La Liquidation de la Papeterie Stenpa Entraîne 124 Suppressions d’Emplois
C'est un véritable séisme social et économique qui frappe actuellement le département de la Meuse. La papeterie Stenpa, implantée à Stenay et forte de plus d'un siècle d'histoire, vient d'être placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Bar-le-Duc. Une décision lourde de conséquences puisqu'elle entraîne la suppression pure et simple des 124 emplois du site.
Un an seulement après la reprise par un fond allemand
Pourtant, il y a un an, l'avenir semblait s'éclaircir pour Stenpa. Le fond d'investissement allemand Accursia Capital, spécialisé dans la reprise de PME industrielles en difficulté, avait racheté le site au groupe finlandais Ahlstrom. Une opération rendue possible grâce à la loi Florange de 2014 qui oblige les grands groupes souhaitant fermer un site industriel en France à rechercher un repreneur.
Mais malgré un chiffre d'affaires exceptionnel de 86 millions d'euros réalisé en 2022, la santé financière de la papeterie restait fragile, avec un niveau d'activité réel tournant plutôt autour des 40 millions d'euros annuels. Des surcapacités chroniques en Europe sur le marché de l'emballage papier, engendrant une concurrence féroce, avaient déjà été pointées du doigt par la direction d'Ahlstrom pour justifier son désengagement.
L'usine à l'arrêt depuis début octobre
Faute de trésorerie suffisante, la production avait dû être stoppée le 1er octobre dernier, plongeant l'ensemble du personnel dans l'incertitude la plus totale. Malgré le placement en redressement judiciaire prononcé durant l'été, aucun repreneur ne s'est manifesté, précipitant l'entreprise vers la liquidation.
La fermeture de la papeterie de Stenay n'est pas seulement la perte de 124 emplois, c'est un drame humain et une trahison envers ceux qui ont donné leur vie à cette entreprise.
Intersyndicale FO-CGT de Stenpa
D'autres mauvaises nouvelles pour l'emploi dans la Meuse
Ce nouveau coup dur vient s'ajouter à une série d'annonces préoccupantes pour le tissu économique local :
- La vente par le groupe Bonduelle de son activité de salade en sachet, qui fait peser un risque sur 160 emplois.
- La reprise en SCOP de Bergère de France, qui s'accompagnera malgré tout de 50 licenciements.
A l'heure où les pouvoirs publics ne cessent de mettre en avant la réindustrialisation du pays, force est de constater que la réalité du terrain est bien différente. Malgré quelques success stories ça et là, le défi de la sauvegarde de notre patrimoine industriel, en particulier dans des territoires déjà fragilisés, reste entier.
Un espoir de reprise des actifs subsiste
Si le placement en liquidation judiciaire signe en principe l'arrêt de mort d'une entreprise, un mince espoir subsiste malgré tout pour Stenpa. Les représentants du personnel, aujourd'hui totalement mobilisés, espèrent qu'un industriel sera intéressé par la reprise des actifs encore présents sur le site. Une perspective qui permettrait de sauvegarder au moins une partie de l'activité et des emplois.
Mais le temps presse car la valeur de ces équipements décroît de jour en jour. Les collectivités locales et les services de l'État, qui suivent le dossier de près, devront se montrer particulièrement réactifs et convaincants pour attirer un éventuel repreneur. La résilience des 124 salariés, le savoir-faire unique de Stenpa dans les papiers couchés et l'attachement de tout un territoire à ce fleuron industriel constituent des atouts de poids dans cette ultime bataille.