
La croissance économique japonaise au 4e trimestre dépasse les attentes
Alors que les nuages s'amoncellent sur l'économie mondiale avec les menaces protectionnistes brandies par le président américain Donald Trump, le Japon vient de publier une statistique rassurante. Au quatrième trimestre 2024, le produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique de la planète a progressé de 2,8% sur un an, nettement au-dessus des prévisions des économistes qui tablaient sur une hausse de 1%.
Cette performance meilleure qu'anticipé s'explique en grande partie par le dynamisme de la demande intérieure. La consommation des ménages, qui représente plus de la moitié de l'activité nippone, a ainsi progressé de 0,1% entre octobre et décembre. Certes, il s'agit d'un net ralentissement par rapport au trimestre précédent, signe que la hausse des prix, notamment alimentaires, incite les foyers japonais à la prudence. Mais les analystes redoutaient un repli de 0,3%.
Les dépenses d'investissement des entreprises progressent
Autre motif de satisfaction, les dépenses d'investissement des entreprises japonaises ont augmenté de 0,5% sur le trimestre. Là encore, la hausse est moins forte qu'attendu par le marché (+1%) mais elle montre que les sociétés nippones continuent à moderniser leur outil de production malgré l'incertitude économique mondiale.
Cette bonne tenue de l'économie au Pays du Soleil Levant devrait conforter la Banque du Japon (BoJ) dans son intention de poursuivre la normalisation progressive de sa politique monétaire ultra-accommodante. Fin janvier, l'institut d'émission a relevé son taux directeur à court terme à -0,1%.
Une croissance menacée par les tensions commerciales
Le principal risque qui pèse sur la croissance japonaise provient de l'extérieur. Les exportations, qui représentent environ 15% du PIB nippon, pourraient souffrir de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les deux premiers partenaires commerciaux de l'archipel.
Le ralentissement chinois et les tensions commerciales vont peser sur les exportations japonaises.
Takuji Aida, économiste chez Société Générale
Par ailleurs, les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer des droits de douane sur les importations de voitures japonaises assombrissent les perspectives de l'industrie automobile nippone, poids lourd de l'économie.
Malgré ces risques, le gouvernement japonais vient de relever sa prévision de croissance pour l'exercice fiscal 2024 (qui s'achèvera le 31 mars 2025) à 1,3%, contre une estimation initiale de 1,2%. Les autorités tablent notamment sur les effets positifs de la hausse de la TVA prévue en octobre prochain, qui devrait doper la consommation des ménages grâce aux mesures d'accompagnement budgétaire annoncées.
Quel impact de la hausse de la TVA sur la croissance ?
Cette augmentation de 2 points de la taxe sur la consommation destinée à financer les dépenses sociales dans un pays qui vieillit à grande vitesse est un pari risqué. En 2014, le passage de 5% à 8% de la TVA avait provoqué une brusque contraction de l'économie de l'archipel.
Conscient de ce risque, le gouvernement prévoit d'allouer une partie des recettes fiscales supplémentaires à des mesures de soutien à l'économie :
- 5000 milliards de yens (40 milliards d'euros) de dépenses publiques
- Subventions et prêts à taux zéro aux PME
- Distribution de bons d'achat aux ménages modestes
Ces dispositions devraient amortir le choc de la hausse de TVA et permettre à l'économie nippone de maintenir un rythme de croissance honorable en 2024-2025. À condition toutefois que l'environnement extérieur ne se dégrade pas davantage.