La Fin de Clergerie : Le Luxe Français en Peril à Romans

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avril 10, 2025

La Fin de Clergerie : Le Luxe Français en Peril à Romans

Imaginez une ville où chaque coin de rue résonnait autrefois du cliquetis des machines à coudre et du parfum du cuir fraîchement travaillé. Romans-sur-Isère, dans la Drôme, était ce lieu : une capitale fière de son artisanat de luxe, où des générations ont façonné des chaussures prisées dans le monde entier. Mais le 8 avril 2025, un coup de marteau au tribunal de commerce a réduit ce passé glorieux en silence : Clergerie, le dernier grand nom de la chaussure de luxe locale, a été liquidé. Que reste-t-il aujourd’hui de ce patrimoine ?

Une Disparition qui Résonne au-delà de Romans

La nouvelle a frappé comme un écho dans une usine vide. Clergerie, fondé en 1980 par Robert Clergerie, n’est pas seulement une entreprise : c’est un symbole. Avec ses trois entités – SSB pour la production, JHJ pour le commerce, et Tiger Mode pour la marque –, elle incarnait un savoir-faire d’exception, mêlant tradition et audace. Mais après des années de difficultés financières, un redressement judiciaire en 2023 et une reprise avortée par le groupe américain Titan Industries, l’aventure s’est arrêtée net.

Pourquoi Clergerie n’a pas survécu ?

Le tribunal de Romans a tranché : aucune offre de reprise n’a convaincu. Une proposition, portée par un actionnaire minoritaire, prévoyait de racheter la marque et deux boutiques, tout en délocalisant la production. Résultat ? Une trentaine d’emplois sauvés, mais autant de supprimés. Pour une ville qui a bâti sa réputation sur le **made in France**, cette solution sentait la trahison. Le passif de plusieurs millions d’euros a achevé de sceller le sort de l’entreprise.

« C’est une page qui se tourne, mais aussi un avertissement : sans soutien, nos savoir-faire risquent de s’éteindre. »

– Un ancien salarié de Clergerie, anonyme

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une soixantaine de salariés se retrouvent sans emploi. Mais au-delà des chiffres, c’est une identité qui s’effrite. Clergerie n’était pas une startup au sens classique, mais une entreprise ancrée dans une tradition entrepreneuriale locale, un modèle qui a résisté des décennies avant de plier sous les pressions économiques modernes.

Romans-sur-Isère : La fin d’un âge d’or

Remontons le fil du temps. Dès le Moyen Âge, Romans vibrait au rythme de la cordonnerie. À son apogée, des milliers d’habitants vivaient de cette industrie, formant un écosystème unique : tanneries, ateliers, grandes marques comme Charles Jourdan ou Stéphane Kélian. Clergerie était le dernier bastion de cet héritage. Aujourd’hui, les usines cèdent la place à des complexes sportifs ou des lotissements, comme un aveu que ce passé ne reviendra pas.

Pourtant, ce déclin n’est pas une fatalité isolée. Il reflète une tendance plus large : la difficulté des entreprises artisanales à s’adapter à un monde globalisé. Entre coûts de production élevés, concurrence étrangère et manque d’investissements, le **savoir-faire français** lutte pour survivre. Romans en est l’illustration tragique.

Les dessous d’une liquidation annoncée

Revenons sur les dernières années de Clergerie. En 2023, sous la houlette du groupe French Legacy, l’entreprise entre en redressement judiciaire. Une lueur d’espoir surgit avec la reprise par Titan Industries, un géant californien. Mais les dettes s’accumulent, et la stratégie ne suit pas. Pourquoi ce colosse américain n’a-t-il pas su redresser la barre ? Peut-être un décalage culturel, ou une vision trop éloignée des racines artisanales de la marque.

Le tribunal, face à une offre de reprise jugée insuffisante, a préféré la liquidation. Une décision pragmatique, mais qui laisse un goût amer. Les salariés, eux, oscillent entre résignation et colère. Certains évoquent des années de gestion chaotique, d’autres pointent le manque de soutien public pour une filière en crise.

Que reste-t-il du luxe à Romans ?

Avec la chute de Clergerie, seuls subsistent quelques ateliers artisanaux. Ces petites structures, souvent familiales, maintiennent la flamme, mais elles ne peuvent rivaliser avec l’aura des grands noms d’antan. La ville, jadis surnommée « capitale de la chaussure de luxe », doit désormais réinventer son avenir. Mais comment ?

Certains rêvent d’une renaissance portée par des startups innovantes. D’autres, plus nostalgiques, regrettent l’époque où Romans exportait son élégance dans le monde entier. Une chose est sûre : sans un sursaut collectif, ce patrimoine risque de n’être plus qu’un souvenir.

Les leçons d’un échec entrepreneurial

Clergerie n’est pas qu’une victime des chiffres. Son histoire offre des pistes de réflexion pour les entrepreneurs d’aujourd’hui. Voici quelques enseignements clés :

  • La résilience face à la mondialisation exige des investissements constants.
  • Un ancrage local peut être une force, mais aussi une faiblesse si mal exploité.
  • Le luxe artisanal doit innover pour séduire les nouvelles générations.

Ces leçons ne sont pas théoriques. Elles pourraient guider d’autres entreprises ou startups cherchant à conjuguer tradition et modernité. Car au fond, l’échec de Clergerie n’est pas seulement une perte : c’est un appel à repenser notre rapport à l’industrie locale.

Vers une réinvention possible ?

Et si la fin de Clergerie n’était qu’un chapitre, pas une conclusion ? Dans la Drôme, des initiatives émergent. Prenons l’exemple de Faircraft, une startup qui développe du cuir in vitro, ou encore Authentic Material, qui recycle le cuir usé avec une approche design. Ces projets, bien que différents, montrent qu’un renouveau est possible.

À Romans, le défi est double : préserver un héritage tout en s’ouvrant à l’innovation. Les pouvoirs publics pourraient jouer un rôle, en soutenant des incubateurs ou des formations spécialisées. Les entrepreneurs, eux, devront oser prendre des risques pour redonner vie à cette terre de savoir-faire.

Un patrimoine à sauvegarder

Le luxe français ne se limite pas à Paris. Des villes comme Romans-sur-Isère ont écrit son histoire, chaussure après chaussure. La disparition de Clergerie rappelle une vérité brutale : sans action, ce patrimoine s’efface. Mais elle ouvre aussi une question : qui relèvera le flambeau ?

Pour les habitants de Romans, l’enjeu dépasse l’économie. C’est une affaire de fierté, d’identité. Peut-être qu’un jour, une nouvelle génération d’entrepreneurs fera renaître ce qui a fait la grandeur de leur ville. En attendant, le silence des ateliers résonne comme un défi lancé au futur.

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