La friche militaire métamorphosée en fertile praire agrivoltaïque
Au cœur de la Charente-Maritime, une curieuse métamorphose est à l'œuvre. Sur le site de l'ancienne base aérienne 129 de Fontenet, les hangars d'antan ont cédé la place à une vaste étendue de panneaux photovoltaïques. Mais ce qui frappe l'œil, c'est la présence inattendue de centaines de brebis, paisiblement occupées à brouter l'herbe verdoyante sous les installations solaires. Bienvenue dans l'un des parcs agrivoltaïques les plus innovants de France !
Du tarmac au pré : la reconversion verte de Fontenet
Lorsque l'armée a définitivement quitté le site en 2019, la friche militaire de 81 hectares aurait pu rester à l'abandon. C'était sans compter sur l'opérateur allemand BayWa r.e., qui a vu dans ces terres le potentiel d'un projet d'envergure mariant production d'énergie renouvelable et activité agricole. Ainsi est né le parc photovoltaïque de Fontenet, parsemé de plus de 100 000 panneaux solaires.
L'entretien écologique grâce aux tondeuses à quatre pattes
Pour entretenir ce vaste espace végétalisé, l'exploitant a fait appel à un allié de poids : Judickaël Richard, éleveur local. Ses 650 brebis de race charollaise ont troqué les parcours traditionnels contre ce pâturage d'un nouveau genre, où elles assurent une tonte 100% naturelle. Un partenariat gagnant-gagnant selon le berger :
Cela m'a permis d'augmenter le cheptel et de me verser un salaire. Sans Fontenet, j'aurai arrêté cette activité.
– Judickaël Richard, éleveur
Des brebis plus fertiles à l'ombre des panneaux
Au-delà de l'aspect financier, l'éleveur a noté un effet inattendu sur ses brebis depuis qu'elles pâturent sous les installations solaires : leur taux de reproduction est passé de 1,3-1,4 à 1,7-1,8 agneau par an. Un phénomène encore mystérieux, mais sur lequel les chercheurs de l'Inrae commencent à lever le voile grâce à leur programme de recherche sur l'agrivoltaïsme.
L'Inrae décrypte les secrets de l'herbe solaire
Depuis 2020, Amélie Stepec, ingénieure à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, se rend régulièrement sur le site pour analyser la végétation. Ses relevés, effectués à différents endroits du parc, livrent des résultats édifiants :
- Sous les panneaux, la température du sol est inférieure de 3 à 4°C
- L'humidité du sol y est jusqu'à 11% supérieure
- Le fourrage présente une meilleure qualité nutritive
Autant de facteurs qui contribueraient au bien-être et aux performances de reproduction accrues des brebis. Mais pour Théo Girardin, ingénieur de recherche au Pôle national de recherche sur l'agrivoltaïsme, ces résultats restent à confirmer sur le long terme :
Les panneaux créent un microclimat. Mais selon les années, il aura un impact positif ou négatif sur les rendements et la qualité du fourrage. Il faut avoir des données sur 4 à 5 ans.
– Théo Girardin, ingénieur de recherche Inrae
Vers un agrivoltaïsme durable et performant
Au-delà de la dimension scientifique, ces enseignements sont précieux pour BayWa r.e. et les acteurs de la filière agrivoltaïque. Ils permettront d'optimiser les futurs projets pour concilier production d'électricité verte et maintien d'une activité agricole viable, dans le respect des critères fixés par le décret d'avril 2024 :
- Perte maximale de 10% de surface agricole
- Taux de couverture des sols par les panneaux plafonné à 40%
- Garantie de 90% du rendement agricole
Autant de défis que le retour d'expérience de Fontenet aidera à relever, pour faire de l'agrivoltaïsme un modèle d'avenir alliant transition énergétique et durabilité agricole. Une démonstration éclatante qu'il est possible de conjuguer les verbes "produire" et "préserver" sur un même territoire !