La FTC poursuit la néobanque Dave pour marketing trompeur
Imaginez que vous ayez besoin d'une avance de 500$ rapidement. Vous découvrez l'application Dave qui promet un transfert "instantané". Alléchant, non ? Mais méfiez-vous, car derrière cette promesse se cachent des pratiques trompeuses, selon la Federal Trade Commission (FTC).
Dave dans le viseur de la FTC
La FTC a annoncé mardi qu'elle allait poursuivre la néobanque Dave pour marketing trompeur et frais cachés. Selon la plainte, Dave a utilisé une terminologie ambiguë comme "sur le champ" pour décrire ses avances de fonds, sans révéler les frais associés avant la fin du processus d'inscription.
En effet, pour obtenir l'argent immédiatement, les utilisateurs devaient payer des "frais express" allant de 3$ à 25$. Sinon, ils devaient attendre 2 à 3 jours ouvrables pour un virement standard. De plus, Dave facturait parfois des frais-surprises décrits comme un "pourboire".
L'art de la manipulation
L'interface de Dave était conçue de manière à rendre ces frais difficiles à détecter ou éviter pour les utilisateurs. Il s'agit là d'un exemple de "dark patterns", ces pratiques de conception manipulatoires utilisées par les entreprises pour guider les utilisateurs vers des actions servant leurs propres intérêts.
Une étude récente de la FTC montre qu'une majorité d'applications et de sites Web d'abonnement utilisent des dark patterns pour piéger les consommateurs.
Des dons qui n'en sont pas
Dave affichait des images d'un enfant entouré de nourriture avec des messages comme "10 repas sains", laissant croire que les pourboires servaient à nourrir des personnes dans le besoin. Mais selon la FTC, seulement 10 cents de chaque "pourboire" étaient réellement donnés. Dave empochait le reste.
Pire encore, si les utilisateurs essayaient de réduire le pourboire, ils voyaient la nourriture disparaître de l'image jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une assiette vide. Un procédé particulièrement pernicieux pour culpabiliser les utilisateurs.
Un abonnement difficile à résilier
Dave facture également des frais d'abonnement mensuel de 1$, prélevés directement sur les comptes bancaires des clients. Mais une fois ce prélèvement découvert, il est très difficile de le résilier. Certains utilisateurs ont même essayé de supprimer leur compte, en vain.
Des millions en jeu
Selon des documents boursiers, les "pourboires" ont rapporté plus de 149 millions de dollars à Dave de 2022 à mi-2024. Des sommes colossales acquises sur le dos des consommateurs.
La FTC estime que ces pratiques violent la section 5(a) du FTC Act et le Restore Online Shoppers' Confidence Act (ROSCA). Elle cherche à obtenir une injonction pour stopper ces agissements ainsi que d'éventuelles compensations financières.
Dave se défend
De son côté, Dave se dit "déçue" de la plainte de la FTC, réfutant de nombreuses allégations concernant la transparence de ses frais. La société affirme agir dans la légalité et avoir toujours obtenu le consentement des utilisateurs.
Nous pensons que cette affaire est un autre exemple d'excès réglementaire de la part de la FTC, et nous avons l'intention de nous défendre vigoureusement.
– Communiqué de Dave
L'importance de la transparence
Ce cas soulève des questions cruciales sur la transparence et l'éthique des néobanques et fintechs. Dans un secteur en plein essor, il est vital que les acteurs adoptent des pratiques responsables et centrées sur le client.
La technologie financière a le potentiel d'améliorer l'accès aux services bancaires pour de nombreuses personnes. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de la clarté et de l'intégrité. Les régulateurs comme la FTC ont un rôle essentiel à jouer pour protéger les consommateurs.
Cette affaire est un signal d'alarme pour l'industrie. Les néobanques doivent revoir leurs pratiques et placer la transparence au cœur de leur modèle. Seule une approche éthique et responsable permettra de gagner durablement la confiance des utilisateurs et de réaliser le plein potentiel de la fintech.