La fintech en Amérique latine : un marché à surveiller en 2025
Après plusieurs années de ralentissement suite à la frénésie de 2021, le marché de la fintech en Amérique latine montre des signes prometteurs en cette fin d'année 2024. Longtemps considérée comme un marché d'avenir mais encore immature, la région attire à nouveau les investisseurs, séduits par des modèles qui arrivent à maturité et un potentiel de croissance énorme, porté par une population de plus en plus connectée.
Des levées de fonds en hausse en 2024
Alors que le début d'année avait été calme, les levées de fonds dans la fintech en Amérique latine ont nettement rebondi ces derniers mois. Avec déjà 2,6 milliards de dollars investis à travers 174 deals, le capital-risque a augmenté de 73% par rapport à 2023. Bien qu'encore loin des niveaux records de 2021 (7,5 milliards) et 2022 (4,3 milliards), 2024 marque un retour en grâce des startups fintech auprès des investisseurs internationaux.
Des deals significatifs
Plusieurs opérations notables sont venues rythmer l'année, comme la Serie B de 41,5 millions de dollars de la startup brésilienne Conta Simples, spécialisée dans la gestion des dépenses et les cartes corporatives, menée par Base10 en janvier. En mai, c'est la plateforme de transferts d'argent Félix Pago qui a levé 15,5 millions pour permettre aux travailleurs latinos d'envoyer de l'argent à leurs proches. Plus récemment, la fintech brésilienne d'IA Magie a convaincu Lux Capital d'investir 4 millions lors de son premier deal au Brésil.
Tendance à la maturité
Au-delà des montants, les investisseurs notent surtout que les startups levant des fonds sont désormais plus matures qu'auparavant. Beaucoup avaient profité de l'euphorie de 2021 pour renforcer leur trésorerie et se concentrer sur leur croissance. Elles reviennent maintenant sur le marché avec des métriques solides :
- Rentabilité atteinte ou en vue
- Produits éprouvés et différenciants
- Bases de clients conséquentes
Ce qui attire des investisseurs en quête de relais de croissance, à l'image de QED Investors dont le deal flow n'a jamais été aussi important dans la région.
Émergence des services BtoB
Si la première vague de fintechs en Amérique latine s'est concentrée sur les services aux particuliers (banques mobiles, paiements, crédits...), on observe un glissement vers des offres destinées aux entreprises. Des entrepreneurs chevronnés s'attaquent maintenant à la construction d'infrastructures et de services pour les professionnels, un marché gigantesque et encore sous-équipé dans la région. Une tendance qui tire le marché vers le haut et ouvre de nouvelles perspectives aux startups.
Un écosystème encore jeune
Malgré ces signaux positifs, la fintech latino-américaine reste un écosystème en développement. Le marché est encore peu mature en termes d'exits, avec peu d'introductions en bourse ou de rachats significatifs en dehors de Nubank, valorisée 41 milliards de dollars lors de son IPO en 2021. L'essentiel des investissements provient toujours de fonds locaux ou spécialisés sur la région. Pour franchir un cap, la fintech devra convaincre plus largement les grands fonds internationaux de la considérer comme une opportunité mondiale.
Nous avons besoin de plus d'investisseurs qui considèrent l'Amérique latine comme une opportunité globale, et d'entrepreneurs qui croient qu'ils peuvent changer les choses.
- Mike Packer, partner chez QED Investors
Des atouts indéniables
L'Amérique latine possède pourtant des atouts indéniables pour devenir une place forte de la fintech mondiale :
- Une population jeune, connectée et ouverte aux services financiers numériques
- Des besoins immenses en termes d'inclusion financière et de modernisation des infrastructures
- Des pôles technologiques dynamiques, à l'image de São Paulo ou Mexico
- Une nouvelle génération d'entrepreneurs ambitieux ayant souvent une expérience internationale
Autant d'ingrédients qui laissent penser que 2025 pourrait être une année charnière pour la fintech en Amérique latine, avec des licornes plus nombreuses, des startups se lançant à l'international et, qui sait, des opérations d'envergure mondiale. À condition de maintenir la dynamique positive enclenchée en 2024.