La France touchée par une nouvelle épidémie animale
Alors que la France se remet à peine de la crise sanitaire du Covid-19, c'est au tour du monde animal d'être touché par une épidémie. Depuis fin juillet, pas moins de six foyers de fièvre catarrhale ovine ont été identifiés dans plusieurs départements, de la région Hauts-de-France à la Moselle en passant par la Marne. Une situation préoccupante qui rappelle la fragilité de nos élevages face aux virus.
Un virus mortel pour les ruminants domestiques
La fièvre catarrhale ovine, aussi appelée bluetongue ou maladie de la langue bleue, est une arbovirose non contagieuse transmise par des insectes du genre Culicoïdes. Si elle est inoffensive pour l'Homme, elle peut se révéler dévastatrice pour les ruminants d'élevage comme les moutons, les chèvres ou encore les bovins, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 30% dans les cas les plus sévères.
Les symptômes sont généralement de la fièvre, des ulcères dans la bouche, un gonflement de la face et de la langue qui peut prendre une couleur bleuâtre (d'où le nom de la maladie), ainsi que des boiteries. Il n'existe pas de traitement, seuls des soins pour soulager l'animal et des mesures pour éviter la propagation.
Six foyers identifiés en un mois
C'est le 30 juillet dernier qu'a été confirmé un premier foyer de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 dans un élevage près de la frontière belge. Depuis, cinq autres ont été découverts :
- Trois dans l'Aisne
- Un dans les Ardennes
- Deux en Moselle
- Le dernier en date dans la Marne le 14 août
Une propagation inquiétante mais pas si surprenante. En effet, la maladie circulait déjà depuis plusieurs mois aux Pays-Bas, dans le nord de la Belgique et l'ouest de l'Allemagne. Avec les mouvements d'animaux et d'insectes vecteurs, il était prévisible que le virus finisse par franchir les frontières. La France s'y attendait et était sur le qui-vive.
Des mesures pour endiguer l'épidémie
Dès la détection du premier cas, les autorités sanitaires ont mis en place des « zones réglementées » d'un rayon de 150 km autour de chaque foyer. Dans ces périmètres, les mouvements des animaux sensibles sont strictement contrôlés et limités pour éviter de disséminer le virus.
Depuis le 12 août, une campagne de vaccination volontaire a également été lancée dans les zones les plus à risque, ciblant en priorité les ovins et les veaux destinés à l'export. L'objectif est d'immuniser un maximum de cheptels pour créer une barrière et freiner la progression de la maladie.
On vaccine déjà préventivement les animaux partant en transhumance dans le Sud contre d'autres sérotypes du virus. Là il faut élargir le spectre et les zones de vaccination.
explique un vétérinaire de la FDSEA
Les éleveurs sont également appelés à une grande vigilance et à alerter rapidement leur vétérinaire en cas de symptômes suspects. Plus vite la maladie est détectée, plus vite les mesures de lutte peuvent être mises en œuvre pour circonscrire les foyers.
Un lourd impact économique à prévoir
Au-delà des pertes directes d'animaux, ce type d'épidémie a des répercussions importantes sur toute la filière. Les restrictions de mouvements perturbent les activités des élevages, les coûts de la vaccination et des analyses pèsent sur la trésorerie, sans compter les éventuelles fermetures de frontières pour les exportations si la situation s'aggrave.
En 2007, une vague de fièvre catarrhale ovine avait eu des conséquences dramatiques, notamment en Belgique. Les estimations étaient de :
- 31 000 animaux morts
- 130 000 animaux infectés
- 4 000 élevages touchés
- 8 millions d'euros d'indemnisation
Il faut donc espérer que le scénario ne se reproduira pas. Les autorités et la profession sont mobilisées pour contenir au plus vite cette épidémie, en attendant que le froid hivernal ne ralentisse naturellement la population de moucherons vecteurs.
Dans cette lutte, la coopération entre pays européens est primordiale. Les virus ne connaissent pas les frontières et seule une action coordonnée permettra d'éviter que la situation ne devienne incontrôlable, avec de lourdes pertes à la clé pour nos élevages déjà fragilisés par les crises successives.