont envahis par des liens sponsorisés, reléguant les réponses pertinentes en bas de page. Face à cela, des acteurs comme DuckDuckGo, qui mise sur la confidentialité, gagnent du terrain.
Mais la concurrence ne s’arrête pas là. Perplexity révolutionne la recherche avec une approche conversationnelle, tandis que Diem cible les femmes avec une IA luttant contre les biais. Dans le décentralisé, Marginalia Search privilégie les sites obscurs mais qualitatifs, et Brave Search séduit avec son indépendance et son respect de la vie privée.
Email : un terrain à reconquérir
Qui n’a jamais pesté contre une boîte mail saturée de spams ou une interface mal pensée ? Gmail, Outlook et Yahoo dominent, mais leurs défauts ouvrent la voie à des challengers. Proton propose une messagerie chiffrée, bien que perfectible, tandis que Superhuman, Hey et Shortwave repensent l’expérience utilisateur de fond en comble.
Zitron y voit un créneau en or : une messagerie simple, efficace et respectueuse pourrait changer la donne. Après tout, qui ne rêve pas d’un inbox enfin maîtrisé ?
Au-delà du numérique : réinventer la logistique
Les ambitions de Zitron ne s’arrêtent pas au virtuel. Il imagine une startup capable de défier Amazon sur le terrain de la livraison en fédérant des petites entreprises. Une sorte de « Shopify de la logistique », qui rendrait l’expédition plus humaine et locale. Une idée audacieuse, mais révélatrice de son optimisme.
Repenser le modèle économique
Pour Zitron, le problème ne vient pas seulement des entreprises, mais aussi des investisseurs. Le capital-risque, avec sa focalisation sur la croissance à tout prix, a poussé trop de startups dans une impasse. Résultat : des levées de fonds énormes, mais des produits qui ne tiennent pas la route sur le long terme.
Il appelle à un retour aux fondamentaux : créer des produits qui ne « craignent pas ». Des outils utiles, bien conçus et durables, capables de fidéliser sans artifices. Un défi de taille, mais une vision qui résonne.
Et après ?
Si Zitron a raison, nous sommes à l’aube d’une révolution portée par les startups. Les géants technologiques, englués dans leur quête de profits immédiats, laissent des brèches béantes. Réseaux sociaux, logiciels, recherche, email, logistique : chaque secteur est une opportunité pour qui saura écouter les frustrations des utilisateurs.
Alors, la prochaine fois que vous pestez contre une pub intempestive ou un service mal fichu, souvenez-vous : quelque part, une startup travaille peut-être à rendre votre quotidien numérique meilleur. Et si c’était le début d’un internet retrouvé ?