La Faillite d’Universal Hydrogen Révèle les Défis de l’Aviation Durable

C'est un coup dur pour l'aviation verte. Universal Hydrogen, start-up pionnière sur le créneau prometteur des avions à hydrogène, vient de se déclarer en faillite. Un revers cinglant pour cette jeune pousse américaine pleine d'ambitions, qui espérait révolutionner le transport aérien avec sa technologie de pointe. Retour sur les leçons à tirer de cet échec, et sur les perspectives d'avenir pour décarboner les vols.

Universal Hydrogen, un modèle novateur mais fragile

Fondée en 2020 par d'anciens cadres d'Airbus, Universal Hydrogen misait sur un concept aussi simple qu'audacieux : plutôt que de concevoir de nouveaux avions, pourquoi ne pas convertir la flotte existante à l'hydrogène ? L'idée était de développer des capsules d'hydrogène et des moteurs électriques adaptables sur des appareils régionaux comme les ATR et les Dash-8. Un pari osé, qui a séduit une douzaine de compagnies aériennes, mais qui s'est heurté à plusieurs écueils :

• Un écosystème encore immature pour produire et distribuer de l'hydrogène vert en quantité suffisante.
• Des besoins de financement colossaux pour mener à bien la certification et l'industrialisation, que la start-up n'a pas réussi à boucler.
• Un calendrier trop ambitieux, avec quasiment 10 ans d'avance sur celui d'Airbus, difficile à tenir sans le soutien d'un grand avionneur.

Nous avons sans doute fait quelques mauvais choix stratégiques, en jouant la carte de la rapidité mais seuls. Il aurait fallu prendre plus de temps, mais être accompagnés.

– Pierre Farjounel, directeur général d'Universal Hydrogen Europe

L'hydrogène, une solution d'avenir qui se cherche encore

Malgré cet échec, la faillite d'Universal Hydrogen ne remet pas en cause le potentiel de l'hydrogène pour verdir l'aviation. De nombreux acteurs, Airbus en tête, continuent de miser sur cette technologie de rupture pour développer des avions zéro-émission. Mais il faudra encore plusieurs années avant de voir émerger une véritable filière hydrogène pour l'aérien, entre montée en puissance de la production, mise en place d'infrastructures dans les aéroports, et maturation des technologies embarquées.

D'ici là, d'autres pistes complémentaires devront être explorées pour réduire l'empreinte carbone du transport aérien : carburants durables, optimisation des opérations, électrification sur courtes distances... Un mix de solutions dans lequel l'hydrogène a toute sa place, mais qui mettra du temps à décoller. La faillite d'Universal Hydrogen est un rappel cruel des défis à relever pour réussir la transition énergétique de l'aviation. Mais c'est aussi un appel à redoubler d'efforts et de créativité pour faire décoller l'avion vert de demain.