La croissance des ventes au détail aux États-Unis dépasse les attentes en novembre
En dépit d'une inflation persistante, les consommateurs américains ont continué à dépenser allègrement en novembre. Selon les données publiées mardi par le département du Commerce, les ventes au détail aux États-Unis ont progressé de 0,7% d'un mois sur l'autre, dépassant les prévisions des économistes qui tablaient sur une hausse plus modeste de 0,5%.
Cette performance meilleure qu'attendu témoigne de la résilience des ménages américains face à la hausse des prix. Elle laisse présager que la consommation, moteur traditionnel de la croissance outre-Atlantique, devrait continuer à soutenir l'activité économique dans les mois à venir, écartant pour l'instant le spectre d'une récession.
Des achats dopés par le "Black Friday"
La vigueur des ventes en novembre s'explique en partie par les promotions massives du "Black Friday" et du "Cyber Monday" qui ont dopé les achats, en particulier dans l'électronique et l'électroménager. Amazon a ainsi annoncé avoir enregistré son meilleur "Black Friday" de tous les temps.
Mais au-delà de cet effet ponctuel, la bonne tenue de la consommation depuis plusieurs mois montre que les Américains, s'ils sont préoccupés par l'inflation, ne sont pas prêts pour autant à se serrer la ceinture. Leur confiance est soutenue par un marché du travail toujours très dynamique, avec un taux de chômage au plus bas.
Des dépenses réorientées vers les services
Fait notable, si les ventes progressent dans presque tous les secteurs, les Américains ont tendance à réorienter leurs dépenses des biens vers les services. Les ventes dans les bars et restaurants ont ainsi bondi de 1,6% sur un mois, tandis que celles des biens d'équipement du foyer sont restées stables.
Les consommateurs accordent clairement la priorité aux expériences et aux services par rapport aux biens matériels, un changement de comportement post-pandémie qui semble s'installer dans la durée.
– Lydia Boussour, économiste chez EY Parthenon
Quelle stratégie pour la Fed ?
La vigueur de la consommation est une bonne nouvelle pour l'économie américaine à court terme, mais elle complique la tâche de la Réserve fédérale (Fed) qui cherche à juguler l'inflation sans provoquer de récession. Face à la demande soutenue, les entreprises sont moins incitées à baisser leurs prix.
La banque centrale devra donc probablement poursuivre le resserrement de sa politique monétaire, au risque de peser sur la croissance. La plupart des économistes s'attendent désormais à ce que les taux d'intérêt directeurs de la Fed atteignent au moins 5% d'ici le printemps 2023, contre une fourchette actuelle de 3,75% à 4%.
Vers un "atterrissage en douceur" de l'économie ?
Pour autant, le scénario d'un "atterrissage en douceur", c'est-à-dire un ralentissement graduel de l'économie sans récession, reste envisageable. La solidité du marché du travail et le niveau encore élevé de l'épargne accumulée pendant la pandémie devraient permettre aux ménages de continuer à consommer, même à un rythme moins soutenu.
À plus long terme, la "normalisation" progressive des chaînes d'approvisionnement et la baisse des prix de l'énergie laissent espérer une décélération de l'inflation, qui redonnerait du pouvoir d'achat aux consommateurs. De nombreuses incertitudes demeurent, mais le dynamisme des ventes de novembre apporte une note d'optimisme bienvenue sur la capacité de résilience de l'économie américaine.